Quadrilogie francilienne, 4 sur 4
La reprise
Le 30 août 2015
Reprendre là où je
m’étais arrêtée. Avec un peu plus de vécu derrière moi. Deux mois. Deux mois de
vacances, avec tout le temps devant moi pour me projeter, envisager. Faire le
point, rebondir, aller de l’avant. Le chemin est long, encore. Semé d’embûches,
truffé de pièges.
C’est la rentrée.
Sous un soleil toujours aussi caniculaire. Je ne m’en suis pas plainte. J’ai
adoré. Je n’ai jamais autant eu si peu cette sensation de froid qu’au cours de
cet été. Je n’ai pas grelotté, j’ai rarement mis un pull. J’ai apprécié d’avoir
bras et jambes nus, en permanence.
J’ai tout de même connu
la pluie, brève, rafraîchissante, la pluie d’orage. À Amsterdam, en Auvergne, à
Venise. À Annet, aussi : joie de rester à la maison, en compagnie (ou non)
des chats. Rideau de pluie, terre mouillée. Mater X-Men, en DVD. Je me suis
refait tous les films, avec, pour clore la saga en beauté, le dernier en
date : « Days of Future Past » réalisé (de nouveau) par Bryan
Singer.
À part Léa, jamais
très loin, Tempo et Kiwi ne se montrent pas souvent, ces derniers temps. Ah,
bien sûr, ils sont là le matin, au moment du petit-déjeuner. Je sers Léa en
premier, puis les deux autres, indifféremment, selon leur ordre d’arrivée. Cela
avant même que je ne lance mon café.
Ensuite, ils
traînent un peu dans la maison, daignent monter sur le canapé lit (en position
lit plus souvent que canapé au cours de la dernière semaine de mes vacances)
mais n’y restent jamais longtemps. Ils ont mieux à faire dehors, même s’il
pleut. En ce moment, ils me snobent. Sales petites bêtes !
J’ai eu la visite de
Patate, un jour ou deux de temps en temps. Il s’installe sur une chaise de
jardin, sur la terrasse, celle qui a un coussin rouge et confortable, il prend
ses aises. Puis il retourne chez lui, au centre ville, sans que sa maîtresse n’ait
à revenir le chercher en voiture, comme elle l’a fait souvent, après son
déménagement.
Si Pirouette s’est
faite discrète, ça n’a pas été le cas du hérisson, venant toutes les nuits au
réfectoire : croquettes, pâtée, assiette d’eau fraîche dans laquelle je
l’ai vu plusieurs fois se baigner. Jusqu’au soir où j’en ai vu deux, puis un
autre où ils étaient carrément trois, un petit et deux gros !
À Amsterdam, je
m’étais promis de ne pas prendre trop de photos, mais j’en ai pris quand même
pas mal, évidemment. Plus ciblées, néanmoins. Plus précises. Je suis entrée
dans la ville en territoire déjà connu, alors ça change le regard, le point de
vue.
Il semblerait qu’à
Venise, où j’allais pour la deuxième fois (la première, c’était au cours d’une
longue journée féerique, de l’aube (à l’aube) au soleil couchant, il y a plus
de vingt-cinq ans), je me sois appropriée plus rapidement la ville, ses
quartiers, ses rues, ses îles, la mer, les petits ou les grands espaces, les
déplacements en vaporetto.
En Auvergne, je me
suis focalisée sur des thèmes, pour mes photos. Celui des jardins, que j’ai
visités avec ma tante, celui des paysages, de ces nombreux sites remarquables
où elle m’a emmenée. Celui des chats, bien sûr. J’avais commencé une belle
collec’ à Amsterdam, j’ai poursuivi sur ma lancée.
Les Grands Thermes
de Châtel-Guyon (désaffectés, ouverts au public seulement le dimanche) m’ont bien
inspirée, avec toutes ces mosaïques fin dix-neuvième (siècle). Ma matinée
« découverte des soins thermaux » aux Thermes Henry, avec bain de
vapeur, douche pénétrante, douche au jet et bain de boue, m’a bien inspirée
aussi. À tel point que j’envisage, l’été prochain, de m’offrir une cure
« antistress » de six jours. Ma tante est bien sûr prête à
m’accueillir.
Renouveler les
petits séjours. En ville, puisqu’en ce moment c’est ça que j’aime. Ne pas
attendre mes prochaines vacances pour le faire. Même sur un court week-end,
partir. Prendre l’air. Profiter de la vie, du fait d’être libre. En train ou en
voiture, l’hôtel réservé, la promesse de choses à voir, à faire, à boire, à
manger…
J’aime déambuler,
j’aime me déplacer. À pied, suivre un plan. À Venise, je me suis bien
débrouillée. J’ai compris rapidement je crois comment fonctionnait la ville, la
nécessité d’utiliser le vaporetto pour se rendre d’un lieu à un autre. Pour
aller au Lido, par exemple.
Le premier jour,
j’ai remonté le Grand Canal depuis la gare ferroviaire, ne sachant où donner de
la tête tellement c’était grandiose. Je suis passée sous le Pont Rialto, j’ai continué
au large de la Place Saint-Marc, avec l’Horloge, le Campanile, la Basilique, le
Palais des Doges, le Pont des Soupirs.
Sur l’autre rive, j’ai
contemplé l’église Santa Maria della Salute, l’église della Dogana, l’île de
San Michel… Et déjà la langue de sable qu’est le Lido m’offrait sa rue
commerçante, ses cornets de glace, ses plages, sa mer Adriatique quasiment
tiède, ses hôtels de luxe, ses transats, son plein soleil…
Au fil des jours, au
fil de l’eau, les rives du Grand Canal me deviendraient plus familières. Ici la
Ca’ Pessaro, la Ca’ d’Oro ; tout près du Rialto, le marché aux poissons, plus
loin l’Accademia, le musée Peggy Guggenheim. Je saurais conjuguer trajets à
pied et en bateau. Je m’aventurerais jusque l’île de Burano, aux maisons
peintes de toutes les couleurs, rehaussées par le bleu du ciel et les éclats du
soleil. Avant j’aurais visité celle de Murano, plus terne, aux teintes ocre et
marron, le temps était pluvieux.
J’oserais enfin
boire un Spritz, l’apéritif local sucré, léger, aux jolis tons orangés, aux
tables de tous les cafés à partir de dix-huit heures. Je mangerais avec bonheur
un plat de seiche sauce à l’encre avec polenta et légumes grillés, mon seul
repas gastronomique du séjour. Je me ferais un plaisir à faire quelques
emplettes dans les petits supermarchés du coin, « comme tout le
monde », ceux qui vivent là, au quotidien, les Vénitiens.
Je verrais quelques
chats, mais pas autant que je l’aurais escompté. Beaucoup plus vifs, beaucoup
plus lestes qu’à Amsterdam, où ces félins dodus prenaient la pose avant même
que je sorte mon appareil photo, restant immobiles, les yeux mi-clos, la tête
dodelinant derrière une vitre réchauffée par le soleil.
C’est à Burano que
j’en ai vus le plus, c’était en fin de journée, ils apparaissaient ici ou là,
très furtivement. Il fallait que je réagisse vite, si je voulais les photographier.
Ils sont donc pris d’assez loin, ils ne se laissent pas approcher comme ça.
J’aurais peut-être dû m’asseoir, attendre qu’ils se montrent… Mais j’avais « d’autres
chats à fouetter », en l’occurrence faire le tour de l’île, littéralement
émerveillée par toutes ces couleurs éclatantes, leurs reflets dans les canaux.
Par contre, des
lions, il y en avait en masse. Des lions ailés, symbole de la Venise impériale,
représenté avec un doge, tenant une main à l’index. Ils ne bougeaient pas, au
moins, ces félins-là, leur grosse patte posée fièrement sur la Bible…
La plus grande
révélation de mon séjour à Venise aura quand même été celle des peintures du
Tintoret, d’abord à l’Accademia, puis à la Scuola Grande di San Rocco et pour
finir, le « must » au Palais des Doges, l’apothéose avec la fresque
murale « Le Paradis » et ses cinq cents visages d’anges, dans la
salle du Grand Conseil…
C’est la reprise,
les vacances sont derrière moi, maintenant. Bientôt, la mise en route de
nouvelles activités. Me projeter, envisager. Faire le point, rebondir, aller de
l’avant. Le chemin sera long, encore. Semé d’embûches, truffé de pièges. Il
faut vivre, ou bien quoi ?
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