Tes vingt ans ont
été fêtés en grande pompe le dimanche 20 septembre 2015 lors d’une mémorable
partie de jardin ensoleillée, mais je t’avais déjà souhaité ton anniversaire le
21 juin, car j’avais décidé que tu étais née ce jour-là. Sur ton carnet de
santé, ne figurait, pour ta date de naissance, que le mois, et l’année :
juin 1995.
Le temps passant,
avec les visites annuelles, en octobre, pour le rappel de tes vaccins, j’en
suis venue à penser qu’il serait bon de fixer un « vrai » jour, pour
ta venue au monde. Tous les ans, je me disais : « Encore un an ! »
Tu battais tous les records ! J’ai choisi le 21 juin et à partir de ce
moment, la Fête de la Musique est devenue aussi le jour de ton anniversaire.
Tout ce qui a
contribué à ce que je t’adopte est encore douloureux aujourd’hui, même si ça
fait vingt ans ; même si j’oublie complètement à des moments, ça revient,
quand même. Ça fait aussi vingt ans que tu partages ma vie et ça c’est
inestimable, c’est presque inconcevable, c’est si rare…
Tu poursuis
tranquillement ton existence à mes côtés, fidèle, coriace, combative, tellement
présente. Je ne peux t’en vouloir d’avoir pris la place des deux autres, ceux auxquels
je tenais tant, les disparus ; ils étaient tellement complices, ils se
sont sauvés ensemble. Un soir d’octobre, en 1995, je suis venue te chercher
là-bas, je t’ai ramenée chez moi, l’espoir de retrouver les deux autres était
éteint.
Tu étais si jeune
encore, si joueuse, si facétieuse ! J’ai connu une période difficile, lors
de ces premiers mois partagés avec toi. Je me suis arrêtée de travailler, pour
cause de dépression, un gros chagrin d’amour qui a eu du mal à passer. J’ai
quitté le village où j’avais mon travail et aussi mon domicile, t’emmenant avec
moi, pour aller chez les uns chez les autres, mon père, ma mère, mon amie
Myriam, mon frère et Sandrine…
Partout où j’allais
ça ne se passait pas bien, ça ne pouvait pas bien se passer, une souffrance
atroce me dévorait nuit et jour, je ne parvenais pas à y faire face. Les
médicaments ne faisaient pas encore leur effet, j’avais des suées nocturnes,
avec toutes ces pensées, tout ce chagrin, tous ces regrets de n’avoir pas su
être à la hauteur dans cette histoire d’amour.
Voilà comment tu as
débarqué dans ma vie. Je t’aurais peut-être prise, même si j’avais retrouvé les
deux autres. Mais non, aucun signe, jamais. La famille s’est agrandie, au fil
des ans. J’en ai pris un autre, parti sans revenir, et puis un autre encore, disparu
lui aussi… À croire que tu voulais rester seule avec moi, que tu leur avais
jeté un mauvais sort !
J’ai retenté l’expérience
avec un autre, encore, et celui-là, il est resté, il s’est accroché. Il est toujours
là aujourd’hui, lui aussi partage ma vie. Il fait sa vie, dehors, aussi. Tu ne
l’as jamais vraiment apprécié, tu continues à lui montrer que tu ne l’aimes pas,
quelles colères, parfois ! Il faut dire qu’il n’a jamais été sympa. Sur le
qui-vive en permanence, jamais content, toujours un mauvais coup caché derrière
une apparente gentillesse. Un caractériel. Il vaut mieux s’en méfier. Comme de
la peste.
La petite dernière,
c’est une vraie crème. Elle s’est imposée à notre univers, il ne pouvait pas en
être autrement, elle voulait que je la choisisse, c’est ce que j’ai fait. Elle
vous voyait, tous les deux, si heureux de vivre ! Vous êtes trois sous mon
toit, dorénavant, et c’est très bien comme ça. Je vous aime, tous les trois. Et
toi, tu franchis les années, les unes après les autres, tu m’étonnes d’être
toujours là, d’être encore là, d’assumer ton grand âge.
Le 21 décembre 2015,
tu as eu vingt ans et demi. J’ai tenu à te les souhaiter, c’est tellement
extraordinaire ! Et puis on a remis ça, le 31, avec mes amis. Tu étais là,
avec nous, et avec les deux autres. Tu as aimé le froid gras. La petite crème,
elle, c’était la bûche au chocolat. Le caractériel était vautré sur le canapé.
Ce soir-là, on a
porté un toast à ton incroyable longévité et j’ai été très fière de dire à
mes amis : « Ce chat tigré, c’est Léa, elle a vingt ans et demi ».
À lire, sur ce blog, toutes mes Histoires courtes (ou plus longues) et les Bonheurs félins.
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