samedi 31 octobre 2015

Huit jours à Berlin


Séjour en Allemagne, 18 au 25 octobre 2015

Huit jours à Berlin, enfin pas exactement. Le dimanche, nous sommes arrivés tard le soir à l’aéroport de Tegel, mais nous avons eu une première approche de la capitale allemande en prenant le bus puis le métro pour nous rendre jusqu’à la station Rehberge. Nous avons été accueillis par notre hôte Andreas, dans son grand appartement de la Dublinerstrasse, après avoir monté les quatre étages avec nos valises.

Lundi, mardi et mercredi, nous nous sommes familiarisés avec les lignes de métro (U Bahn, S Bahn) et de tram, nous avons amorcé notre parcours touristique, d’un lieu à l’autre, d’un quartier à l’autre, établissant des connexions en consultant les plans de nos différents guides. Ensuite, direction Leipzig, par le train (à une heure de Berlin), où nous avons passé la soirée du mercredi, le jeudi tout entier et le vendredi matin.

De retour à la Hauptbhanhof (gare ferroviaire centrale berlinoise), nouvelles explorations des quartiers de la ville, nouvelles visites de monuments et de musées, nouvelles haltes dans des cafés agréables, calmes et confortables, où se reposer, où boire (thé, chocolat, café, jus de pomme à l’eau pétillante nommé apfelschorle) et où manger, du salé (pâtes, bagels, sandwichs saucisse…) du sucré (gaufres, cheesecakes, apfelstrudel...), où mettre en commun nos impressions sur ce que nous venions de voir.

Et nous en avons vu, des choses ! Tout, ou presque, à Berlin, provoque de l’émerveillement, de l’étonnement, des émotions, aussi. Tout est si grand, chargé d’histoire !

À chaque jour de nouveaux chocs esthétiques, de nouvelles prises de conscience, des interrogations, des échanges entre nous sur tous ces lieux de visite : la Porte de Brandebourg (Brandenburger Tor), le Reichstag, le Mémorial de l’Holocauste sur la Wilhemstrasse, la Potsdamerplatz et ses trois tours modernes gigantesques, le Sony Center, le Kulturforum avec, entre autres, la Philharmonie, la Galerie de Peintures (Gemäldegalerie) et sa fantastique collection (nous y avons passé quatre heures), l’Église du Souvenir, la Cathédrale et son dôme néobaroque, le Pergamon Museum sis dans l’île aux Musées (Museumsinsel), le Musée de l’Histoire allemande et sa spirale en verre, l’East Side Gallery et ses vestiges du Mur sur 1300 mètres peints par des artistes dès 1989, l’Alexanderplatz et le grand magasin où nous avons fait quelques achats, le Nikolaiviertel, quartier historique reconstruit par la RDA après la guerre, l’Hôtel de Ville Rouge (Rotes Rathaus), l’Église Saint-Nicolas (Nikolaikirche), la Tour de la Télévision (Fernshturm) où nous avons fini par monter pour une vue panoramique nocturne à plus de 203 mètres de haut, la gare de Hambourg (Hamburger Bahnhof) et ses installations saisissantes d’art contemporain, la Nouvelle Synagogue dans le Scheunenviertel ainsi que des ensembles remarquables d’immeubles avec rues et cours intérieures (Sophie Gips Höfe, Hackesche Höfe…), l’incontournable (si l’on peut dire) Check Point Charlie, les façades néo-Renaissance colorées du Kreuzberg, d’autres vestiges du Mur conservés en l’état (béton gris), une autre portion de la Wilhemstrasse où les Nazis avaient fait leur quartier général, la Topographie des Terrors, le Martin-Gropius-Bau (musée aux airs de riche palais italien de la Renaissance)…

Nous avions projeté de partir ensemble, avec Frédérique, et les choses se sont rapidement concrétisées avec la possibilité d’un échange d’appartement avec des Berlinois, la première semaine des vacances de la Toussaint (18 au 25 octobre 2015). Frédérique voyage essentiellement de cette façon, elle échange son appartement parisien avec des personnes de différents pays. Comme ça elle est allée, récemment, à Pékin, à Shanghai, à Amsterdam, en Suède…

L’échange avec Andreas et sa famille sera différé, ça se fait quelquefois, quand les dates ne peuvent coïncider. Andreas travaille cette semaine, par contre sa femme Bettina et ses deux filles sont parties en vacances, nous dormirons dans la grande chambre d’Ariane et de Valerie, il y a assez de place pour trois.

En effet, Clément, 19 ans, le fils de Frédérique, nous accompagne dans notre voyage. Nous avons les clés de l’appartement, nous nous déplaçons à notre guise, nous essayons de ne pas trop gêner Andreas dans sa vie quotidienne, surtout le matin, pour la salle de bains, où se trouvent aussi les WC.

En rentrant de Leipzig, vendredi en début d’après-midi, nous rencontrons Bettina, de retour de chez ses parents en compagnie de ses filles, avec laquelle nous discutons (en français, elle a été étudiante et jeune fille au pair à Paris durant plusieurs années) autour d’un thé ou d’un café. Nous aurons l’appartement entièrement pour nous le samedi et le dimanche, la petite famille part en week-end, ce qui tombe bien car Tiphaine, 22 ans, la fille de Frédérique, est revenue avec nous de Leipzig.

Alors, Leipzig ? Tiphaine y poursuit son double master à l’Université, elle a emménagé il y a trois semaines, elle vit en colocation avec trois autres personnes au dernier étage d’un bel immeuble des années 1930 dans la Holbeinstrasse, avec escaliers et rampes en bois, grandes fenêtres en verre décoré, portes d’appartement ouvragées…, dans le même style que celui que nous avons quitté à Berlin.

Après une bonne nuit réparatrice dans la nuit de mercredi à jeudi et un copieux petit-déjeuner aux allures de brunch dans la cuisine collective, Tiphaine joue le rôle de guide pour la visite du centre ville de Leipzig, après un agréable trajet en bus et en tramway.

Nous admirons les intérieurs somptueusement décorés de Thomaskirche (néo-gothique) où Jean-Sébastien Bach jouait et composait, et de Nikolaikirche (néobaroque) aux tendres couleurs pastel. Nous nous promenons dans différents passages couverts très élégants, aux grandes verrières, nous voyons l’Université où Tiphaine suit ses cours, tout en verre bleuté, mêlant l’ancien et le moderne.

Nous sommes impressionnés par l’imposant Monument de la Bataille des Nations (Völkerschlacht Denkmal) achevé en 1903, mémorial de la sanglante et meurtrière bataille de Leipzig (1803) où l’armée de Napoléon a perdu… Le soir, dîner traditionnel copieux dans l’immense cave peinte et voûtée du Auerbachs Keller, où plane toujours l’ombre de Faust.

Si je n’ai vu qu’un seul chat (noir) allemand au cours de mon séjour, j’ai déniché dans de nombreux endroits des représentations félines que je me suis fait un plaisir de photographier.

D’autres animaux sont très présents à Berlin : l’ours et l’aigle comme emblèmes, les corneilles facétieuses grises et noires bien vivantes… Des chiens, aussi, et des chevaux.

Le petit bonhomme rouge ou vert (et même orange !) qui s’allume aux passages piéton (en ex-Allemagne de l’Est mais pas seulement) a attiré mon attention, il est bien plus drôle que le bonhomme classique. L’Ampelmann (c’est son nom) est devenu une véritable institution, et un produit marketing décliné à vraiment toutes les sauces dans les boutiques qui lui sont dédiées. C’est ingénieux, ceci dit.

Nous avons à plusieurs occasions longé la Spree, de jour, de nuit, par temps gris, pluvieux ou ensoleillé, y avons vu passer des bateaux. Nous avons souvent regardé le plan de Berlin pour savoir si nous étions dans l’ex-partie Ouest ou dans l’ex-Allemagne de l’Est, pour prendre des repères, pour savoir où se trouvait exactement le Mur, construit en 1961, détruit en 1989…

La semaine fut bien remplie, pleine de franche camaraderie, pittoresque, tonique, culturelle, gastronomique, riche en humour, en curiosité et en bonne humeur… Voyager à plusieurs, ce peut être vraiment sympa.

Merci, Frédérique, Clément, Tiphaine !

Merci aussi, Andreas, Bettina, Ariane, Valerie ! Au plaisir de vous revoir à Paris ! Tschüss !

À mon retour, je réécoute Nina Hagen et la BOF des « Ailes du Désir ». « Demain Berlin » de Guerre Froide, aussi, tiens : un très bon son avec une image fixe pour ce lien-ci, une version K7 d’époque avec un diaporama évocateur pour celui-là.

Je vais sûrement lire « Ombres berlinoises – Voyage dans une autre Allemagne » d’Emmanuel Terray, dont Frédérique a fait son livre de chevet tout au long du séjour. Il y a aussi « Seul dans Berlin » de Hans Fallada, « Le tambour » de Günter Grass, les premiers films de Wim Wenders, ceux de Murnau, Fritz Lang, Robert Wiene, Fassbinder…

Pour moi, Berlin, ce serait un assemblage hétéroclite d’architecture ancienne et moderne, de styles « néo » les plus divers, de constructions d’après-guerre, de bâtiments contemporains avec toutes ces façades vitrées et ces tours de verre, ces dômes et ces spirales.

Des grues dressées partout, des travaux colossaux, des terrains vagues encore, de vastes chantiers, des immeubles à l’abandon, des ruines ici et là… Et l’Histoire de la ville, présente à tout moment, par les vestiges du Mur, déjà, mais aussi dans chacune de ses rues : des rappels incessants à la Mémoire, à tous ces faits extrêmes, ne jamais oublier.


Au cours de son séjour de trois semaines en Chine avec sa mère et son frère en juillet 2014, Tiphaine a tenu un blog tous les jours et posté une quantité incroyable de photos. Un témoignage précieux et captivant à découvrir ici :

15 juin 2016

De fil en aiguille, plongée actuellement dans "Ombres berlinoises" d'Emmanuel Terray (Frédérique le lisait lors de notre séjour en Allemagne et elle me l'a prêté par la suite), je fais des recherches sur le Web pour visualiser les endroits dont parle l'auteur, comme il les a vus lors de son séjour à Berlin après la chute du Mur, au début des années 90.

De fil en aiguille, recherchant des photos du Palais de la République tel qu'il était au temps de la RDA (puisqu'il a été détruit ensuite), puis des images du Château des Kaisers (détruit en 1950 pour y construire le Palais de la République), je tombe sur celles du nouveau Château, celui du 21e siècle encore en travaux, phénix renaissant de ses cendres à l'endroit même où il avait été érigé. 

Je l'avais vu de loin, en traversant l'île aux Musées avec Frédérique, mais je n'avais pas fait le rapprochement avec cette polémique (on aurait dû conserver le Palais de la République et le classer monument historique), ce qu'Emmanuel Terray nomme, dans son ouvrage : "Le duel du Château et du Palais". Étonnant, non ?

De fil en aiguille, je tombe sur ce récit de voyage d'une famille française à Berlin, en 1979, accompagné de photos prises à l'Ouest mais aussi à l'Est.

À voir expressément :
http://il-me-souvient.over-blog.com/article-24831732.html

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