samedi 24 mai 2014

Longueur d'Ondes #71

Le nouveau numéro du magazine Sur la même Longueur d'Ondes est paru pour le Printemps de Bourges, soit à la mi-avril 2014. Il est toujours très agréable de le feuilleter, de l'avoir en main dans sa version papier, mais au cas où vous n'en trouviez pas un exemplaire sur votre chemin, il est bien sûr possible de le lire en ligne en cliquant ici : http://issuu.com/longueurdondes/docs/lo71 ou de le télécharger en allant sur le site Internet de LO.
J'ai pas mal oeuvré côté chroniques pour ce numéro et pour le Net (quatre de mes neuf chros sont parues dans le magazine, les autres sont en ligne sur http://www.longueurdondes.com). Comme toujours, j'ai fait de belles découvertes ; j'ai eu aussi la chance de faire l'interview du duo berlinois OY que j'avais vu à l'automne 2013 au Divan du Monde, avec Yasmine Hamdam et Susheela Raman.
Voici le résultat de mon "travail". Je me mets dès cet après-midi à la rédaction de nouvelles chroniques, pour le numéro d'été 2014.

Au programme :
-SACHA BERNARDSON « Stagnant »
-MATTHIEU DAVETTE « L’aube »
-IRAKA « Le slameur »
-ROMAIN LATELTIN « Pas de chichi entre nous »
-LES MARQUISES « Pensée magique »
-LA MINE DE RIEN « Avec des si »
-MOCKE « Sandwich mostla Jojo tape »
-OY « No problem saloon »
-PROWPUSKOVIC « Urban animals »
-UNDERGANG « Hang on »

1) BRUITAGE (1000 caractères maxi)
SACHA BERNARDSON
 « Stagnant »
Autoproduit
Le musicien français, atypique et prolifique, résidant actuellement aux États-Unis (Pittsburgh, Pennsylvanie), a aussi des attaches aux Pays-Bas, où il a enregistré les huit titres inspirés de ce nouvel album, que l’on peut aisément qualifier de LP si l’on se fie à sa durée (44 minutes 22 secondes). La première impression d’écoute serait celle d’une douceur enveloppante et bienfaisante (claviers), rehaussée de cliquètements métalliques et facétieux (samples), agrémentée d’un chant clair et mélodieux. « Rien » introduit des sonorités et des percussions indiennes, « Unicorn » est taillé dans le roc de l’électro. La voix haut perchée de Sacha est mise en avant, et en français, dans le petit joyau qu’est « L’hiver tiède ». L’œuvre se clôt avec la super longue version d’« Oreiller » et son invitation à la rêverie ; l’on y entend des ronflements (à moins qu’il ne s’agisse de ronronnements ?), peut-être aussi des abeilles, des cigales, des bourdonnements divers et bien d’autres choses encore…
Sortie le 1/01/14

2) BRUITAGE (1000 caractères maxi)
MATTHIEU DAVETTE
« L’aube »
Zone Sensible
Toujours à la basse, au chant, à l’écriture des textes, l’artiste parisien signe un deuxième album avec, cette fois-ci, la complicité de Thomas Petit et de cinq musiciens. Le premier opus, « Occident 2.0 », avait été réalisé en trio en 2009 sous le nom de Matthieu Davette Unit. Ici, le propos est centré davantage sur la « chanson parlée » que sur le « rock expérimental ». L’accent est mis sur les mots ; les atmosphères créées sont à leur service et les épousent avec grâce. Il est question d’amour, de paternité, de générations, de nostalgie, de temps qui passe, de ce qui change, en bien ou en mal. Le violoncelle s’illustre parfaitement dans « Le début d’autre chose », aux accents dub d’un bel effet. Le saxophone ténor pousse ses volutes sur « Désir (ressac de l’amer) » avec le chant discret d’une femme ou sur « Le chemin de l’école » porté par une voix d’enfant. « Ma génération » (celle de « Touche pas à mon pote ») dresse un portrait peu brillant de ce qu’elle est devenue aujourd’hui.
Sortie le 1/01/14

3) BRUITAGE (1000 caractères maxi)
IRAKA
« Le slameur »
True Flav Records
L’EP cinq titres « Hier », avec sa « Petite Fleur » revisitée en hommage à Sidney Bechet, fut chroniqué dans un précédent numéro de LO (#68). Iraka, rappeur bordelais officiant depuis 2000, sort maintenant un album de dix morceaux enregistrés avec sa nouvelle formation. Cela peut paraître incongru de s’entourer d’un guitariste, d’un bassiste et d’un batteur lorsque l’on fait du rap, mais Iraka a décidé d’aller plus loin, vers la chanson française, afin de donner une autre dimension à ses textes. Il y a donc des titres « parlés » à l’image du « Petit slam normal », en introduction, qui plante le décor. Il y a aussi des compositions « chantées » comme « Monnaie ». Il y a surtout des poèmes déclamés avec force, sensibilité, soutenus par une musique discrète ou plus appuyée : le fascinant « Sur London » est accompagné par des riffs de guitare électrique et une batterie en boucle. « Les mains du démon », « Le roi » sont dans la même veine. Il y a là quelque chose de salutaire et de créatif.
Sortie le 20/04/2014

4) BRUITAGE (1000 caractères maxi)
ROMAIN LATELTIN
« Pas de chichi entre nous »
Amstar Prod
« Si je te donne deux dollars, dis-moi c’que tu ferais avec, tu voudrais ach’ter des bonbecs et des pétards ». Ainsi commence le cinquième album de ce jeune homme de 24 ans, qui poursuit, plus cynique : « Si je te donne deux cents dollars, dis-moi c’que tu ferais avec, est-ce que tu cours chez le banquier les faire changer ». Romain Lateltin parle de personnes banales mais pleines de ressources, se souvient de quand il était petit garçon, se prend aux jeux de l’amour et de ses chichis, pointe les absurdités du monde… Les sucreries réapparaissent dans « Je dévore les bonbons », mais sur un ton plutôt amer. Le son est volontairement clair, épuré, acoustique (banjo, harmonica, cuivres…). Les instrumentaux « La plénitude acte 2 », « Délivrance part 4 » au piano et « À la source » au piano jouet, sont un bonheur pour les oreilles. Romain Lateltin joue jusqu’en juin 2014 (tous les deuxièmes jeudis du mois) en double plateau avec Théophile Ardy, plus un-e invité-e, au Baroc’ (20h), Paris Xe !
Sortie le 27/01/14

5) BRUITAGE (1000 caractères maxi)
LES MARQUISES
« Pensée magique »
Ici d’ailleurs
Le collectif lyonnais mené par Jean-Sébastien Nouveau livre là son deuxième projet après « Lost lost lost » en 2010, centré sur le travail du peintre et écrivain américain Henry Darger (1892-1973). Les sept compositions de « Pensée Magique » peuvent s’écouter en faisant ce que l’on veut d’autre à sa convenance, et déjà la musique, brute, tribale, répétitive, éveille la conscience, envoûte l’auditeur-trice, le-la met dans un état de transe plutôt plaisant, jubilatoire. Mais le travail créatif, avec aux manettes des gens comme le saxophoniste Étienne Jaumet (The Married Monk…), le chanteur Benoît Burello (Bed…) ou le trompettiste Souleymane Felicioli, ne s’arrête pas là, car chaque titre est accompagné d’un montage cinématographique particulièrement saisissant qui donne une autre dimension à la musique par la force et/ou l’incongruité des images. Les sept clips sont visibles sur le Web et Les Marquises seront prochainement sur scène dans une formation réduite mais tout autant explosive !
Sortie le 17/02/14

6) BRUITAGE (1000 caractères maxi)
LA MINE DE RIEN
« Avec des si »
Mediatone / L'Autre Distribution
Originaire de la petite ville de Sainte-Foy-lès-Lyon dans le Rhône (tout près de Lyon), le quintette sort un cinquième album entraînant et généreux. Après « Y’a plus de saisons » (2005), « Idées vagues » (2007), « La tête allant vers » (2010) et un « Live » en 2012, c’est « Avec des si » que s’ouvre l’année 2014, toujours avec une belle palette de cuivres (clarinette, saxophone ténor, trombone) soufflant des airs tantôt tzigane, swing, fanfare, guinguette, reggae… Cela rythmé par la batterie, la basse, la contrebasse. Les premières chansons expriment l’urgence et la brièveté de la vie, la nécessité d’en profiter, de ne pas la laisser passer. L’envie de danser est présente ici ou là : façon klezmer (« Encore combien »), jazz New Orleans (« A petit feu »), ska (« Faux pas »), valse (« 7 ans de malheur »)… Yoshka, à l’écriture, au chant et à la guitare, s’amuse au pastiche dans le pur style gainsbourgien (fin des années 50) avec « Petite voleuse » ou à la Tom Waits avec « Rien compris ».
Sortie le 28/04/2014

7) BRUITAGE (1000 caractères maxi)
MOCKE
« Sandwich mostla Jojo tape »
Mostla / Planet Claire
C’est le premier projet solo du guitariste du groupe Holden (l’album « Sidération » réalisé en trio est sorti en juin 2013 après une campagne réussie de crowdfunding) avec, comme particularité, la possibilité d’écoute et de téléchargement libres des dix titres proposés. Tous instrumentaux, ils laissent s’exprimer la guitare avec grâce, douceur et finesse, dans un climat paisible, empreint de rêveries, de fantaisies. Si « Le légume mésopotamien » et « Uno » se situent dans la veine d’un Holden au rythme léger, enlevé, la plupart des autres compositions, telles « Causse de misère », « Una » ou encore « Bol », s’aventurent davantage sur les chemins tortueux de l’imaginaire, avec un travail très minutieux sur les sonorités. Signalons la parution du volume 1 de la compilation « La Souterraine » (en collaboration avec Planet Claire, l’émission musicale culte d’Aligre FM) présentant des artistes indépendants d’expression francophone : Mocke y figure ainsi que Arlt, dont il fait aussi partie.
Sortie le 25/02/14
8) DÉCOUVERTES (1800 caractères maxi)
OY
« No problem saloon »
Crammed Discs

La griffe berlinoise
Ces deux-là ne sont pas passés inaperçus sur la scène parisienne du Divan du Monde lors de leur prestation (18 octobre 2013) dans le cadre du MaMA Event ! Ce festival, qui permet aux professionnels de la musique (et au public « tout venant ») d’aller à la rencontre des artistes sélectionnés, a permis à OY d’être repéré par Marc Hollander et David Beaugier, du label belge renommé Crammed Discs (Tuxedomoon, Minimal Compact, plus récemment Cibelle, Yasmine Hamdan). « Ils ont été immédiatement conquis par le show et nous ont proposé de travailler avec eux sur le long terme, de réaliser notre album et de le diffuser à travers le monde. Notre album « Kokokyinaka », paru en 2013, n’était disponible que dans quelques pays. » En effet, « No problem Saloon » comprend à peu près les mêmes titres que « Kokokyinaka », mais avec des différences qui sautent aux oreilles dès la première écoute : une meilleure production, un son plus travaillé, des rythmiques plus musclées. Joy Frempong, chanteuse et musicienne d’origine suisse et ghanéenne et Lleluja-Ha, batteur et producteur, vivent actuellement à Berlin. Ils se sont rencontrés en 1999 mais ne fonctionnent en duo que depuis trois ans. Avant, ils ont mené des projets artistiques séparément. Quant à OY, « Joy a commencé seule en 2008, l'album « First Box Then Walk » est sorti en 2010… » Outre une musique électro pop vivante et colorée, tissée de sons hétéroclites rapportés par Joy de son séjour en Afrique, puis échantillonnés, transformés, mis en boucle, OY vaut le détour par l’accoutrement de son batteur : il a une énorme mitre sur la tête et des cheveux en laine sur le visage. « C’est du pur stylisme berlinois, affirme-t-il. J’ai fait le masque moi-même. J’aime les déguisements et je pense que les gens devraient en porter davantage. » Pour info : une tournée mondiale est organisée en 2014, avec un passage à Paris le 26 juin à la Boule Noire.
Sortie le 24/03/2014


9) BRUITAGE (1000 caractères maxi)
PROWPUSKOVIC
« Urban animals »
Troll’s Production
À ses débuts en 2003, le groupe, de Besançon, jouait dans la rue sous forme d’une fanfare. L’électricité est venue apporter de l’énergie supplémentaire à des compositions déjà bien entraînantes, inspirées par le klezmer. Il y eut l’EP « Musiques de l’Est de la France » en 2007, le LP « Breakfast » en 2010, et beaucoup de concerts ! Si l’on se réfère au clip « Black Cat », Prowpuskovic est composé de drôles d’animaux, à commencer par le chanteur, un chat costaud à la voix puissante et rauque. Il y a aussi de la batterie, des percussions, de la guitare, de la mandoline, de la basse, une contrebasse, et puis les essentiels clarinette, saxophone, trompette et accordéon. Ils sont mis en avant dans le « ska rock garage » « All right », le fantasmagorique « Réveil », l’« ethno free jazz » « La traque », tous instrumentaux. « Urban Animals » oscille entre blues et cabaret, « Into the lair » flirte avec le rhythm’n’blues, le hip hop et les traditions… Des influences multiples, savamment dosées.
Sortie le 10/03/14

10) BRUITAGE (1000 caractères maxi)
UNDERGANG
« Hang on »
Uriprod / Schubert Music / Publishing / La Baleine
Voici un musicien multi instrumentiste, aussi à l’aise à la guitare qu’à la batterie, aux scratches, aux machines et au chant ! Undergang, de Toulouse, est donc un groupe (créatif et prolifique) à lui tout seul, produisant là son quatrième album, après « Alter Native » en 2005, « Rue du Maroc » en 2007, « Du son sur les mains » en 2010. Ça commence fort avec « Avengers on the road », ses grosses basses synthétiques, ses superpositions de claviers, son refrain âpre, écorché : « Avengers on the road, sentences on the blackboard, letting my life back ». Plus loin, « Hang on » (s’accrocher) balance des riffs de guitare pêchus, mêlés à des boucles entêtantes de piano, de synthés. « Ghetto » au son puissant, pulsé, est chanté en français : « Révolution, amertume, dévotion sur le bitume, liberté qui se consume, sensation d’évasion sous la plume… ». « Pas de frontières » (pour la musique) l’est aussi. Kamik, chanteuse américaine, ajoute son flow gracieux sur « Ten fingers » et « In disguise ».
Sortie le 25/02/14

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