Souvenirs musicaux
Madrugada est entré dans ma vie
avec l'album "Industrial Silence", déniché dans la discothèque de mes
amis bretons, Christelle et Olivier. Puis à la médiathèque, un peu plus tard,
je suis tombée sur "Grit". Ainsi, ce groupe nordique et ombrageux
n'était pas l'auteur d'un seul et unique album ! J'aimais cette musique sombre,
dense, capiteuse, qui m'évoquait des groupes américains tels que Morphine, 16
Horsepower, Certain General...
Quand j’ai su qu’ils passaient à
Paris, j'ai pris ma place sans hésiter. J'ai acheté "The Deep End"
tout juste sorti, pour m'imprégner de tous ces nouveaux titres qu'ils ne
manqueraient pas de jouer. D'entrée de jeu, j'ai trouvé le son très différent,
plus clair, presque trop propre. Un album sophistiqué laissant planer, parfois,
l'ombre embarrassante de REM. Mais je verrais bientôt ce qu’ils donnaient en
concert
Le 16 mai 2005, ce lundi de
pentecôte si controversé (solidarité vieillesse), je suis chez moi, j'ai décidé
de ne pas travailler. Je m’octroie un jour supplémentaire de congé, tant pis si
je ne suis pas payée. Je réécoute mes trois albums de Madrugada dans l'ordre
chronologique, puis je file vers Paris. Je pars très en avance, je ne sais pas
ce qu’il en est des conditions de circulation, j’ai le temps, j’en profite !
Une heure de voiture, je me gare
non loin de la place de la Bastille. Petite visite à la Fnac, sandwich italien
rue de la Roquette... Il pleut légèrement, je mets mon chapeau imperméable. Je
me dirige rue de Lappe, à droite, puis passage Louis-Philippe, à gauche.
À peine vingt heures, j'entre au
Café de la Danse où Chris T-T Stuff, jeune folk singer chevelu et barbu, ouvre
la soirée, pour un petit quart d'heure. Les gradins se remplissent, la fosse
accueille les gens qui veulent rester debout. C'est quand même un concert de
rock ! "Madrugada : rock ténébreux." Ces mots sur le programme sont
bien choisis, je trouve.
Un air entêtant de musique
espagnole envahit la salle, les musiciens entrent sur scène. Le chanteur, gilet
noir sur chemise blanche, le crâne chauve, les mouvements amples, saccadés, est
acclamé. "Stories From The Streets", aux éclatants accents
hispaniques, ouvre le show, les lumières claquent sous les effets
stroboscopiques. Je pense à Nick Cave et à And Also The Trees, l'idée ne
m'avait pas effleurée auparavant, très bizarrement. Le son est net, parfait,
puissant.
La plupart des morceaux sont
issus de "The Deep End", joués dans un ordre différent. Je reconnais
"Majesty", une magnifique balade sur "Grit". Mon buste
chaloupe, je bats la cadence, certains titres sonnent très blues. Autour de
moi, sur les gradins, des gens remuent la tête, certains ont les yeux fermés.
Chaque titre est harmonieusement
orchestré, les musiciens fougueux, très inspirés. En fond de scène, sur ce mur
à la hauteur impressionnante, tombe une immense
tenture aux reflets moirés, aux teintes changeantes, tantôt violine,
parme, pourpre…
L'heure est bien courte, les cinq
norvégiens quittent la scène après avoir remercié un public littéralement
envoûté. Ils reviendront sous les applaudissements nourris et les cris
enthousiastes pour trois nouveaux titres, dont "The Kids Are On High
Street", en première position sur "The Deep End".
Deuxième rappel, coup de grâce
ultime, un dernier pour la route… Les lumières se rallument, c’était sublime.
Je redescends doucement sur Terre, je reste un peu dans la salle, il n’est pas
tard, je n’ai aucune raison de me presser.
J'inscris mes coordonnées sur
l'email list et j'achète "The Nightly Disease", pièce manquante à ma
collection. Je me dirige lentement vers la sortie, dehors il fait doux, il ne
pleut plus, les rues sont animées comme tous les soirs dans ce quartier. Je
marche d'un pas léger jusqu’à ma Twingo jaune/vert, j’insère mon tout nouveau
CD dans le chargeur avant de démarrer.
Bientôt vingt-trois heures : les
petits sons de cloche et les notes blues de "Black Mambo" envahissent
l’habitacle. J’ai entendu ce titre, ce soir, c’est sûr. Me voilà replongée en
plein coeur du concert, je conduis dans les rues dégagées, toute à l’écoute,
plus concentrée sur la musique que sur l’itinéraire à prendre.
J'entre sur l'autoroute, je
souris, mes doigts tapotent en rythme sur le volant… Tout ça vaut le coup
d’être vécu ! C’était vraiment une bonne soirée, Madrugada n'a pas fini de
me charmer.
À lire sur ce blog :
(Trois concerts de Jad Wio, Minimal Compact 1988, Jamais dans le cadre, De JS Bach à Joy Division, Charlélie Couture, Supertramp, Food for Thought, Clan of Xymox, Bossanova, Turn on the Bright Lights, Yeah, Nevermind…)
À lire aussi sur Hautetfort :
(Le secret de Patrice, Impasse du Levant, Laure aimait la vie)
(La veillée, Révélation, La maison)
(Enola Gay, Blood Sugar Sex Magik, Faith, Is this Love, Rodolphe Burger à l’île de Batz, Angie, The Needle and the Damage Done, Pyromane, London Calling, Perfect Kiss, Exposition, Christian Death le 1er novembre 1988)
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