samedi 24 janvier 2015

Éléonore


Trilogie champenoise : 2/3

Le 11 mars 2009

Bonjour Éléonore,

Ton message via "Copains d'avant" m'est bien parvenu, j'ai juste un peu tardé pour la réponse. Nous ne sommes plus à un mois près, au regard de toutes ces années qui se sont écoulées avant que nous nous "retrouvions" ! Je voulais avoir du temps devant moi pour te répondre, être totalement disponible pour t'écrire : c'est le cas maintenant.

Je vois que tu t'es bien investie sur ta fiche de "Copains d'avant". J'ai été très émue de voir les photos de tes trois enfants, ces portraits de toi (tu as très peu changé), de tes chats, ces vues de ton séjour en Provence, en février… Tu lis, tu vas au cinéma, au théâtre, tu écoutes de la musique, tu as de l'humour, un esprit philosophe, une âme psychologue, des élans poétiques… Je te reconnais bien là !

J'avais su, pour ta rupture avec Cédric, et ta liaison… J'étais venue à Epernay, je passais une soirée chez Patricia (elle est restée mon amie depuis le lycée) et son ami Loïc, elle avait invité Vanessa, qui m'a parlé de toi… J'avais eu aussi de tes nouvelles, avant, par mon père, quand il était encore instituteur aux Vignes Blanches, mais ça commence à dater !

J'ai donc revu Vanessa, mais pas Natacha ; une fois j'ai rencontré Damien par hasard (enfin, si l'on peut dire, c'était à Montmort !), il déjeunait dans le restaurant où nous faisions une réunion de famille pour les fêtes de Noël. C'est lui qui m'a reconnue, ça m'a fait un choc ! Nous avons échangé quelques mots, résumé notre vie…

Je suis contente que tu sois amie avec Frances. Évidemment, quand on habite la même ville, ce n'est pas difficile de se rencontrer, mais vous devez avoir pas mal de points communs, en plus de vos enfants ! J'ai été un temps en contact avec Juan, j'écris des articles pour une revue musicale et je voulais faire une chronique de son dernier album. Nous avons eu des échanges par mail à cette occasion.

En juin de l'an dernier, je comptais venir à son concert, organisé dans la cour de l'école de la Crayère à Epernay (comme tu le sais j’ai vécu là longtemps) mais je n'ai pas eu assez d'énergie pour y aller, faire de la voiture… C'était la fin de l'année scolaire, j'étais sur les rotules, je fais déjà de la route toute la semaine pour aller travailler… Il y aura peut-être une prochaine fois !

Je ne trouve pas la fiche "Copains d'avant" de Verucca, elle s'est peut-être enregistrée sous son nom marital, je ne me souviens que de son nom de jeune fille. As-tu des nouvelles de Sabrina, de la fac (je ne parviens pas non plus à me souvenir de son nom de famille) ? J'ai trouvé Dam dans tes "amis", je me souviens que vous étiez proches… Qui d'autre encore ? Ah oui, ta cousine Céline, et puis tes sœurs et ton frère, tes parents… Tu me donneras des nouvelles ?

Dans les personnes que nous avions en commun, je suis restée liée avec Béatrice, une amie du collège partie vivre à Annecy, l'année de la 3e. J'ai des photos d'elle, avec toi, avec moi, prises dans ton appart d'Epernay. Elle était venue me voir, nous nous étions vues chez toi, nous avions pris ces photos, à tes fenêtres, la lumière était belle… Je lui ai souvent rendu visite, j'ai vu grandir ses deux enfants, un garçon et une fille, maintenant dix-huit et quatorze ans !

J'ai longtemps été en contact avec Corinne, elle m'a invitée à son mariage en 1998 (messe à l'église Saint-Pierre-Saint-Paul, vin d'honneur et repas de noces à Champillon), elle s'est installée à Strasbourg avec son mari, puis nous nous sommes perdues de vue…

Je pense aussi à Élodie, qui nous rendait visite de temps en temps, quand nous habitions ensemble cette petite maison, à Reims. Je la connaissais depuis l'école primaire. Nous ne sommes plus en contact depuis longtemps, peut-être sais-tu ce qu'elle est devenue ? Et Andrew, qui après deux années de fiasco (et de fiesta) en fac de droit, a trouvé sa voie dans les études de psychologie… Est-il toujours sur Reims ?

Au fil des ans, je suis restée amie avec Iso, tant bien que mal. Pour elle, il y a eu des hauts et des bas avec les drogues dures, mais elle a fini par décrocher complètement. Depuis, elle s'investit dans l'association qui l'a aidée à s'en sortir et continue, par ailleurs, une analyse. Elle vit avec Matt depuis longtemps ; quand ils se sont mariés en 2004, leur fille unique Louise (onze ans maintenant) était déjà grande !

Quant à mon "petit" frère, il s'est installé dans les Yvelines, près de Versailles, avec sa femme et leurs deux enfants. Ils se sont mariés en juillet 1999 à la mairie d'Epernay, cela étant suivi d’un vin d’honneur puis d’un excellent repas, dans ce très beau château qui fait hôtel et restaurant, en allant vers Sézanne, j’ai oublié le nom. Il avait fait merveilleusement beau ce jour-là…

Tu as dû savoir, pour ma cousine Lina. Tu la connaissais, mon père t'en a sans doute parlé ? À l'époque, ça nous a tous bien retourné. Elle se remettait à peine d'un mariage désastreux, elle recommençait à vivre, c'était ses premières "vraies" vacances depuis longtemps… Elle n'a pas eu de chance, vraiment. C'est arrivé peu de temps après le mariage de mon frère, cela fera dix ans en août, cette année.

Sammy travaille dans un centre culturel en tant qu'ingénieur du son, Sylvie est professeur des écoles. Je prends souvent ma nièce (neuf ans) en vacances, elle aime venir chez moi pour être avec les chats (j'en ai trois en ce moment), mais je l'ai aussi emmenée en Bretagne et récemment skier dans le Jura. Son petit frère est plus remuant, je le laisse aux grands parents !

Quant à moi, après un DESS pas du tout motivant, l'essai d'un DEA, une expérience peu concluante en entreprise (formation pour adultes), j'ai quitté Paris à l'automne 1989 pour revenir vivre à Epernay. Nous ne nous voyions déjà plus beaucoup, je crois. Tu vivais en couple, tu finissais tes études, tu aimais chiner, faire des brocantes avec Cédric… La dernière photo que j'ai prise de toi date de juillet 1990, je t'avais fait poser avec ta fille, tout bébé, dans les bras.

J'ai connu une période de chômage autour de mes trente ans, ça n'a pas été drôle. À ce moment-là, j'habitais la ZUP et je me suis beaucoup investie dans la salle de concerts du quartier. En 1994, j'ai déménagé en Seine-et-Marne pour un emploi d'animatrice auprès de jeunes désoeuvrés, dans un gros village au nord de Meaux. C'était mieux que rien, mais parfois assez dur.

Je suis rentrée dans l'Éducation Nationale en novembre 1996. Devant la crainte du chômage (j'avais un contrat de deux ans qui ne serait pas renouvelé), j'ai passé le concours de professeur des écoles et j'ai été admise sur liste complémentaire dans le département de la Seine-Saint-Denis. Pas de chance pour moi, j'aurais préféré la Seine-et-Marne ! Parce qu'une fois qu'on est dans le "93", c'est pratiquement impossible d'en sortir, surtout si on ne correspond pas aux "critères". Je n'ai pas voulu déménager, je vis toujours à Meaux (enfin juste à côté, à la campagne). C'est mieux qu'en proche banlieue, même si je dois faire de la route.

Côté cœur, je n'ai rencontré que tardivement (il y aura trois ans en avril) un homme qui me convient. J'ai vécu de longues périodes de célibat, entrecoupées de quelques historiettes, jamais plus d'un an. Il y a bien eu ce directeur d'école, avec lequel j'ai eu une relation durant quelques mois, mais si c'était ça l'amour, les relations de couple (souvent orageuses), je préférais m'abstenir ! Le temps d'un été, je suis sortie avec un homme de dix ans mon cadet, mais je me suis vite ennuyée, nous n'avions pas assez de points communs.

Mon ami et moi, nous ne vivons pas ensemble, nous nous voyons généralement le week-end, chez lui ou chez moi, nous partons en vacances… Nous nous entendons bien, nous avons beaucoup à partager, les choses sont assez simples, ça me convient ainsi.

J'espère que tu trouveras un nouveau compagnon de route, ça viendra quand ce sera le moment !

Écris-tu toujours des poèmes ? Moi, je n'ai jamais cessé d'écrire, des chansons, des poèmes, un journal intime… À l'approche de la quarantaine, je me suis inscrite à un atelier d'écriture et j'ai commencé à écrire de la prose, à raconter des histoires, des souvenirs… En 2004, j'avais fait l'ébauche d'un texte évoquant ma vie étudiante à Reims, plus particulièrement l'année où nous avions habité ensemble, toi, Natacha et moi. Après nos premiers échanges de courrier électronique, j'ai eu envie de relire ce texte, de l'améliorer, de le terminer. Si tu veux, je te l'enverrai.

Je n'ai pas de maison d'édition, j'imprime selon mes propres moyens des recueils de poèmes ou de nouvelles, je les donne à lire à mes amis, à ma famille… J'ai participé à des concours littéraires, gagné quelques prix.

Il y a trois ans, j'ai ouvert un blog. J'y poste quantité de choses, comptes rendus de concerts, photos, poèmes, nouvelles, souvenirs, témoignages, billets d'humeur, impressions de lecture, chroniques de disques… C'est un moyen d'expression simple à utiliser, qui laisse libre cours à la créativité.

Mon premier appareil numérique, je l’ai acheté en 2005. Avant, je scannais mes vieilles photos papier, je faisais numériser sur CD mes clichés argentiques au moment du développement… J'aime utiliser les retouches photo sur l'ordinateur. Je joue sur les contrastes, je modifie les couleurs, j'augmente la saturation… Ça m'amuse beaucoup !

Voilà, Éléonore, assez parlé de moi. Il me fallait t'écrire cette longue lettre, je l'ai voulue ainsi, mûrie, réfléchie, "travaillée". J'espère que tu auras du plaisir à la lire, que tu m'écriras en retour !

À très bientôt,

Elizabeth

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