mercredi 29 janvier 2014

Gilbert Gilbert force le respect

Gilbert Gilbert
« Faisez comme si j’étais pas là… »
Paulydort International

Dans le monde de la musique et plus particulièrement dans le (petit) territoire hexagonal de la chanson à texte, il y a une majorité d’amateurs qui se prennent pour des génies, et seulement quelques professionnels talentueux, novateurs, sachant rester humbles en toute circonstance. Quitte à ne pas participer à la grande foire hypocrite que sont devenues (qu’ont toujours été ?) les Victoires de la Musique.

Il y a aussi ce phénomène ingérable qu’est Gilbert Gilbert, nommé six fois (six fois de trop) à ces fameuses Victoires 2014, dans les catégories « Artiste interprète masculin » (peut-on franchement parler, dans son cas, d’interprétation ?), « Album de chansons » (le sien s’appelle « Faisez comme si j’étais pas là… »), « Chanson originale » (l’originalité est-elle vraiment au rendez-vous dans des titres comme « Rimbaud t’es beau, Verlaine je t’haine » ou « Faut qu’j’te  r’voye » ?). Pour clore le tout, la catégorie « Vidéo clip » le voit aussi nommé deux fois (c’est vraiment donner de la confiture à un cochon) avec le consternant « J’ai monté aux rideaux » et l’effroyable « J’y vais vite aux cabinets ».

Le vendredi 14 février 2014 (jour de la Saint-Valentin), le pire se prépare donc au Zénith de Paris, car à coup sûr, Gilbert Gilbert va rafler un max de Victoires, au détriment d’artistes plus méritants mais moins médiatiques, pour la plus grande joie de son porte-monnaie et de celui de sa maison de disques. Cela dit, l’année sera vite passée, et les professionnels de la musique s’enticheront vite d’une nouvelle vedette à exploiter jusqu’à la moelle, reléguant Gilbert Gilbert dans la catégorie des « gloires passées ».

Effectivement, nous pourrons tout aussi bien faire comme si Gilbert Gilbert n’était pas là, comme s’il n’avait jamais existé, comme si jamais personne n’avait parlé de lui et ne l’avait hissé si haut en criant au génie. Sa verve spirituelle ne nous manquera pas, ni ses verbes d’ailleurs, qu’il conjugue si savamment, de cette façon qui n’appartient qu’à lui, surtout pas au Bled, ni au Bescherelle.

Oui, Gilbert Gilbert force le respect (pet) avec un album (inutile) qui fleure bon le terroir, remettant au (mauvais) goût du jour cette image bien franchouillarde du coq qui chante sur un tas de fumier. Vive la chanson française, les textes intellectuels, la musique inventive et de qualité.

Rendons ici hommage à tou(te)s ces artistes oublié(e)s des radios et des télés qui mènent leur petit bonhomme de chemin en vendant honnêtement leurs disques, en donnant d’excellents concerts dans des salles certes moins réputées mais tout aussi crédibles, offrant à notre écoute des paroles attachantes, qui certes ne changeront le monde mais qui pourront réveiller nos âmes endormies.

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