samedi 17 janvier 2015

Charlélie Couture

L’album de Charlélie Couture, "Pochette surprise", est sorti en 1981, la même année que "Poèmes rock" et son tube imparable "Comme un avion sans aile", tous deux sur le prestigieux label américain Island Records (Jimmy Cliff, Skatalites, Bob Marley, Steel Pulse, Black Uhuru, U2, Roxy Music, Grace Jones, Bob Dylan, Tom Waits, Annie Lennox, PJ Harvey, Weezer, Jamie Cullum, Stromae…, pour n’en citer que quelques-uns). L’artiste, originaire de Nancy, fut d’ailleurs le premier Français  à être signé par Chris Blackwell, le fondateur du label en 1959.

À l’époque, j’étais loin de savoir tout ça, mais j’avais des amis qui écoutaient de la musique, toujours à l’affût de bonnes galettes, partageant leurs trouvailles chez les uns, chez les autres, lors de réunions festives… Il y en eut pas mal chez moi, de ces fêtes musicales, ou plutôt chez mon père, dans la grande salle à manger. Je me souviens du plaisir d’être ensemble, à échanger des idées, des avis, des blagues, des nouvelles, les disques des uns et des autres se succédant sur la platine.

"Pochette surprise" et "Poèmes rock" ont été si indissociables pour moi que je ne savais pas si telle ou telle chanson se trouvait sur l’un ou sur l’autre, tellement je les passais en boucle, à l’orée de mes vingt ans. C’est sans doute pour cette raison que, bien plus tard, je les ai compilés ensemble sur un même CD, avec leur pochette respective en recto verso, les deux formant un tout.

La musique, ça va, ça vient, l’on va écouter un disque intensément à un moment donné puis l’oublier, peut-être ne jamais le réécouter. Mais il y en a d’autres, tenaces, qui s’imposent et reviennent nous hanter, des années après, avec l’envie irrésistible de les jouer à nouveau, pour savoir s’ils nous donnent toujours autant de plaisir, ou si leur intérêt s’est émoussé au fil du temps…

Au cours de mes dernières vacances d’été, lorsque je suis allée à Auvers-sur-Oise puis en Normandie, je m’étais préparé pour la route une trentaine de CD, actuels ou plus anciens, glanés dans ma collection, au fil de mon inspiration.

Alors oui, Charlélie Couture ferait partie du voyage, et je me souviens fort bien du choc émotionnel qu’il a provoqué : "Pochette surprise" d’abord, "Poèmes rock" ensuite. J’en ai pleuré, tout en conduisant, tellement cela me touchait d’entendre à nouveau ces textes chocs, cette voix à l’accent insensé, de découvrir des sens qui m’avaient échappé, de repenser à mes même pas vingt ans.

"La ballade du mois d’août 75" est sur "Pochette surprise", elle fait partie des chansons que je connaissais par cœur, que je chantais à tue-tête, à la moindre occasion. Elle raconte de beaux souvenirs d’été, de vacances à la campagne, dans le Midi, et cela n’était pas sans m’évoquer mes propres étés de quand j’étais enfant. Cette chanson exprimait parfaitement ma nostalgie, mon désespoir face à un passé révolu, ma tristesse à la pensée de moments de bonheur.

"Mais il ne reste jamais rien de ce qui est vécu, quelques grains oxydés sur de la paraffine et des souvenirs idiots, mais qui donnent un peu de lumière, les jours de pluie…"

Après une "partie de jardin" donnée chez moi fin septembre, me retrouvant seule (et pompette) pour finir de ranger, j’ai réalisé mes diverses activités de ménage en écoutant à fond mes deux albums liés de Charlélie, cette fois-ci sans pleurer. J’ai joué et rejoué "La ballade du mois d’août 75" jusqu’à épuisement, la déclamant avec tout mon cœur, avec toutes mes tripes.

Cette fois-ci, ce n’était pas seulement les étés de mon enfance que je regrettais, c’était tous les étés heureux que j’avais passés jusqu’à présent, et qui ne reviendraient jamais. Mes vingt ans non plus, d’ailleurs.

Je ne me suis pas laissé abattre pour autant. Ce fut en quelque sorte un bon défouloir, une sorte d’exorcisme, une transe expiatoire, que cette écoute forcenée ! Je venais de passer un excellent dimanche, chaud et ensoleillé, entourée des amis que j’avais invités. 

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