jeudi 27 août 2015

Les fourmis de la Cigale (4)

Quatrième partie : 2 août 2015

Revue de presse 
1994

Le Courrier des maires
LE PRIX D’UN CAFÉ-MUSIQUES !
Dans les quartiers déshérités, les petits lieux où l’on peut boire un verre, mais aussi pratiquer la musique et assister à des spectacles, sont peu nombreux. Si les cafés-musiques remplissent ce rôle, ils requièrent des moyens financiers et humains très importants.

Cent cafés-musiques en 1995 ! C’est l’objectif revendiqué en février par Jacques Toubon. Dans cette perspective, le ministre de la Culture annonçait alors publiquement quatre nouvelles mesures pour multiplier ces cafés où l’on peut également pratiquer la musique et assister à des spectacles, dans les quartiers déshérités.

Aujourd’hui, seuls 38 cafés-musiques sont ouverts sur les 48 labellisés depuis le lancement ministériel en 1991. Et pour cause : contrairement à ce qui était annoncé au départ, ces structures complexes nécessitent des moyens financiers et humains considérables.

Un océan dans lequel les 180 000 francs désormais accordés pour en trois ans par l’État représentent une goutte d’eau ! Bruno Colin, l’auteur du récent guide méthodologique paru sur les cafés-musiques le confirme : « Les recettes de concerts et de bar de ces petits lieux couvrent au mieux 50 % de leurs charges annuelles. Et pour répondre a minima à leur cahier des charges, leur budget de fonctionnement doit se situer autour du million de francs ! »

Car ne l’oublions pas : ces équipements de proximité sont également censés pallier les problèmes de désintégration sociale, dans les quartiers « difficiles ». Ils ne peuvent donc fonctionner sans une aide régulière de la collectivité concernée, et ce soutien s’impose d’ailleurs à tout niveau, à commencer par la recherche d’un lieu adapté.

Sauf exception, les personnes désireuses d’ouvrir un café-musiques ne possèdent pas le local nécessaire, et ne peuvent assurer la charge d’une location. La mise à disposition d’un de ses bâtiments par la commune s’avère donc presque toujours une condition sine qua non. Il faut alors aménager cet espace, ce qui requiert souvent des financements et des délais importants.

Une simple insonorisation peut atteindre jusqu’à un million de francs, et l’État exige toutes les garanties de viabilité technique, artistique et économique sur un projet avant de lui accorder sa subvention d’investissement (20 à 50 % du montant des travaux hors gros-œuvre).

Non seulement cette étape demande du temps, du fait des lenteurs administratives (un an en moyenne), mais elle suppose également la réunion de réelles compétences. Ici, comme ailleurs, diriger un café-musiques ne s’improvise pas plus qu’élaborer une programmation musicale équilibrée. Sans compter le véritable savoir-faire nécessaire pour négocier les contrats, respecter la réglementation  du spectacle, et gérer le public des quartiers chauds ou susceptibles de le devenir !

D’après Patrice Angosto, spécialiste du management culturel et d’actions de réinsertion, il ne faut surtout pas s’attendre à ce que des jeunes chômeurs en difficulté et sans expérience puissent se transformer dans ce cadre en chefs d’entreprise performants ! « J’œuvre depuis plusieurs années à en réinsérer par l’apprentissage à des métiers du spectacle et de la brasserie. Mais sauf exception, il faut continuer d’encadrer ces personnes dans l’exercice de leurs activités ultérieures. »

Gare, enfin, aux économies sur le décorum et au recours à des dirigeants trop marqués par des pratiques « dépassées ». Les cafés-musiques doivent rester ouverts sur l’extérieur. « Si on ne peut y consommer de l’alcool comme ailleurs, et s’ils n’ont pas un look attirant, les jeunes des quartiers risquent de s’en détourner, comme ils se sont détournés des autres lieux socio-culturels » poursuit Patrick Angosto.

Un tel échec serait regrettable. L’expérience montre en effet que lorsqu’on s’en donne les moyens financiers et humains, l’application du programme café-musiques permet vraiment de mieux vivre dans la ville, en rapprochant la culture du citoyen.

ÉPERNAY : UN MOYEN DE VALORISER L’IMAGE DE LA VILLE
Aujourd’hui, la Cigale Musclée est un des lieux « phare » d’Épernay. Ce café-musiques a beau être situé dans une cité HLM de 4000 habitants, ceux qui le fréquentent viennent pour la moitié du centre-ville et même des villes environnantes, afin d’assister à ses concerts de rock. L’explication d’un tel désenclavement ?

Toutes les structures en place sur le terrain (Club de Prévention, Maison pour Tous, Télé Centre Bernon : télévision câblée…) se sont mises en réseau avec ce café-musiques, pour proposer aux habitants du quartier différentes expériences artistiques, réalisées avec des professionnels.

Ces productions sont notamment présentées en centre-ville et dans les quartiers à l’occasion d’un grand festival biennal (Brasier), faisant la preuve que cette cité de HLM est redevenue un lieu de vie.
Françoise Nowak

Programmation
1995

BRASIER 95
Calendrier
Festival de la Ville
Du 20 au 28 mai
ÉPERNAY
Club de Prévention

MARDI 16 MAI
20 H 45 :
Film « L’émigré » de Youssef Shahine avec Michel Piccoli
Cinéma Le Palace

SAMEDI 20 MAI
21 h :
Bal d’ouverture « El Castiello »
Gymnase Henri Viet, Beausoleil
LUNDI 22 MAI
20 h 30 :
Théâtre « L’histoire du tigre » d’après Dario Fo
Une coproduction du Salmanazar-Centre Culturel d’Épernay
Palais des Fêtes

MARDI 23 MAI
21 h :
Concert « Alain Bashung »
Comep
MERCREDI 24 MAI
21 h :
Nuit Rock : Painting Over Picasso, Les Wampas, Les Sheriff
Organisée par la Cigale musclée
Comep

JEUDI 25 MAI
20 h 30 :
Théâtre
« Monologue quai de l’Ouest » d’après Jean-Marie Koltes
« Roméo & Juliette » d’après William Shakespeare (stagiaires St’Art)
Théâtre Gabrielle Dorziat

21 h : 
Concert « Turkish Blend »
Bernon Scène
23 h :
Flamenco « Trio Tinto »
Bernon Scène

VENDREDI 26 MAI
18 h :
Théâtre
« Roméo & Juliette » (stagiaires St’Art)
Théâtre Gabrielle Dorziat

20 h 30 :
Concert « Cie Lubat » avec Scatrap Jazzcogne
Bernon Scène

22 h 30 :
Concert « Massilia Sound System »
Bernon Scène

SAMEDI 27 MAI
Après-midi :
Autour de La Fontaine (spectacle de l’école des Crayères)
Centre-ville, Bernon

20 h :
Spectacle de rue de la Cie Générik Vapeur « Bivouak »
Beausoleil, centre-ville, Bernon

21 h :
Concert « Les Biens Cool »
Bernon Scène

22 h 30 :
Concert « Cheb Mami »
Bernon Scène

DIMANCHE 28 MAI
17 h :
Bal de clôture « Yvette Horner »
Comep

TOUT EST GRATUIT SAUF :
Alain Bashung : 120 F
Nuit Rock : 80 F
Yvette Horner : 80 F
Le film « L’émigré » : 20 F

Programmation
1996

LA CIGALE MUSCLÉE
4 allée Édouard Lalo
BP 301
51209 ÉPERNAY CEDEX
Tél : 26 59 20 20
Fax : 26 51 12 90
Avril-Mai-Juin-Juillet

12 AVRIL
SOIRÉE TEX MEX avec le duo TWICE (blues)
La Cigale Musclée

4 MAI
POILL’S BLUES BAND (groupe champardenais)
Sortie du CD « On vit une époque… »
La Cigale Musclée

10 MAI
UN DOLOR (combo hardcore mélodique poitevin) + DREADFULL (groupe régional)
Sortie du CD UN DOLOR : « Muddy Brains »
La Cigale Musclée

16 MAI
LES RAGGAMINS (ex BILLY ZE KICK), sortie de l’album « Rock’n’roll attitude »
La Cigale Musclée

8 JUIN
RAMSES III (de 23 h à l’aube)
Soirée organisée par ateliers DJ’S de la Cigale Musclée
Friche industrielle des anciens ateliers de la SNCF

1ER JUIN
GNAWA DIFFUSION (Grenoble)
La Cigale Musclée

21 JUIN
FÊTE DE LA MUSIQUE
DOUBLE DEUCE (blues Épernay), IMPULSE (jazz Épernay), PREMIER CONTAKT (rap Épernay), HANTEE DOT (rap Épernay), LES IDÉES (rock Montpellier), LIARS, GODS & BEGGARS (rock Prescott, USA), SOUND SYSTEM (pour finir la nuit)
En co-production avec la Marmite Swing
Friche industrielle des anciens ateliers de la SNCF

5 JUILLET
ULTRA ORANGE (rock techno breton et parisien)
Friche industrielle des anciens ateliers de la SNCF

EN PRÉVISION :
EXPRESSION DIREKTE

La Cigale Musclée (1989/1996) : il est temps d’en parler sérieusement.

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