samedi 19 septembre 2015

La reprise

Quadrilogie francilienne, 4 sur 4


La reprise

Le 30 août 2015

Reprendre là où je m’étais arrêtée. Avec un peu plus de vécu derrière moi. Deux mois. Deux mois de vacances, avec tout le temps devant moi pour me projeter, envisager. Faire le point, rebondir, aller de l’avant. Le chemin est long, encore. Semé d’embûches, truffé de pièges.

C’est la rentrée. Sous un soleil toujours aussi caniculaire. Je ne m’en suis pas plainte. J’ai adoré. Je n’ai jamais autant eu si peu cette sensation de froid qu’au cours de cet été. Je n’ai pas grelotté, j’ai rarement mis un pull. J’ai apprécié d’avoir bras et jambes nus, en permanence.

J’ai tout de même connu la pluie, brève, rafraîchissante, la pluie d’orage. À Amsterdam, en Auvergne, à Venise. À Annet, aussi : joie de rester à la maison, en compagnie (ou non) des chats. Rideau de pluie, terre mouillée. Mater X-Men, en DVD. Je me suis refait tous les films, avec, pour clore la saga en beauté, le dernier en date : « Days of Future Past » réalisé (de nouveau) par Bryan Singer.

À part Léa, jamais très loin, Tempo et Kiwi ne se montrent pas souvent, ces derniers temps. Ah, bien sûr, ils sont là le matin, au moment du petit-déjeuner. Je sers Léa en premier, puis les deux autres, indifféremment, selon leur ordre d’arrivée. Cela avant même que je ne lance mon café.

Ensuite, ils traînent un peu dans la maison, daignent monter sur le canapé lit (en position lit plus souvent que canapé au cours de la dernière semaine de mes vacances) mais n’y restent jamais longtemps. Ils ont mieux à faire dehors, même s’il pleut. En ce moment, ils me snobent. Sales petites bêtes !

J’ai eu la visite de Patate, un jour ou deux de temps en temps. Il s’installe sur une chaise de jardin, sur la terrasse, celle qui a un coussin rouge et confortable, il prend ses aises. Puis il retourne chez lui, au centre ville, sans que sa maîtresse n’ait à revenir le chercher en voiture, comme elle l’a fait souvent, après son déménagement.

Si Pirouette s’est faite discrète, ça n’a pas été le cas du hérisson, venant toutes les nuits au réfectoire : croquettes, pâtée, assiette d’eau fraîche dans laquelle je l’ai vu plusieurs fois se baigner. Jusqu’au soir où j’en ai vu deux, puis un autre où ils étaient carrément trois, un petit et deux gros !

À Amsterdam, je m’étais promis de ne pas prendre trop de photos, mais j’en ai pris quand même pas mal, évidemment. Plus ciblées, néanmoins. Plus précises. Je suis entrée dans la ville en territoire déjà connu, alors ça change le regard, le point de vue.

Il semblerait qu’à Venise, où j’allais pour la deuxième fois (la première, c’était au cours d’une longue journée féerique, de l’aube (à l’aube) au soleil couchant, il y a plus de vingt-cinq ans), je me sois appropriée plus rapidement la ville, ses quartiers, ses rues, ses îles, la mer, les petits ou les grands espaces, les déplacements en vaporetto.

En Auvergne, je me suis focalisée sur des thèmes, pour mes photos. Celui des jardins, que j’ai visités avec ma tante, celui des paysages, de ces nombreux sites remarquables où elle m’a emmenée. Celui des chats, bien sûr. J’avais commencé une belle collec’ à Amsterdam, j’ai poursuivi sur ma lancée.

Les Grands Thermes de Châtel-Guyon (désaffectés, ouverts au public seulement le dimanche) m’ont bien inspirée, avec toutes ces mosaïques fin dix-neuvième (siècle). Ma matinée « découverte des soins thermaux » aux Thermes Henry, avec bain de vapeur, douche pénétrante, douche au jet et bain de boue, m’a bien inspirée aussi. À tel point que j’envisage, l’été prochain, de m’offrir une cure « antistress » de six jours. Ma tante est bien sûr prête à m’accueillir.

Renouveler les petits séjours. En ville, puisqu’en ce moment c’est ça que j’aime. Ne pas attendre mes prochaines vacances pour le faire. Même sur un court week-end, partir. Prendre l’air. Profiter de la vie, du fait d’être libre. En train ou en voiture, l’hôtel réservé, la promesse de choses à voir, à faire, à boire, à manger…

J’aime déambuler, j’aime me déplacer. À pied, suivre un plan. À Venise, je me suis bien débrouillée. J’ai compris rapidement je crois comment fonctionnait la ville, la nécessité d’utiliser le vaporetto pour se rendre d’un lieu à un autre. Pour aller au Lido, par exemple.

Le premier jour, j’ai remonté le Grand Canal depuis la gare ferroviaire, ne sachant où donner de la tête tellement c’était grandiose. Je suis passée sous le Pont Rialto, j’ai continué au large de la Place Saint-Marc, avec l’Horloge, le Campanile, la Basilique, le Palais des Doges, le Pont des Soupirs.

Sur l’autre rive, j’ai contemplé l’église Santa Maria della Salute, l’église della Dogana, l’île de San Michel… Et déjà la langue de sable qu’est le Lido m’offrait sa rue commerçante, ses cornets de glace, ses plages, sa mer Adriatique quasiment tiède, ses hôtels de luxe, ses transats, son plein soleil…

Au fil des jours, au fil de l’eau, les rives du Grand Canal me deviendraient plus familières. Ici la Ca’ Pessaro, la Ca’ d’Oro ; tout près du Rialto, le marché aux poissons, plus loin l’Accademia, le musée Peggy Guggenheim. Je saurais conjuguer trajets à pied et en bateau. Je m’aventurerais jusque l’île de Burano, aux maisons peintes de toutes les couleurs, rehaussées par le bleu du ciel et les éclats du soleil. Avant j’aurais visité celle de Murano, plus terne, aux teintes ocre et marron, le temps était pluvieux.

J’oserais enfin boire un Spritz, l’apéritif local sucré, léger, aux jolis tons orangés, aux tables de tous les cafés à partir de dix-huit heures. Je mangerais avec bonheur un plat de seiche sauce à l’encre avec polenta et légumes grillés, mon seul repas gastronomique du séjour. Je me ferais un plaisir à faire quelques emplettes dans les petits supermarchés du coin, « comme tout le monde », ceux qui vivent là, au quotidien, les Vénitiens.

Je verrais quelques chats, mais pas autant que je l’aurais escompté. Beaucoup plus vifs, beaucoup plus lestes qu’à Amsterdam, où ces félins dodus prenaient la pose avant même que je sorte mon appareil photo, restant immobiles, les yeux mi-clos, la tête dodelinant derrière une vitre réchauffée par le soleil.

C’est à Burano que j’en ai vus le plus, c’était en fin de journée, ils apparaissaient ici ou là, très furtivement. Il fallait que je réagisse vite, si je voulais les photographier. Ils sont donc pris d’assez loin, ils ne se laissent pas approcher comme ça. J’aurais peut-être dû m’asseoir, attendre qu’ils se montrent… Mais j’avais « d’autres chats à fouetter », en l’occurrence faire le tour de l’île, littéralement émerveillée par toutes ces couleurs éclatantes, leurs reflets dans les canaux.

Par contre, des lions, il y en avait en masse. Des lions ailés, symbole de la Venise impériale, représenté avec un doge, tenant une main à l’index. Ils ne bougeaient pas, au moins, ces félins-là, leur grosse patte posée fièrement sur la Bible…

La plus grande révélation de mon séjour à Venise aura quand même été celle des peintures du Tintoret, d’abord à l’Accademia, puis à la Scuola Grande di San Rocco et pour finir, le « must » au Palais des Doges, l’apothéose avec la fresque murale « Le Paradis » et ses cinq cents visages d’anges, dans la salle du Grand Conseil…

C’est la reprise, les vacances sont derrière moi, maintenant. Bientôt, la mise en route de nouvelles activités. Me projeter, envisager. Faire le point, rebondir, aller de l’avant. Le chemin sera long, encore. Semé d’embûches, truffé de pièges. Il faut vivre, ou bien quoi ?

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