dimanche 4 janvier 2015

Après Noël


Trilogie hivernale : 1/3

Mille mercis pour tes cadeaux de Noël, et pour ton petit mot. Tu ne m'as pas épargnée, cette année, tu as fait preuve d'une grande inventivité… Je t'en suis très reconnaissante.

Déjà pour mon anniversaire, tu tenais particulièrement à m'offrir ce "cardio fréquence mètre", un appareil permettant de savoir, quand on court, à combien de pulsations le cœur bat. Je t'ai dit que je n'en avais pas vraiment besoin, que je courais comme ça, pour le plaisir, sans forcer. Tu as insisté, tu m'as quand même fait ce cadeau… Total je ne m'en sers pas, ça ne m'intéresse pas, je ne sais pas quoi en faire.

Ce qui m'a vraiment fait plaisir, c'est ta composition florale, dans un joli pot, avec la jacinthe bleue prête à fleurir, la bougie dorée, la guirlande argentée. C'est simple, c'est agréable à regarder, ça parfume agréablement l'intérieur tout au long de la floraison… Une riche idée, en cette saison !

Le sous-pull et le gilet en rose et mauve pastel, passe encore, c'est joli, je les porterai. Ce n'est pas vraiment ce que je préfère, tu me choisis toujours des tons un peu trop layette, moi j'aime les couleurs foncées, ou plus vives. Pour une fois tu ne m'as pas trompée sur la marchandise, ce sont des vêtements de marque (le gilet est un Rodier) et de qualité.

Les papillotes surprises au praliné, c’est limite, je ne me suis pas encore précipitée sur le sachet pour l'ouvrir. J'ai quelques autres douceurs, des chocolats plus fins, moins "bon marché", à déguster d'abord.

Effectivement, tu m'avais prévenue, tu ne m'offrais que de "petites choses". Les cadeaux cités précédemment suffisaient amplement. Les autres ne m'ont vraiment pas fait plaisir, mais alors pas du tout. Ce n’était pas la peine de te donner autant de mal !

Le survêtement vert clair et bleu marine, en coton, complètement ringard, qui t'a appartenu (ça se voit bien qu'il n'est pas neuf) et que tu as cru bon me refiler, ça m'a franchement vexée. Surtout que la dernière fois où nous nous étions vues, tu m'avais dit que tu allais faire du tri dans tes affaires, donner ce que tu ne portais plus au Secours Catholique. "Que ça serve à des gens dans le besoin", avais-tu ajouté. Ton survêtement était trop bien pour les pauvres ? Les pauvres ne font pas de sport ? Alors tu as pensé à moi ? Le message est passé, merci bien.

La paire de bas que l'on doit accrocher avec des porte-jarretelles, c'est vraiment maladroit. Tu dois te douter que je n'en mets pas, mais quand bien même, ce n'est pas à toi de me les offrir. L'emballage était un peu déchiré, comme s'il avait déjà été ouvert puis refermé, le plus discrètement possible. Je te soupçonne fort d'avoir acheté ces bas pour toi, par erreur. Tu voulais des autofixants (c'est quand même bien pratique à porter, plutôt sexy…) et tu t'es trompée, tu n'as pas cru bon aller les échanger… Alors c'était me les donner, ou les jeter ?

Même pour les chats, c'est méprisant. Tu me refourgues deux boîtes de croquettes qui ont visiblement été ouvertes (puis scotchées avec soin), certainement parce que le vôtre n'en voulait pas. Et pour cause ! Ce sont des croquettes premier prix, pleines d'éléments nocifs pour le bon fonctionnement des reins. Pas folle, la bête ! Mes chats méritent bien mieux que ça : je leur achète des croquettes un peu plus haut de gamme, ils n'ont jamais refusé de les manger.

Je les aime, mes animaux, je veux les voir en bonne santé, je prends soin d'eux… Les deux boîtes de croquettes ont atterri à la poubelle, je me suis fait un plaisir de les y balancer tout à l'heure, avec la paire de bas. Je n'ai même pas voulu leur faire goûter, c'eût été criminel… La boîte de pâtée, oui, j'ai essayé, ils l'ont aimée. Pas autant que les Gourmet Gold qu'ils ont eus pour Noël, bien sûr.

Pour finir il y avait cette petite enveloppe, sur laquelle se trouvaient mon prénom et le sien. En ouvrant, j'ai pensé qu'il y aurait peut-être un chèque, ou bien un billet. Mais non, même pas. Sur la carte, tes litanies habituelles : Joyeux Noël, bonne fin d'année pour lui et moi, pleine de bonheur, tu nous embrasses…

L'an dernier, tu t'étais "contentée" de nous offrir à chacun 25 € en bon d'achat chez Cultura (et de mauvais chocolats), c'était très bien comme ça. Tu nous avais fait plaisir, à tous les deux, nous qui aimons les livres, les CD, les DVD…

Tu ne lui as donc rien offert en particulier, cette année ? Il a baissé dans ton estime ? Il n'est pas assez bien pour toi ? Surtout maintenant que tu sais (je te l'ai dit, pour que ce soit bien clair) qu'il n'a nullement l'intention de s'installer avec moi dans un avenir proche, ni en achat ni en location. Ça te désole ? Moi, ça me convient très bien comme ça.

J'ai besoin de mon indépendance, vivre seule n'est en aucun cas un calvaire. Partager les week-ends, les vacances, c'est une chose, c'est plaisant, pas contraignant. Mais la vie au quotidien, non, ça ne me branche pas. Lui non plus. Décidément, je ne me conformerai jamais à ton idéal de vie ! Ce n'est pas le mien, ça ne le sera certainement jamais, la vie en couple, une maison, un jardin, deux voitures… Nous aimons voyager… Cela devrait te plaire, ça au moins, non ?

Maintenant, il faut que je te parle de la caisse, de la caisse en carton dans laquelle se trouvaient toutes ces "petites choses" pour moi. Tu ne pensais pas à mal, quand tu les as mises dedans, tu n'as pas réfléchi à ce que ça pouvait signifier, tout ça ? Que tu n'en aies pas conscience me consterne d'autant plus. C'est me placer vraiment très bas dans ton estime. Et je ne vaux pas cher, apparemment.

Le must en matière de cadeau c'est quand même cette caisse en carton, ouverte le 24 décembre au soir. Nous faisions un réveillon chez moi, en amoureux, il a bien profité du spectacle, tu peux me croire. Découvrant un à un tes cadeaux, je ne ménageais pas mes commentaires ! Lui aussi était consterné, il comprenait que je me sente blessée.

La caisse étant enfin vide, je l'ai posée par terre, dans un coin où ça ne gênait pas trop (oui je sais, c'est petit chez moi), près de ma table de bureau. L'idée était d'enlever le scotch, de la plier pour la déposer ensuite dans la benne à ordures.

Elle est restée là, nous avons bu à ta santé… Plus tard dans la soirée, j'ai eu l'idée d'y placer la grosse couverture rouge qui traînait sur le canapé. Ça m'est venu comme ça, je connais bien les chats, je sais ce qui peut leur faire plaisir… Une caisse en carton, une couverture moelleuse, épaisse… Lequel des trois serait tenté par l'expérience ?

C'est la tigrée qui y a élu domicile, très peu de temps après. C'est étonnant, cette rapidité avec laquelle elle s'est approprié l'endroit. Elle est venue voir, elle est montée dedans, s'y plaisant tout de suite elle a commencé à se laver…

Pour le moment, les deux chats noirs n'ont pas essayé de lui voler la place. J'espère qu'ils vont se montrer raisonnables. Elle passe désormais toutes ses journées dans sa caisse, à l'affût de ce qui se passe autour d'elle (bien droite, ses yeux au-dessus du carton), ou profondément endormie, en rond, ronflant, ronronnant…

Ça nous a fait chaud au cœur de voir cette vieille chatte dedans, si vite. D'un coup elle semblait plus apaisée. Un vrai miracle ! À un moment, elle a tout de même quitté son nid douillet pour aller manger.

Nous avons profité de l'occasion pour faire des inscriptions aux markers (un noir, un rouge). Il a écrit dessus, avec de belles lettres rondes, dans un style scolaire, appliqué : "Ma Maison" avec l'empreinte d'une patte, de coussins félins… Il a aussi dessiné deux chats, façon BD. L'un pense "Envieux", la goutte au nez (c'est le gros noir), l'autre pense "Fière" : c'est la tigrée, bien sûr ! J'ai rajouté une petite maison, aux traits naïfs, enfantins. La fumée sort de la cheminée et il y a des rideaux aux fenêtres.

Ce qu'on a trouvé drôle, une fois notre chef d'œuvre achevé, de la voir s'y réinstaller ! Ça nous faisait du bien de rire, après le grand déballage ! Nous avons poursuivi sereinement notre réveillon. J'ai pris une photo, c'est vraiment tordant ! Elle a juste les oreilles qui dépassent !

Alors merci, mille fois merci, pour ce cadeau inattendu, qui a fait une heureuse. La tigrée n'a jamais été de si bonne humeur depuis qu'elle a sa maison à elle, un endroit chaud, confortable, rassurant. C'est écrit dessus, c'est sa maison !

Le contenant apparaissant ici plus important que le contenu, je te demande de faire davantage attention aux cadeaux que tu comptes me faire, la prochaine fois. Ou alors, ne m'en fais pas. Ne m'en fais plus jamais.

Bien à toi, bonne année,

Elizabeth

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