Septième
partie : 6 août 2015
Café-musiques
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2015
Café-musiques L’Empreinte, Savigny-le-Temple (77)
La Tête des Trains, café-musiques, Tousson (77)
Le Tamanoir, café-musiques, Gennevilliers (92)
Café-musiques La Fonderie, Aix-en-Provence (13)
2006
DIRECTION DE LA MUSIQUE DE LA DANSE DU THÉÂTRE ET DES
SPECTACLES
Scènes de Musiques Actuelles
Texte de référence
Circulaire du 18
août 1998
1. Historique
La prise en compte
des musiques actuelles par le ministère de la Culture date du début des années
80, mais c’est en 1991 qu’il initie le programme « Café-Musiques ».
Mis en place dans le cadre de préoccupations plus sociales qu’artistiques, il
fixe cependant l’origine du soutien et de la prise en compte par le ministère
de la Culture d’un secteur artistique et, par voie de conséquence, de lieux de
diffusion et de pratiques jusqu’alors laissés à la seule initiative du marché.
Cette origine sociale inscrite dans les Politiques de la Ville marquera
longtemps l’imaginaire de certaines collectivités publiques et équipes
professionnelles.
En 1996, le ministère
abandonne le programme Café-Musiques au profit du dispositif Scène de Musiques
Actuelles qui regroupe les lieux dédiés aux musiques amplifiées, les lieux
musicaux généralistes et les lieux spécifiques (scènes de jazz notamment).
En 1998, une
nouvelle étape est franchie, avec la mise en place, à l’initiative de la
ministre de la Culture, de la Commission Nationale des Musiques Actuelles. Il
s’agit de définir la nature du soutien public de ce secteur d’activité,
pleinement reconnu en tant qu‘ « enjeu culturel majeur et axe d’intervention prioritaire
du ministère de la Culture », partenariale avec les collectivités.
En août 1998, une
circulaire - qui reste à ce jour le seul document à valeur réglementaire pour
l’action du ministère envers les lieux - vient confirmer l’entrée à part
entière de ce dispositif dans les procédures publiques, selon un schéma que
l’on retrouve dans les autres disciplines artistiques : définition d’un projet
artistique et culturel, autonomie de gestion et de programmation du lieu aidé,
soutien pluriannuel du ministère, convention.
2. Missions, statuts
Les SMAC ont pour
mission à la fois la diffusion des musiques actuelles, l’accompagnement des
pratiques notamment par la répétition, la formation, la création et l’action
culturelle. Dans leur grande majorité les scènes sont gérées sous statut
associatif, souvent dans le cadre d’une gestion déléguée (DSP) par la
collectivité locale propriétaire des murs. Toutefois les modes de gestion
tendent à se diversifier (régie personnalisée ou directe, EPCC).
3. Contractualisation
La circulaire
précise que c’est la contractualisation avec l’État (sous la forme d’une
convention pluriannuelle adaptée à la singularité de chaque projet) qui vaut
reconnaissance de la structure en tant que « Scène de Musiques Actuelles ». Les
DRAC sont seules compétentes pour inscrire un projet dans le périmètre du
dispositif SMAC après avis préalable de l’inspection. Elles doivent travailler
en relation étroite avec les collectivités territoriales qui sont généralement
cosignataires de la convention.
4. Repères statistiques
Le réseau était
constitué de 140 lieux en 2006, dont la moitié environ est conventionné ou en
cours de re-conventionnement.
Le montant total de
subventionnement par les DRAC est de 8,3M€ en 2006, soit une moyenne par salle
de 59 K€. La part de l’État dans les aides publiques à ces structures est, en
moyenne, de 21%.
Les principaux réseaux et programmes financés par le
ministère de la Culture
2008
DU CAF’ CONC’ AU CAFÉ-CULTURE
Quelles perspectives pour les cafés-concerts ?
Lieux de vie
essentiels à l’émergence artistique, les cafés-concerts éprouvent
aujourd’hui de plus en plus de difficultés à exercer leurs activités. Sous
l’effet d’un arsenal juridique contraignant (nuisances sonores, pratiques en
amateur, horaires de fermeture…), nombreux sont les caf' conc’ qui ont arrêté
la programmation musicale ou fermé boutique. Ceux qui persistent, pour partie
fédérés au sein du collectif Culture Bar-Bars, tirent depuis plusieurs années
une sonnette d’alarme qui semble trouver écho depuis peu.
En janvier dernier,
les premières Rencontres nationales des cafés-cultures ont ainsi constitué un
moment important pour faire avancer les discussions et les échanges. À la suite
de ces rencontres, des négociations ont débuté, au plan national comme dans
certaines régions, entre partenaires sociaux et pouvoirs publics autour d’une
réglementation adaptée aux "cafés-cultures" et à leurs
activités.
"Il y a dix ans
de ça, un musicien pouvait faire une cinquantaine de dates sur la côte bretonne
pendant l’été. Maintenant, s’il donne trois concerts il peut s’estimer heureux."
Les témoignages évoquant la fermeture des bars musicaux sont nombreux, que ce
soit en Bretagne, sur les pentes de la Croix Rousse à Lyon,
à la Butte aux Cailles à Paris ou dans bien d’autres endroits.
Au-delà des impressions souvent partagées, peu de chiffres officiels existent
sur la situation des cafés-concerts.
Certains servent d’indicateurs :
-près de 30 000
cafés généralistes ont fermé en une génération,
-de 1998
à 2002, on a constaté 30% de diffusion en moins, "surtout dans les
cafés-concerts",
-depuis 10 ans,
31 % des lieux de diffusion ont réduit les horaires et/ou supprimé certains
styles de leur programmation.
Une situation qui se débloque (?)
Pour agir face
à "cette chute impressionnante du nombre de petits lieux de diffusion
en France" et "retrouver le dynamisme des cafés des années 80
à 95", des responsables de petits lieux musicaux (cafés, restaurants)
se sont réunis dès 1999 au sein du collectif Culture
Bar-Bars.
Le collectif s’est
ensuite constitué en association en 2004 et s’est agrandi au point de
représenter aujourd’hui une fédération nationale de 120 adhérents présents dans
sept régions françaises.
Fort de son
envergure nationale, Culture Bar-Bars a organisé avec le Pôle (de coopération des acteurs pour les musiques
actuelles en Pays de la Loire) les premières Rencontres nationales des
cafés-cultures à Nantes en janvier 2008 lors des BIS ; les
"cafés-cultures" étant des lieux de petites jauges (moins de 200
places), liés à la convention collective de l’hôtellerie/restauration et
qui proposent une programmation artistique (pas uniquement musicale).
La tenue de ces
Rencontres nationales, qui ont réuni 700 participants sur deux jours, a permis
de faire avancer certains points :
-en reconnaissant
les cafés-concerts comme de possibles lieux de pratiques en amateur et les
exploitants comme des employeurs potentiels, le Snam-CGT (syndicat national
des artistes musiciens), dont la relation avec les cafetiers était jusqu’alors
conflictuelle (se fondant sur les notions de travail dissimulé), a ouvert les
portes de la négociation,
-certaines
collectivités ont profité de la dynamique des Rencontres pour poursuivre
(Région Pays de la Loire) ou lancer (Ville de Nantes, Région Aquitaine) des
concertations portant sur l’expérimentation de dispositifs d’aides
à l’aménagement acoustique ou à l’emploi culturel,
-les brasseurs sont intéressés pour financer une fondation à destination des cafés-cultures,
-les brasseurs sont intéressés pour financer une fondation à destination des cafés-cultures,
-la DMDTS a lancé une plateforme nationale de négociation
qui réunit des représentants de cafetiers (UMIH, Culture Bar-Bars), des artistes (Snam-CGT), des
collectivités (Pays de la Loire, Aquitaine), des centres de ressources
régionaux (Pôle, Rama) et les services du ministère de la Culture auxquels
se sont récemment ajoutés ceux du cabinet du ministère de l’Intérieur. Réunie
pour la première fois au mois de juin, la plateforme devrait finir son premier
cycle de travail et annoncer des mesures en plénière au début de l’année 2009,
-le député-maire de
Nantes Jean-Marc Ayrault, président du groupe PS à l’Assemblée, s’est
positionné pour porter un projet de loi sur les cafés-concerts et a débuté des
auditions parlementaires à cet effet.
En synthèse, les
Rencontres nationales ont permis de débloquer une situation qui pourrait
aboutir dans quelques mois à apaiser la "crise" que traversent
les caf’ conc’ depuis plus de 10 ans. Car si les caf’ conc’ ont été "le
berceau du mouvement artistique alternatif français" durant les années 80,
leur situation est bien moins réjouissante aujourd’hui.
Les raisons sont
multiples. Certaines dépassent de loin le contexte des bars musicaux : la
raréfaction des commerces de proximité, une tendance sociale
à l’aseptisation (moins de bruit, moins d’alcool), l’interdiction de fumer
dans les lieux publics, la baisse du pouvoir d’achat, etc.
Les autres raisons,
plus directement liées à leur statut de lieu de diffusion recevant du
public, renvoient à des domaines qui font l’objet des négociations
engagées au sein de la plateforme nationale et des concertations territoriales.
L’emploi des artistes
Les Rencontres
nationales ont été l’occasion de rappeler que les cafés-cultures jouent un rôle
important pour l’émergence et la diffusion artistiques. D’un côté, ce sont des
lieux "starter" pour les musiciens et groupes amateurs et des espaces
promotionnels pour les projets en développement. Pour les "artistes
professionnels" (qui tirent principalement leurs revenus de cette
activité), les caf’ conc’ sont également des lieux permettant de tourner et de
rôder leurs spectacles.
Mais les cafés-concerts
ne sont pas considérés comme des lieux homologués pour la diffusion des
pratiques en amateur et leur économie ne leur permet pas toujours de rémunérer
les artistes aux tarifs conventionnels et les charges sociales afférentes. Les
syndicats d’artistes ont ainsi souvent entamé des procédures contre les
cafetiers pour cause de travail artistique dissimulé, ce qui a contribué
à la fermeture ou à l’arrêt des programmations de certains lieux
(plus d’infos sur le poids du travail dissimulé et sur les sanctions encourues).
La récente prise de
position du Snam-CGT, prêt à discuter du rôle de ces lieux auprès des
amateurs et encourageant à la mise en place d’aide à l’emploi
artistique, permet d’envisager une situation plus sereine pour les cafés en
matière de diffusion. Une des thématiques abordées par la plateforme nationale
de négociation concerne ainsi spécifiquement la programmation et la diffusion
des artistes, amateurs ou professionnels, dans les cafés-cultures.
Concernant la
programmation des amateurs, l’édito du site de Culture Bar-Bars résume ainsi les
problèmes rencontrés par les artistes et les bars : "Aujourd’hui, un
jeune groupe qui veut jouer légalement en dehors de sa cave n’a que deux
possibilités : soit il passe professionnel (musiciens intermittents, aide
financière ou logistique d’une collectivité territoriale, rattachement
à un label ou un tourneur…), soit il reste amateur et renonce à être
payé.
Le souci, c’est
qu’il est alors tenu de se produire gratuitement dans un des rares lieux
habilités à le recevoir et doit signer un contrat de bénévolat. Du coup,
il ne peut payer ses frais de développement comme l’enregistrement d’une démo
ou d’un CD, sa promotion, ses déplacements ou son matériel. Coincé
financièrement, il ne sort pas de sa région, n’accroît pas son expérience et
peine à faire connaître son travail. Beaucoup d’œuvres novatrices,
décalées, pointues, impertinentes, bref, différentes, restent ainsi
à l’état de projet en attendant de mourir à petit feu."
Un avant-projet de
loi portant sur "la diffusion des artistes amateurs dans le spectacle
vivant" était en discussion depuis plusieurs années. Mais en août dernier,
la ministre de la Culture Christine Albanel a remis en cause son opportunité.
Si on ne peut aujourd’hui préjuger de l’avenir de ce projet législatif, la
DMDTS s’est toutefois exprimée en précisant que la question des amateurs dans
un cadre lucratif, comme c’est le cas pour les caf’ conc’, constituait une
"zone d’exception à définir". La plateforme de négociation étudie
ainsi actuellement les moyens permettant de définir un cadre réglementaire plus
adapté aux caractéristiques des cafés-cultures comme lieux de diffusion de
groupes amateurs.
La Région Pays de la
Loire réfléchit par ailleurs à la création d’un dispositif d’aide
à l’emploi artistique pour les cafés-cultures (ou à l’adaptation des
textes existants selon ce que permettent les directives européennes).
La Région Aquitaine,
dont la concertation sur les cafés-cultures n’est pour l’instant
qu’à l’état de préfiguration, pourrait également suivre cette orientation.
En affichant cette volonté politique, ces régions reconnaissent les cafés comme
des entreprises actrices de l’économie locale et de son développement
(rayonnement et attractivité du territoire, développement touristique), et
pourrait participer à ce que les caf’ conc’ situés sur leur territoire puissent
remplir pleinement leur rôle d’employeurs d’artistes.
Un dispositif
national d’aide à l’emploi artistique est également en cours de
négociation au sein de la plateforme. En accord avec les pouvoirs publics, les
brasseurs et les distributeurs de boissons, dont l’économie repose grandement
sur le réseau des bars, se sont entendus avec les cafetiers pour qu’un fonds
financé par les premiers permette aux directeurs des débits de boisson de
salarier plus facilement les artistes. Le montant de ce fonds et les critères
de répartition n’ont pour l’instant pas été dévoilés.
La licence d’entrepreneur de spectacles
Culture Bar-Bars
demande depuis plusieurs années la suppression de l’obligation de la licence
d’entrepreneur de spectacles pour les cafés. Actuellement, à partir du
moment où un lieu produit plus de six spectacles par an même si ce n’est pas
son activité principale, la législation l’oblige à faire une demande de
licence de catégorie 1 auprès de la DRAC. Or, l’obtention de la licence a des
effets induits qui peuvent s’avérer lourdement préjudiciables pour les débits
de boissons.
Ce n’est pas
"en soit" l’obtention de la licence qui pose problème mais plutôt
l’interprétation qu’en font les commissions de sécurité. Ces dernières
qualifient le type d’activité principale d’un lieu en fonction d’un faisceau
d’indices et, pour certaines d’entre elles, la possession d’une licence est un
indice qui fait basculer les caf’ conf’ d’une catégorie N (débit de boisson)
à une catégorie L (lieu de spectacles), ce qui ne correspond pas au même
cahier des charges.
En étant requalifiés
comme lieux de spectacles, les caf’ conc’ sont soumis à des obligations en
matière d’aménagement pour l’accueil et la sécurité du public au même titre que
des salles de spectacles subventionnées et alors qu’ils ne sont pas toujours
propriétaires des murs.
Puisque ce n’est pas l’obtention de la licence qui pose souci, les réflexions portées par la plateforme de négociation ne s’orientent pas vers une catégorie spécifique de licence pour les cafés-cultures mais plutôt vers un travail d’information mené en lien avec le ministère de l’Intérieur et les commissions de sécurité afin que la possession d’une licence n’entraîne pas de requalification et un cahier des charges inapplicable pour ce type de lieux.
Puisque ce n’est pas l’obtention de la licence qui pose souci, les réflexions portées par la plateforme de négociation ne s’orientent pas vers une catégorie spécifique de licence pour les cafés-cultures mais plutôt vers un travail d’information mené en lien avec le ministère de l’Intérieur et les commissions de sécurité afin que la possession d’une licence n’entraîne pas de requalification et un cahier des charges inapplicable pour ce type de lieux.
Culture Bar-Bars
mène par ailleurs un travail d’information auprès des caf’ conf’ concernant
leur responsabilité en matière de législation du spectacle, notamment vis-à-vis
de la licence. Conscient que certains bars musicaux ne possèdent pas toujours
de licence d’entrepreneur de spectacles, les membres du collectif tentent de
sensibiliser les patrons de cafés à leurs obligation en la matière, leur
expliquant qu’une négociation au plan national est entamée pour que l’obtention
de la licence ne soit pas synonyme d’investissements colossaux ou disproportionnés…
qui en ont déjà fait fermer les portes à plus d’un.
La gestion acoustique
La mise aux normes
acoustiques des lieux est un épineux problème. De nombreux cafés ont préféré
arrêter la musique plutôt que d’investir dans les travaux d’insonorisation
nécessaires tant ils sont coûteux pour ces petites entreprises. D’autres ont
poursuivi leurs activités en aménageant en fonction de leurs moyens et
reçoivent toujours des amendes ou font l’objet d’interdictions.
Les caf’ conc’ doivent respecter plusieurs législations sur le "bruit" (décret "lieux musicaux", bruit de voisinage, bruit au travail) qui limitent la puissance sonore à l’intérieur des lieux (105 dB) et les émergences sonores à l’extérieur (3 dB). Les lieux doivent donc procéder à une étude acoustique qui détermine le type de travaux d’insonorisation à effectuer et/ou les limitateurs à poser.
Les caf’ conc’ doivent respecter plusieurs législations sur le "bruit" (décret "lieux musicaux", bruit de voisinage, bruit au travail) qui limitent la puissance sonore à l’intérieur des lieux (105 dB) et les émergences sonores à l’extérieur (3 dB). Les lieux doivent donc procéder à une étude acoustique qui détermine le type de travaux d’insonorisation à effectuer et/ou les limitateurs à poser.
Selon une étude menée parAgi-Son sur l’impact du décret "lieux
musicaux", les lieux qui ont eu le plus souvent recours à des travaux
ainsi qu’aux limitateurs sont les salles de moins de 250 places et les caf’
conc’. Or ces travaux ont un coût, dont le montant moyen est estimé par Agi-Son
à 181 000 € (sur l’ensemble des lieux de diffusion, salles de plus de 1000
places comprises).
Il est important de
préciser que les cafetiers ne remettent pas en cause le bien-fondé de cette loi
et cherchent au contraire à s’y conformer sans en avoir les moyens. Si
l’un d’entre eux n’a pas l’économie suffisante ou un banquier prêteur, il a le
choix entre changer de métier ou continuer son activité sous le coup d’amendes
et de sanctions.
Quant aux
entrepreneurs qui trouvent les moyens d’investir dans l’insonorisation, ils ne
sont pas toujours aidés par l’Administration publique : pour exemple,
après avoir réalisé une étude acoustique (8 000 €) et démarré les travaux (80
000 €), les patrons du Saint-Ex à Bordeaux ont décidé de ne faire que de
la programmation DJ set pendant le réaménagement, cela leur permettant de
poursuivre leur activité économique tant bien que mal. Mais ils se sont vus
interdire par les autorités toute diffusion de musique jusqu’à la fin des
travaux. Le lieu a donc dû fermer temporairement et les rentrées d’argent ont
cessé pendant la période. Dans ces conditions, il n’est pas toujours évident de
rembourser son emprunt !
Dès 1999, le
rapport Acoustique et environnement des
salles de spectacles en France pointait
le problème du coût de la bonne gestion sonore des lieux, et a fortiori des
plus petits : "24% des observations évoquent le problème du coût et
appellent un financement public pour l’étude acoustique ou la réalisation de
travaux en vue de la mise en conformité. (…) Si l’aspect financier est bien
l’une des interrogations principales des exploitants de salles, il inquiète
encore plus ceux qui ne dépendent que de recettes commerciales, a priori plus
facilement aléatoires et/ou moins à même d’entrer dans des dispositifs de
soutiens complémentaires."
Culture Bar-Bars
demande donc à être aidé pour le financement des études et des travaux.
Les collectivités engagées dans un processus de concertation envisagent
actuellement d’intervenir dans ce domaine sous la forme d’un système de prêt
à faible taux d’intérêt, et la plateforme nationale étudie les dispositifs
existants (type Ifcic) dans lesquels l’aide
à l’aménagement et la mise aux normes des petits lieux pourrait s’insérer.
Par ailleurs, une
lettre cosignée par les membres de la plateforme nationale vient d’être envoyée
au CNV pour qu’il réalise une expertise sur les coûts
que représentent ces travaux pour les petits lieux. Pour envisager au mieux
comment aider à leur insonorisation, les acteurs de la négociation
demandent à ce qu’une étude fine soit réalisée sur la diversité de ces
lieux en matière acoustique, ce qui permettrait d’établir différents niveaux de
soutien selon des catégories de lieux.
Les relations avec les autorités locales
Lieux de proximité
et acteurs de l’économie locale, les cafés sont également sous le coup de
réglementations locales. Et pour peu qu’un élu ou un agent municipal voit d’un
mauvais œil l’activité musicale et celle des bars, ils peuvent facilement mener
la vie dure à ces établissements.
En tant que premiers magistrats de la ville, les maires ont ainsi le pouvoir de décision des horaires d’ouverture des lieux recevant du public sur leur commune. Les autorisations de fermetures tardives, qui se font de plus en plus rares au dire des cafetiers, dépendent donc des collectivités. Or certains maires, pour des raisons d’ordre public, peuvent brusquement décider de fermer plus tôt les cafés sans tenir compte de l’économie et des réalités de ces lieux.
En tant que premiers magistrats de la ville, les maires ont ainsi le pouvoir de décision des horaires d’ouverture des lieux recevant du public sur leur commune. Les autorisations de fermetures tardives, qui se font de plus en plus rares au dire des cafetiers, dépendent donc des collectivités. Or certains maires, pour des raisons d’ordre public, peuvent brusquement décider de fermer plus tôt les cafés sans tenir compte de l’économie et des réalités de ces lieux.
Dernier exemple en
date, le 9 octobre 2008, la Ville de Pornichet a annoncé aux débits de boisson
un arrêté municipal pour la fermeture des bars (minuit en semaine, 1h le
week-end) qui est entré en vigueur le 20 octobre 2008 ! En 10 jours et
sans concertation, les responsables de ces entreprises ont du faire une croix
sur une partie de leur chiffre d’affaires, et licencier des employés ou réduire
leur temps de travail.
Sur fond d’enjeux
politiques, les cafetiers sont parfois victimes d’un acharnement administratif
qui les poussent à bout. Ainsi le Bistroy, alors qu’il était sous
convention "scène découverte" avec la Ville de Lyon, a vu les
services de l’écologie urbaine tout faire pour donner raison au voisinage et
obtenir l’arrêt de son activité qui a cessé après plus de trois ans de
procédure et malgré les soutiens du SMA et du CNV (voir l’historique de la fermeture du
Bistroy en colonne de droite).
Quand ce n’est pas
de l’acharnement, il peut simplement s’agir de mauvaise communication entre les
services et les élus : à Pau le 23 septembre dernier lors d’une
concertation territoriale sur le sujet, plusieurs patrons de bars ont expliqué
que même en accord avec les élus et en faisant les efforts nécessaires pour respecter
les législations, ils ne sont jamais à l’abri de l’intervention d’un
technicien ou de la police qui remettrait en cause leurs activités.
Un groupe de travail
mené à l’échelle communale, comme celui initié à Nantes depuis les
Rencontres nationales, permet d’aborder ces aspects au plus près du terrain,
entre les cafetiers, les élus et les services concernés, et dans une optique de
concertation et de médiation. Les discussions à l’échelle des villes
permettent également d’aborder d’autres revendications portées par Culture
Bar-Bars comme celle d’une mise en place de politiques publiques en matière de
transports en commun nocturnes.
Un projet de loi sur les cafés-cultures ?
Face à cet
arsenal juridique pouvant contraindre leurs activités, on comprend mieux
pourquoi certains cafetiers baissent les bras et pourquoi les téméraires ont
toujours le sentiment d’avoir un bâton dans les roues. Ils continuent cependant
à exercer ce métier par passion, mais avec "le trouillomètre
à zéro" et "une épée de Damoclès au-dessus de la tête"…
Plus globalement,
c’est la place des cafés-cultures dans la société qui est questionnée :
quelle reconnaissance accorde-t-on aux lieux de proximité qui participent au
"vivre-ensemble" et au développement économique local ? Quelle
considération accorde-t-on aux cultures qui s’expriment dans ce type de
lieux ?
Or les
cafés-concerts souffrent d’un déficit d’image et de reconnaissance à bien
des égards. Ils sont souvent perçus comme des lieux de nuisances (sonores,
ébriété… délinquance) plutôt que comme les premiers médiateurs et régulateurs.
Leur action sur le développement économique local est méconnu et leur
participation à la vie de la cité mésestimée. Par ailleurs, le maillon
qu’ils représentent au niveau de la filière musicale et en faveur de l’émergence
artistique est un des leviers d’une politique de soutien à la diversité
culturelle qui tarde à s’affirmer.
Pour toutes ces
raisons, les cafés-cultures "souhaitent parler en termes d’acteurs
citoyens et remettre le politique au cœur du sujet". Appelant à un
engagement volontariste et urgent de la part des pouvoirs publics, les
négociations qui ont débuté au plan national et (seulement) dans quelques
régions sont une première ébauche de réponse.
Lors des Rencontres
nationales, le député-maire de Nantes Jean-Marc Ayrault a également fait part
de son souhait d’aller plus loin au plan national. En proposant d’étudier la
faisabilité d’un projet de loi portant sur les cafés-concerts, il s’est fait le
porte-parole politique d’un projet législatif transversal permettant d’établir
un cadre réglementaire adapté et de bon sens pour tous.
En attendant que les
négociations nationales comme locales aboutissent à des premiers
protocoles d’accord et établissent des zones d’expérimentation des dispositifs,
Jean-Marc Ayrault et son cabinet ont entamé des auditions parlementaires,
invitant les membres de la plateforme nationale à présenter aux députés la
situation des cafés-cultures et préparer ainsi en amont une proposition de
texte de loi.
Pas de cafés-musiques bis repetita
Dans le manifeste
"Un cadre légal de bon sens pour tous", le collectif Culture Bar-Bars
demande effectivement à ce qu’un cadre global soit trouvé, pour éviter les
situations contradictoires et faire en sorte que toutes les revendications soient
envisagées dans un ensemble cohérent et équilibré pour tous.
Afin d’éviter
certaines erreurs commises par le passé, le collectif précise cependant que ce
cadre de bon sens ne doit pas "recréer un dispositif café-musiques (…)
mais concevoir un dispositif dans sa globalité, c’est-à-dire ne pas régler le
problème en tentant de professionnaliser quelques-uns au détriment des
autres".
Alors que le cahier
des charges des cafés-musiques, qui avait en partie préfiguré celui des Smacs,
était trop lourd pour les petits lieux et avait abouti à l’abandon du
programme à la fin des années 90, les caf’ conc’ refusent aujourd’hui un
système de labellisation où il y aurait d’un côté ceux qui ont le droit
à la culture et de l’autre ceux qui ne l’ont pas. Le collectif cherche au
contraire à défendre la diversité des petits lieux de diffusion, y compris
des non-fédérés, et souhaite que le débat soit porté au niveau des valeurs et
des principes de société défendus.
Ainsi, les cafetiers ne revendiquent pas un statut de lieux de spectacles subventionnés mais demandent une adaptation des législations à leur réalité économique afin que les caf’ conc’ ne disparaissent pas un peu plus chaque année du paysage.
Ainsi, les cafetiers ne revendiquent pas un statut de lieux de spectacles subventionnés mais demandent une adaptation des législations à leur réalité économique afin que les caf’ conc’ ne disparaissent pas un peu plus chaque année du paysage.
La réussite des
négociations entamées par les partenaires est dorénavant une des clés
permettant de redynamiser la vitalité des caf’conc’, et par la même de de
développer un cadre favorable à l’émergence des pratiques et des créations
musicales actuelles.
Mathias Milliard
Documentation, Focus, Irma
La Cigale Musclée (1989/1996) :
il est temps d’en parler sérieusement.
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