samedi 1 février 2014

Longueur d'Ondes #70


Sur les quatorze chroniques écrites pour le numéro 70 de Longueur d'Ondes, seules quatre (deux Bruitage et deux Maxis ) figurent sur la version papier du magazine, dorénavant trimestriel
Qu'à cela ne tienne ! Les voici toutes sur mon blog, en espérant qu'il y aura quelques personnes pour les lire puis avoir envie d'écouter tous ces artistes qui valent le détour ! 
Cela dit, mes chroniques (au moins toutes les Bruitage) devraient bientôt être en ligne sur le site internet de LO :
http://www.longueurdondes.com

Pour feuilleter en ligne le magazine :
http://issuu.com/longueurdondes/docs/lo70?e=2008268/6419151

Il y a aussi le Facebook de LO :
https://www.facebook.com/pages/Longueur-dOndes-sur-le-web/291050218478

Au programme :

BRUITAGE
-Brou de Noix « 000 » (Autoproduit)
-Cotton Belly’s « This day... » (Cabane Prod)
-Tricia Evy « Meet me » (Plus Loin Music /Abeille Musique)
-Jukebox Champion« Don’t rock the jukebox » (Autoproduit)
-Elsa Kopf « Marvelously dangerous » (Peppermoon Music)
-Juan d’Oultremont « L’homme d’attaque » (Freaksville Records)
-Rouge « Prélude aux métamorphoses » (Autoproduit)
-Zedvan « La zébritude » (Absilone / Socadisc)

MAXIS 
-Delbi « Colors » (Autoproduit)
-Dtwice « Night Shield » (Do You Like)
-G.Nova « Misen » (Autoproduit)
-Marvin Jouno « L’ivoire » (Autoproduit)
-Nemo Nebbia « En direct du brouillard » (Seconde Lecture Records)
-Tulsa « Tulsa » (Corida / Because Music)


BRUITAGE (1000 caractères)
Brou de Noix
« 000 »
(Autoproduit)
« Ashes », « Wine », « Compost ». Voici le nom des trois premiers morceaux de l’album au triple zéro. Les quatorze autres sont dans la même veine : un seul mot en anglais, voire deux, ou trois. L’auditeur peut laisser libre cours à son imagination en utilisant ces mots, ou non. Si « Ashes » démarre sur les chapeaux de roue, au sens littéral (une voiture passe et repasse, en stéréo), « Wine » fait frapper les tambours et tinter les guitares dans un esprit dub, tandis que sur « Compost » les synthés oscillent sur une trame rythmique répétitive. Cette musique électronique prolifique, originale et novatrice, entièrement instrumentale (sauf « Golden Sunshine » sur un texte du poète anglais John Keats), est l’œuvre d’un seul homme, Fred Debief, à l’origine d’autres projets comme lufdbf, fdbf, Bazaar ou Ascalaphe. « Dynamo » penche vers la musique orientale, « Chords of Banana » plonge dans les abysses… Les compos se succèdent, comme autant de bandes son planantes, inquiétantes, revigorantes.


BRUITAGE (1000 caractères)
Cotton Belly’s
« This day... »
(Cabane Prod)
Les cinq jeunes gars en salopette cultivent leur passion du blues avec un certain sens de l’originalité et l’idée de renouveler le genre. Depuis leur premier EP en 2008, ils ont enregistré deux albums : « Cotton Belly’s » en 2009 et « Black brown and white » en 2011. « This day... », sorti en octobre 2013, fut accompagné de concerts en région parisienne (dont ils sont originaires), à Paris intra-muros (le Zèbre) et en province. Dans « Greatness » qui ouvre l’album, les mains sont frappées généreusement, l’harmonica est présent dès les premières mesures, la guitare « lap steel » a un jeu aisément reconnaissable, la voix est soul et chaleureuse. Les dix titres en anglais, d’excellente facture, accompagnent l’auditeur sur un ton optimiste, se teintant de folk, rock ou reggae. « Old blossom » évoque un curieux mélange entre « Sweet child in time » de Deep Purple et « Starway to heaven » de Led Zeppelin. « This day » est une balade qui prend sa source en Irlande et voyage jusqu’en Amérique.


BRUITAGE (1000 caractères)
Tricia Evy
« Meet me »
(Plus Loin Music /Abeille Musique)
« Mes yeux se voilent, ton souffle est court, même les étoiles parlent d’amour, nous ne faisons plus qu’un nous deux… » Ainsi commence ce « Nous deux » nostalgique, au piano et à la batterie, accompagnant une voix claire et gracieuse. Si la chanson « Modinha » est chantée en portugais (elle fut composée par Vinicius de Moraes et Antonio Carlos Jobim, deux musiciens brésiliens) et une autre en anglais (« Meet me on the bridge », paroles et musique de Tricia Evy), les deux suivantes, une biguine (« Mais ça pas possible ») et une samba triste (« Pense à moi ») sont en français. Ce qui n’est pas étonnant, lorsqu’on sait que cette artiste de jazz vocal, née à Bondy en 1984, a grandi en Guadeloupe avant de revenir en France en 2006. « Beginning », son premier album, paraît en 2010. « Meet me », dans les bacs depuis novembre 2013, et ses onze titres rythmés, chaloupés, inspirés autant par le jazz que par la chanson française, les musiques créoles ou brésiliennes, met un grand soleil au cœur !


BRUITAGE (1000 caractères)
Jukebox Champions
« Don’t rock the jukebox »
(Autoproduit)
Ce fameux duo, dont on entend parler depuis quelque temps déjà (un EP éponyme est sorti en novembre 2012), est composé de Fade, producteur et DJ du groupe ASM (A State of Mind) et de Blanka, l’un des quatre beatmakers de La Fine Équipe. Leur grand truc, ce sont les MPCs (Music Production Centers), machines électroniques permettant la création musicale. Ils en jouent sur scène, ainsi que de platines et d’instruments créés sur mesure. Cet album a la particularité d’être tout à la fois éclectique et fédérateur. Il y a des invités de marque sur un bon nombre de titres : Astrid Engberg (chanteuse danoise) et Jean-Jacques Milteau (harmoniciste) sont ensemble sur « Run », le MC Biga Ranx unit sa voix à celle de Soom T (artiste raggamuffin indo-écossaise) sur « Anthem », Kid Creole est à fond sur « You can call me Joe Joe »… « Au jour le jour » a un côté rétro sympa grâce à Marie M. Pour les adeptes de samples et de scratches, une version est disponible en double vinyle avec 75 sons en bonus !


BRUITAGE (1000 caractères)
Elsa Kopf
« Marvelously dangerous »
(Peppermoon Music)
Ce délicieux album débute sur « Sugar Roses », voix et guitare (avec un peu de synthé et de percussions), petit chef d’œuvre vocal et acoustique. Suit « Des enfants insolents » aux propos acerbes, chantés avec douceur sur un fond de bossa : « Foutez-vous sur la gueule, bâtissez des centrales, vivez encore plus seuls dans des villes plus sales… ». Outre l’anglais et le français, Elsa Kopf, fille d’un professeur de langues et d’une parolière, s’exprime également en espagnol et le fait avec grâce : « Viento » est tout en retenue et en délicatesse, « Perfumada » est plus rythmé et entraînant. Les douze titres « merveilleusement dangereux » sont le fruit d’une collaboration avec Pierre Faa (du trio Peppermoon), qui a su mettre en valeur le beau timbre de voix féminin et choisir des arrangements riches et subtils, sur des musiques jazz, swing, folk, pop ou latino-américaines. Auteure, compositrice et interprète, la jeune femme a un premier album à son actif, « Acoustic Joys », sorti en 2011.


BRUITAGE (1000 caractères)
Juan d’Oultremont
« L’homme d’attaque »
(Freaksville Records)
L’artiste belge multicartes (plasticien, performeur, romancier, parolier, animateur à la RTBF de l’émission culte « Le jeu des dictionnaires »…) œuvre aussi dans la chanson par l’entremise de Benjamin Schoos, alias Miam Monster Miam, musicien et producteur. Après « Bambi is dead » en 2006 et « Megaphone Judas » en 2009, Juan d’Oultremont présente « L’homme d’attaque » avec, en ouverture, l’instrumental « Royal Canin » qui n’est pas sans évoquer l’air d’une célèbre publicité montrant des chiens courant dans l’herbe. Les neuf chansons regorgent de jeux de mots dont on ne fait pas le tour à la première écoute, ni à la dixième d’ailleurs. « Mon laveur de vitres », vintage à souhait, rend un hommage poétique à une personne discrète qui « s’est fait la belle juste le temps d’un ffouit ». « Local matador » a du chien, « Nostalgie Nelson » est très gainsbourgien, « L’analphabète » tire sa force du jeu lancinant d’une vielle à roue, « Basile de Koch » recense tous les tuberculeux de la planète…


BRUITAGE (1000 caractères)
Rouge
« Prélude aux métamorphoses »
(Autoproduit)
Le quatuor des Yvelines (basse, guitare, batterie, guitare /chant) en est à son troisième album, après un neuf titres en 2005, puis « Le vertige d’Edgar » (treize titres) en 2010, tous autoproduits. Son moyen d’expression est la chanson rock, avec des tendances vers le blues, la folk. Les influences sont présentes : Noir Désir, Thiéfaine, un peu de Renaud, de Blankass… Ce qui n’empêche pas le groupe, dix ans d’âge, d’avoir sa propre personnalité, son univers à lui. Les douze compositions (toutes en français) s’agrémentent d’harmonica et de cuivres (« Vers l’océan »), de chœurs (« Eldorado »). Les guitares sont nerveuses (« Page blanche », « Avis de tempête », « En quarantaine »), délivrent de beaux solos (« Un banc sur la berge », Virginia »). La basse est au premier plan sur « Catena », « Adieu carapace », « Presqu’île »... « Achromalie » est un morceau fleuve mélancolique, à fleur de peau. « Off with your head » n’a d’anglais que le titre et le refrain. Le rouge est de couleur rock !


BRUITAGE (1000 caractères)
Zedvan
« La zébritude »
(Absilone / Socadisc)
Si Oldelaf a inventé le terme de « tristitude », le néologisme de Zedvan (ex Zed van Trauma) restera aussi dans les annales. « La zébritude », deuxième album du Charentais après « Belge andalou » en 2010, contient douze chansons urbaines, colorées, pince-sans-rire, douces-amères. En formation acoustique (contrebasse, guitares, percussions), aux ambiances jazz, africaines ou latines, Zedvan pose des mots bien pesés, bien sentis, faisant leur effet. Chaque titre apporte un éclairage sur un thème précis, avec son lot de drôleries, de déceptions, d’émotions. Après un « Si tu veux qu’tu t’envoles » existentiel, vient le titre-phare, « La zébritude » et son monde comparé à une jungle. « Il y a longtemps que je poque » est l’autoportrait d’un fumeur impénitent, « J’me tape Zola » est truffé de références littéraires. « Fukushima » est une ode poignante évoquant la catastrophe nucléaire, « L’amour cheap » liste les phases d’une relation éphémère, des noces de fulmicoton à celles de poussière !


MAXIS (400 caractères)
Delbi
« Colors »
(Autoproduit)
Cet EP cinq titres, d’une haute densité émotionnelle, a été réalisé à Bruxelles par Geoffrey Burton, guitariste d’Arno, de Bashung… Le Lillois Delbi, chanteur, multi-instrumentiste, a d’abord enregistré seul « Little Life Music » (2010) avant de se lancer en quatuor pour ce « Colors » très glam rock, avec une prédominance des synthés mêlés à des guitares saturées et une pointe de blues, ici ou là.


MAXIS (400 caractères)
Dtwice
« Night Shield »
(Do You Like)
Le premier titre, « Devil’s tune » (il y en a huit en tout sur cet EP qui prépare la sortie prochaine de l’album solo de David Darricarrère du groupe Smooth), a un côté dansant 80’s, confirmé par les suivants « Bright light » et « Night shield ». Viennent un « Fairy’s blow » fantasmagorique, un « Pleased to meet you » électro gothique, puis trois plages de remixes. Les chœurs féminins sont extras.


MAXIS (400 caractères)
G.Nova
« Misen »
(Autoproduit)
L’instrumental « L’écorce sensible » en 2009 avait créé l’émotion, la surprise. Les cinq titres de « Misen » sont faits de la même fibre, avec une nouveauté : la violoniste Yume est au chant pour le plus grand plaisir de tous. Kowasu est toujours aux percussions, Kasumi à la guitare et au shamisen (luth à trois cordes). Un voyage au Japon a fortement influencé ces compositions douces et délicates.


MAXIS (400 caractères)
Marvin Jouno
« L’ivoire »
(Autoproduit)
Ce jeune auteur, compositeur et interprète, né en Bretagne au milieu des 80’s, sort son deuxième EP après « Eclipse » en 2010. Les quatre chansons pop, en français dans le texte, font la part belle au piano, avec une section guitare, basse, batterie, de beaux chœurs féminins et un tempo bien balancé. Dans la voix un peu traînante il y a du Biolay, du Murat ; les textes sont élégants, énigmatiques.


MAXIS (400 caractères)
Nemo Nebbia
« En direct du brouillard »
(Seconde Lecture Records)
« J’fais du rap et non du slam, j’plane sur le son du tam tam, quelque part entre l’excellence et le bas de gamme, j’ai fait mes premières armes sur un vieux Tascam, quatre pistes, une ligne de basse, une batterie qui castagne… » Le Grenoblois égrène des textes fluides, lucides, à l’image de cette « Enième lune » en forme de mea culpa. Six titres inspirés aux samples atmosphériques, bien balancés.


MAXIS (400 caractères)
Tulsa
« Tulsa »
(Corida / Because Music)
« Maria » débute par les grattements nerveux d’une guitare folk et la frappe soutenue des cymbales avant l’arrivée d’un chant féminin particulièrement majestueux. Les choses se mettent en place, l’Ouest américain débarque dans toute sa splendeur, mi-blues, mi-folk. Le quartet bordelais, deux gars, deux filles, livre cinq chansons tout à la fois intenses et épurées, traditionnelles mais novatrices.

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