mardi 20 juillet 2010

À Charleville

SENSATION
Par les soirs bleus d'été, j'irai dans les sentiers,
Picoté par les blés, fouler l'herbe menue :
Rêveur, j'en sentirai la fraîcheur à mes pieds.
Je laisserai le vent baigner ma tête nue.

Je ne parlerai pas, je ne penserai rien :
Mais l'amour infini me montera dans l'âme,
Et j'irai loin, bien loin, comme un bohémien,
Par la Nature,—heureux comme avec une femme.


AU CABARET-VERT
Depuis huit jours, j'avais déchiré mes bottines
Aux cailloux des chemins. J'entrai à Charleroi.
—AU CABARET-VERT : je demandai des tartines
De beurre et du jambon qui fût à moitié froid.

Bienheureux, j'allongeai les jambes sous la table
Verte : je contemplai les sujets très naïfs
De la tapisserie.—Et ce fut adorable,
Quand la fille aux tétons énormes, aux yeux vifs,

—Celle-là, ce n'est pas un baiser qui l'épeure !—
Rieuse, m'apporta des tartines de beurre,
Du jambon tiède, dans un plat colorié,

Du jambon rose et blanc parfumé d'une gousse
D'ail, —et m'emplit la chope immense, avec sa mousse
Que dorait un rayon de soleil arriéré.

Le festival rock LE CABARET VERT aura lieu les 27, 28 et 29 août 2010 à Charleville-Mézières, square Bayard.
Musée de l'Ardenne, 31 place Ducale, 08000 Charleville-Mézières
Exposition "SINGULIER PLURIEL"
http://www.exposingulierpluriel.com
Avec les artistes : Katy Couprie, Alain Loiselet, Alain Maison, Thierry Pertuisot




PREMIÈRE SOIRÉE
—Elle était fort déshabillée
Et de grands arbres indiscrets
Aux vitres jetaient leur feuillée
Malinement, tout près, tout près.

Assise sur ma grande chaise,
Mi-nue, elle joignait les mains,
Sur le plancher frissonnaient d'aise
Ses petits pieds si fins, si fins.

—Je regardai, couleur de cire,
Un petit rayon buissonnier
Papillonner dans son sourire
Et sur son sein, —mouche au rosier !
—Je baisai ses fines chevilles.

Elle eut un doux rire brutal
Qui s'égrenait en claires trilles,
Un joli rire de cristal…
Les petits pieds sous la chemise
Se sauvèrent : "Veux-tu finir !".

—La première audace permise,
Le rire feignait de punir !
—Pauvrets palpitants sous ma lèvre,
Je baisai doucement ses yeux :
—Elle jeta sa tête mièvre
En arrière : "Oh ! c'est encor mieux !..

"Monsieur, j'ai deux mots à te dire..."
—Je lui jetai le reste au sein
Dans un baiser, qui la fit rire
D'un bon rire qui voulait bien…

—Elle était fort déshabillée
Et de grands arbres indiscrets
Aux vitres jetaient leur feuillée
Malinement, tout près, tout près.




RÊVÉ POUR L'HIVER
L'hiver, nous irons dans un petit wagon rose
Avec des coussins bleus.
Nous serons bien. Un nid de baisers fous repose
Dans chaque coin moelleux.

Tu fermeras l'œil, pour ne point voir, par la glace,
Grimacer les ombres des soirs,
Ces monstruosités hargneuses, populace
De démons noirs et de loups noirs.

Puis tu te sentiras la joue égratignée…
Un petit baiser, comme une folle araignée,
Te courra par le cou…

Et tu me diras : "Cherche", en inclinant la tête,
—Et nous prendrons du temps à trouver cette bête
—Qui voyage beaucoup…
Festival "TAMBOURS DE FÊTE", édition juin 2010
http://www.tamboursdefete.com
Compagnie Transe Express
http://www.transe-express.com

MA BOHÈME (fantaisie)
Je m'en allais, les poings dans mes poches crevées ;
Mon paletot aussi devenait idéal ;
J'allais sous le ciel, Muse ! et j'étais ton féal ;
Oh là là ! que d'amours splendides j'ai rêvées !

Mon unique culotte avait un large trou.
—Petit-Poucet rêveur, j'égrenais dans ma course
Des rimes. Mon auberge était à la Grande-Ourse,
—Mes étoiles au ciel avaient un doux frou-frou

Et je les écoutais assis au bord des routes,
Ces bons soirs de septembre où je sentais des gouttes
De rosée à mon front, comme un vin de vigueur ;

Où, rimant au milieu des ombres fantastiques,
Comme des lyres, je tirais les élastiques
De mes souliers blessés, un pied près de mon cœur !

Nota bene : Toutes les poésies sont d'Arthur Rimbaud (1854-1891), écrites en 1870.
Le festival "Ailleurs poétiques" a lieu tous les ans à Charleville-Mézières au mois d'octobre.
http://www.myspace.com/ailleurspoetiques

À voir : le Musée Arthur Rimbaud et la Maison des Ailleurs (maison Rimbaud)

Woinic le sanglier, sculpture monumentale d'Éric Sléziak, se trouve sur l'aire de service des Ardennes à Faissault Saulces-Monclin, autoroute A 34, sortie 14.

Visiter les Ardennes :
http://www.ardennes.com
http://www.cg08.fr

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