samedi 25 juin 2016

The Deep End

Souvenirs musicaux

Madrugada est entré dans ma vie avec l'album "Industrial Silence", déniché dans la discothèque de mes amis bretons, Christelle et Olivier. Puis à la médiathèque, un peu plus tard, je suis tombée sur "Grit". Ainsi, ce groupe nordique et ombrageux n'était pas l'auteur d'un seul et unique album ! J'aimais cette musique sombre, dense, capiteuse, qui m'évoquait des groupes américains tels que Morphine, 16 Horsepower, Certain General...

Quand j’ai su qu’ils passaient à Paris, j'ai pris ma place sans hésiter. J'ai acheté "The Deep End" tout juste sorti, pour m'imprégner de tous ces nouveaux titres qu'ils ne manqueraient pas de jouer. D'entrée de jeu, j'ai trouvé le son très différent, plus clair, presque trop propre. Un album sophistiqué laissant planer, parfois, l'ombre embarrassante de REM. Mais je verrais bientôt ce qu’ils donnaient en concert

Le 16 mai 2005, ce lundi de pentecôte si controversé (solidarité vieillesse), je suis chez moi, j'ai décidé de ne pas travailler. Je m’octroie un jour supplémentaire de congé, tant pis si je ne suis pas payée. Je réécoute mes trois albums de Madrugada dans l'ordre chronologique, puis je file vers Paris. Je pars très en avance, je ne sais pas ce qu’il en est des conditions de circulation, j’ai le temps, j’en profite !

Une heure de voiture, je me gare non loin de la place de la Bastille. Petite visite à la Fnac, sandwich italien rue de la Roquette... Il pleut légèrement, je mets mon chapeau imperméable. Je me dirige rue de Lappe, à droite, puis passage Louis-Philippe, à gauche.

À peine vingt heures, j'entre au Café de la Danse où Chris T-T Stuff, jeune folk singer chevelu et barbu, ouvre la soirée, pour un petit quart d'heure. Les gradins se remplissent, la fosse accueille les gens qui veulent rester debout. C'est quand même un concert de rock ! "Madrugada : rock ténébreux." Ces mots sur le programme sont bien choisis, je trouve.

Un air entêtant de musique espagnole envahit la salle, les musiciens entrent sur scène. Le chanteur, gilet noir sur chemise blanche, le crâne chauve, les mouvements amples, saccadés, est acclamé. "Stories From The Streets", aux éclatants accents hispaniques, ouvre le show, les lumières claquent sous les effets stroboscopiques. Je pense à Nick Cave et à And Also The Trees, l'idée ne m'avait pas effleurée auparavant, très bizarrement. Le son est net, parfait, puissant.

La plupart des morceaux sont issus de "The Deep End", joués dans un ordre différent. Je reconnais "Majesty", une magnifique balade sur "Grit". Mon buste chaloupe, je bats la cadence, certains titres sonnent très blues. Autour de moi, sur les gradins, des gens remuent la tête, certains ont les yeux fermés.

Chaque titre est harmonieusement orchestré, les musiciens fougueux, très inspirés. En fond de scène, sur ce mur à la hauteur impressionnante, tombe une immense  tenture aux reflets moirés, aux teintes changeantes, tantôt violine, parme, pourpre…

L'heure est bien courte, les cinq norvégiens quittent la scène après avoir remercié un public littéralement envoûté. Ils reviendront sous les applaudissements nourris et les cris enthousiastes pour trois nouveaux titres, dont "The Kids Are On High Street", en première position sur "The Deep End".

Deuxième rappel, coup de grâce ultime, un dernier pour la route… Les lumières se rallument, c’était sublime. Je redescends doucement sur Terre, je reste un peu dans la salle, il n’est pas tard, je n’ai aucune raison de me presser.

J'inscris mes coordonnées sur l'email list et j'achète "The Nightly Disease", pièce manquante à ma collection. Je me dirige lentement vers la sortie, dehors il fait doux, il ne pleut plus, les rues sont animées comme tous les soirs dans ce quartier. Je marche d'un pas léger jusqu’à ma Twingo jaune/vert, j’insère mon tout nouveau CD dans le chargeur avant de démarrer.

Bientôt vingt-trois heures : les petits sons de cloche et les notes blues de "Black Mambo" envahissent l’habitacle. J’ai entendu ce titre, ce soir, c’est sûr. Me voilà replongée en plein coeur du concert, je conduis dans les rues dégagées, toute à l’écoute, plus concentrée sur la musique que sur l’itinéraire à prendre.

J'entre sur l'autoroute, je souris, mes doigts tapotent en rythme sur le volant… Tout ça vaut le coup d’être vécu ! C’était vraiment une bonne soirée, Madrugada n'a pas fini de me charmer.

À lire sur ce blog :
(Trois concerts de Jad Wio, Minimal Compact 1988, Jamais dans le cadre, De JS Bach à Joy Division, Charlélie Couture, Supertramp, Food for Thought, Clan of Xymox, Bossanova, Turn on the Bright Lights, Yeah, Nevermind…)

À lire aussi sur Hautetfort :
(Le secret de Patrice, Impasse du Levant, Laure aimait la vie)

(La veillée, Révélation, La maison)

(Enola Gay, Blood Sugar Sex Magik, Faith, Is this Love, Rodolphe Burger à l’île de Batz, Angie, The Needle and the Damage Done, Pyromane, London Calling, Perfect Kiss, Exposition, Christian Death le 1er novembre 1988)

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