Le nouveau numéro du magazine Sur la même Longueur d'Ondes est paru pour le Printemps de Bourges, soit à la mi-avril 2014. Il est toujours très agréable de le feuilleter, de l'avoir en main dans sa version papier, mais au cas où vous n'en trouviez pas un exemplaire sur votre chemin, il est bien sûr possible de le lire en ligne en cliquant ici : http://issuu.com/longueurdondes/docs/lo71 ou de le télécharger en allant sur le site Internet de LO.
J'ai pas mal oeuvré côté chroniques pour ce numéro et pour le Net (quatre de mes neuf chros sont parues dans le magazine, les autres sont en ligne sur http://www.longueurdondes.com). Comme toujours, j'ai fait de belles découvertes ; j'ai eu aussi la chance de faire l'interview du duo berlinois OY que j'avais vu à l'automne 2013 au Divan du Monde, avec Yasmine Hamdam et Susheela Raman.
Voici le résultat de mon "travail". Je me mets dès cet après-midi à la rédaction de nouvelles chroniques, pour le numéro d'été 2014.
Au programme :
-SACHA BERNARDSON « Stagnant »
-MATTHIEU DAVETTE « L’aube »
-IRAKA « Le slameur »
-ROMAIN LATELTIN « Pas de chichi entre nous »
-LES MARQUISES « Pensée magique »
-LA MINE DE RIEN « Avec des si »
-MOCKE « Sandwich mostla Jojo tape »
-OY « No problem saloon »
-PROWPUSKOVIC « Urban animals »
-UNDERGANG « Hang on »
-MATTHIEU DAVETTE « L’aube »
-IRAKA « Le slameur »
-ROMAIN LATELTIN « Pas de chichi entre nous »
-LES MARQUISES « Pensée magique »
-LA MINE DE RIEN « Avec des si »
-MOCKE « Sandwich mostla Jojo tape »
-OY « No problem saloon »
-PROWPUSKOVIC « Urban animals »
-UNDERGANG « Hang on »
1) BRUITAGE (1000 caractères maxi)
SACHA
BERNARDSON
« Stagnant »
Autoproduit
Le musicien
français, atypique et prolifique, résidant actuellement aux États-Unis
(Pittsburgh, Pennsylvanie), a aussi des attaches aux Pays-Bas, où il a
enregistré les huit titres inspirés de ce nouvel album, que l’on peut aisément
qualifier de LP si l’on se fie à sa durée (44 minutes 22 secondes). La première
impression d’écoute serait celle d’une douceur enveloppante et bienfaisante
(claviers), rehaussée de cliquètements métalliques et facétieux (samples),
agrémentée d’un chant clair et mélodieux. « Rien » introduit des
sonorités et des percussions indiennes, « Unicorn » est taillé dans
le roc de l’électro. La voix haut perchée de Sacha est mise en avant, et en
français, dans le petit joyau qu’est « L’hiver tiède ». L’œuvre se
clôt avec la super longue version d’« Oreiller » et son invitation à
la rêverie ; l’on y entend des ronflements (à moins qu’il ne s’agisse de
ronronnements ?), peut-être aussi des abeilles, des cigales, des
bourdonnements divers et bien d’autres choses encore…
Sortie le 1/01/14
2) BRUITAGE (1000 caractères maxi)
MATTHIEU
DAVETTE
« L’aube »
Zone
Sensible
Toujours à
la basse, au chant, à l’écriture des textes, l’artiste parisien signe un
deuxième album avec, cette fois-ci, la complicité de Thomas Petit et de cinq
musiciens. Le premier opus, « Occident 2.0 », avait été réalisé en
trio en 2009 sous le nom de Matthieu Davette Unit. Ici, le propos est centré
davantage sur la « chanson parlée » que sur le « rock
expérimental ». L’accent est mis sur les mots ; les atmosphères
créées sont à leur service et les épousent avec grâce. Il est question d’amour,
de paternité, de générations, de nostalgie, de temps qui passe, de ce qui
change, en bien ou en mal. Le violoncelle s’illustre parfaitement dans
« Le début d’autre chose », aux accents dub d’un bel effet. Le
saxophone ténor pousse ses volutes sur « Désir (ressac de l’amer) »
avec le chant discret d’une femme ou sur « Le chemin de l’école »
porté par une voix d’enfant. « Ma génération » (celle de
« Touche pas à mon pote ») dresse un portrait peu brillant de ce
qu’elle est devenue aujourd’hui.
Sortie le 1/01/14
3) BRUITAGE (1000 caractères maxi)
IRAKA
« Le slameur »
True
Flav Records
L’EP
cinq titres « Hier », avec sa « Petite Fleur » revisitée en
hommage à Sidney Bechet, fut chroniqué dans un précédent numéro de LO (#68).
Iraka, rappeur bordelais officiant depuis 2000, sort maintenant un album de dix
morceaux enregistrés avec sa nouvelle formation. Cela peut paraître incongru de
s’entourer d’un guitariste, d’un bassiste et d’un batteur lorsque l’on fait du
rap, mais Iraka a décidé d’aller plus loin, vers la chanson française, afin de
donner une autre dimension à ses textes. Il y a donc des titres
« parlés » à l’image du « Petit slam normal », en
introduction, qui plante le décor. Il y a aussi des compositions
« chantées » comme « Monnaie ». Il y a surtout des poèmes
déclamés avec force, sensibilité, soutenus par une musique discrète ou plus
appuyée : le fascinant « Sur London » est accompagné par des
riffs de guitare électrique et une batterie en boucle. « Les mains du démon »,
« Le roi » sont dans la même veine. Il y a là quelque chose de
salutaire et de créatif.
Sortie
le 20/04/2014
ROMAIN LATELTIN
« Pas
de chichi entre nous »
Amstar Prod
« Si je
te donne deux dollars, dis-moi c’que tu ferais avec, tu voudrais ach’ter des
bonbecs et des pétards ». Ainsi commence le cinquième album de ce jeune
homme de 24 ans, qui poursuit, plus cynique : « Si je te donne deux
cents dollars, dis-moi c’que tu ferais avec, est-ce que tu cours chez le
banquier les faire changer ». Romain Lateltin parle de personnes banales
mais pleines de ressources, se souvient de quand il était petit garçon, se
prend aux jeux de l’amour et de ses chichis, pointe les absurdités du monde…
Les sucreries réapparaissent dans « Je dévore les bonbons », mais sur
un ton plutôt amer. Le son est volontairement clair, épuré, acoustique (banjo,
harmonica, cuivres…). Les instrumentaux « La plénitude acte 2 »,
« Délivrance part 4 » au piano et « À la source » au piano
jouet, sont un bonheur pour les oreilles. Romain Lateltin joue jusqu’en juin
2014 (tous les deuxièmes jeudis du mois) en double plateau avec Théophile Ardy,
plus un-e invité-e, au Baroc’ (20h), Paris Xe !
Sortie le 27/01/14
LES MARQUISES
« Pensée
magique »
Ici
d’ailleurs
Le collectif
lyonnais mené par Jean-Sébastien Nouveau livre là son deuxième projet après
« Lost lost lost » en 2010, centré sur le travail du peintre et
écrivain américain Henry Darger (1892-1973). Les sept compositions de
« Pensée Magique » peuvent s’écouter en faisant ce que l’on veut
d’autre à sa convenance, et déjà la musique, brute, tribale, répétitive, éveille
la conscience, envoûte l’auditeur-trice, le-la met dans un état de transe
plutôt plaisant, jubilatoire. Mais le travail créatif, avec aux manettes des
gens comme le saxophoniste Étienne Jaumet (The Married Monk…), le chanteur
Benoît Burello (Bed…) ou le trompettiste Souleymane
Felicioli, ne s’arrête pas là, car chaque titre est accompagné d’un montage
cinématographique particulièrement saisissant qui donne une autre dimension à
la musique par la force et/ou l’incongruité des images. Les sept clips sont
visibles sur le Web et Les Marquises seront prochainement sur scène dans une
formation réduite mais tout autant explosive !
Sortie
le 17/02/14
6) BRUITAGE (1000 caractères maxi)
LA MINE DE RIEN
« Avec
des si »
Mediatone / L'Autre Distribution
Originaire
de la petite ville de Sainte-Foy-lès-Lyon dans le
Rhône (tout près de Lyon), le quintette sort un cinquième album entraînant et
généreux. Après « Y’a plus de saisons » (2005), « Idées
vagues » (2007), « La tête allant vers » (2010) et un
« Live » en 2012, c’est « Avec des si » que s’ouvre l’année
2014, toujours avec une belle palette de cuivres (clarinette, saxophone ténor,
trombone) soufflant des airs tantôt tzigane, swing, fanfare, guinguette,
reggae… Cela rythmé par la batterie, la basse, la contrebasse. Les premières
chansons expriment l’urgence et la brièveté de la vie, la nécessité d’en
profiter, de ne pas la laisser passer. L’envie de danser est présente ici ou là
: façon klezmer (« Encore combien »), jazz New Orleans (« A
petit feu »), ska (« Faux pas »), valse (« 7 ans de
malheur »)… Yoshka, à l’écriture, au chant et à la guitare, s’amuse au
pastiche dans le pur style gainsbourgien (fin des années 50) avec « Petite
voleuse » ou à la Tom Waits avec « Rien compris ».
Sortie
le 28/04/2014
7) BRUITAGE (1000 caractères maxi)
MOCKE
« Sandwich
mostla Jojo tape »
Mostla /
Planet Claire
C’est le
premier projet solo du guitariste du groupe Holden (l’album
« Sidération » réalisé en trio est sorti en juin 2013 après une
campagne réussie de crowdfunding) avec, comme particularité, la possibilité
d’écoute et de téléchargement libres des dix titres proposés. Tous
instrumentaux, ils laissent s’exprimer la guitare avec grâce, douceur et
finesse, dans un climat paisible, empreint de rêveries, de fantaisies. Si
« Le légume mésopotamien » et « Uno » se situent dans la
veine d’un Holden au rythme léger, enlevé, la plupart des autres compositions,
telles « Causse de misère », « Una »
ou encore « Bol », s’aventurent davantage sur les chemins
tortueux de l’imaginaire, avec un travail très minutieux sur les sonorités.
Signalons la parution du volume 1 de la compilation « La
Souterraine » (en collaboration avec Planet Claire, l’émission musicale
culte d’Aligre FM) présentant des artistes indépendants d’expression
francophone : Mocke y figure ainsi que Arlt, dont il fait aussi partie.
Sortie le 25/02/14
8) DÉCOUVERTES (1800 caractères maxi)
OY
« No
problem saloon »
Crammed
Discs
La griffe berlinoise
Ces deux-là
ne sont pas passés inaperçus sur la scène parisienne du Divan du Monde lors de
leur prestation (18 octobre 2013) dans le cadre du MaMA Event ! Ce
festival, qui permet aux professionnels de la musique (et au public « tout
venant ») d’aller à la rencontre des artistes sélectionnés, a permis à OY
d’être repéré par Marc Hollander et David Beaugier,
du label belge renommé
Crammed Discs (Tuxedomoon, Minimal Compact,
plus récemment Cibelle, Yasmine Hamdan). « Ils ont été immédiatement
conquis par le show et nous ont proposé de travailler avec eux sur le long
terme, de réaliser notre album et de le diffuser à travers le monde. Notre
album « Kokokyinaka », paru en 2013, n’était disponible que dans
quelques pays. » En effet, « No problem Saloon » comprend à peu
près les mêmes titres que « Kokokyinaka », mais avec des différences
qui sautent aux oreilles dès la première écoute : une meilleure production, un son
plus travaillé, des rythmiques plus musclées. Joy Frempong,
chanteuse et musicienne d’origine suisse et ghanéenne et Lleluja-Ha,
batteur et producteur, vivent actuellement à Berlin. Ils se sont rencontrés en
1999 mais ne fonctionnent en duo que depuis trois ans. Avant, ils ont mené des
projets artistiques séparément. Quant à OY, « Joy a commencé seule en
2008, l'album « First Box Then Walk » est sorti en 2010… » Outre
une musique électro pop vivante et colorée, tissée de sons hétéroclites
rapportés par Joy de son séjour en Afrique, puis échantillonnés, transformés,
mis en boucle, OY vaut le détour par l’accoutrement de son batteur : il a une
énorme mitre sur la tête et des cheveux en laine sur le visage. « C’est du
pur stylisme berlinois, affirme-t-il. J’ai fait le masque moi-même. J’aime les
déguisements et je pense que les gens devraient en porter davantage. » Pour info : une tournée
mondiale est organisée en 2014, avec un passage à Paris le 26 juin à la Boule
Noire.
Sortie
le 24/03/2014
9) BRUITAGE (1000 caractères maxi)
PROWPUSKOVIC
« Urban
animals »
Troll’s
Production
À ses débuts
en 2003, le groupe, de Besançon, jouait dans la rue sous forme d’une fanfare.
L’électricité est venue apporter de l’énergie supplémentaire à des compositions
déjà bien entraînantes, inspirées par le klezmer. Il y eut l’EP « Musiques
de l’Est de la France » en 2007, le LP « Breakfast » en 2010, et
beaucoup de concerts ! Si l’on se réfère au clip « Black Cat »,
Prowpuskovic est composé de drôles d’animaux, à commencer par le chanteur, un
chat costaud à la voix puissante et rauque. Il y a aussi de la batterie, des
percussions, de la guitare, de la mandoline, de la basse, une contrebasse, et
puis les essentiels clarinette, saxophone, trompette et accordéon. Ils sont mis
en avant dans le « ska rock garage » « All right », le
fantasmagorique « Réveil », l’« ethno free jazz » « La
traque », tous instrumentaux. « Urban Animals » oscille entre
blues et cabaret, « Into the lair » flirte avec le rhythm’n’blues, le
hip hop et les traditions… Des influences multiples, savamment dosées.
Sortie le 10/03/14
UNDERGANG
« Hang
on »
Uriprod /
Schubert Music / Publishing / La Baleine
Voici un
musicien multi instrumentiste, aussi à l’aise à la guitare qu’à la batterie,
aux scratches, aux machines et au chant ! Undergang, de Toulouse, est donc
un groupe (créatif et prolifique) à lui tout seul, produisant là son quatrième
album, après « Alter Native » en 2005, « Rue du Maroc
» en 2007, « Du son sur les mains » en 2010. Ça commence fort avec
« Avengers on the road », ses grosses basses synthétiques, ses
superpositions de claviers, son refrain âpre, écorché : « Avengers on
the road, sentences on the blackboard, letting my life back ». Plus loin,
« Hang on » (s’accrocher) balance des riffs de guitare pêchus, mêlés
à des boucles entêtantes de piano, de synthés. « Ghetto » au son
puissant, pulsé, est chanté en français : « Révolution,
amertume, dévotion sur le bitume, liberté qui se consume, sensation d’évasion
sous la plume… ». « Pas de frontières » (pour la musique) l’est
aussi. Kamik, chanteuse américaine, ajoute son flow gracieux sur « Ten
fingers » et « In disguise ».
Sortie le 25/02/14
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