mercredi 31 décembre 2014

Valier

VALIER
"Cavalier seul"
Autoproduit
Le disque est arrivé courant novembre 2014 dans une enveloppe en papier kraft, scellée par du gros scotch marron. Chouette ! Un envoi de Brest ! Sur la pochette, il y a la photo noir et blanc d’un cycliste d’un autre temps, en pleine ascension. Le CD est précautionneusement emballé dans un papier de soie rouge, assorti au lettrage du titre de l’album (fin jeu de mots) au recto, et à la liste des chansons (douze en tout) au verso. Valier récidive, enregistre seul, et avec Anne Auffret à la harpe, de nouvelles compositions, très inspirées par la Bretagne et ses racines profondes. Il va jusqu’à chanter en breton, cela lui va plutôt bien. Ce troisième album puise donc dans le registre des traditions finistériennes, mais aussi celui, plus large, de la pop, de la folk, de la chanson française. Si "Le grand frisson" a, d’emblée, des résurgences dylaniennes, "Gwerz Pontkalleg" (puis, plus loin, "Amzer bask" et "Evit beva gant levenez") plonge dans une Bretagne ancestrale, réinventée façon Valier, avec son jeu couplet-refrain tournant en boucle, faisant écho à la guitare. "Combien j’ai douce souvenance" est un poème de Chateaubriand (natif d’Ille-et-Vilaine) mis brillamment en musique par ses soins. Il y a aussi des chansons plus personnelles, où  pointe l’humour désenchanté cher à l’auteur : "Étrange folie", "J’ai perdu ma jeunesse", "Hypocondrie", "La faute du sergent poivre", "Joyeux lurons". "Maël carhaix" et "Ariadna" apparaissent plus comme des ébauches, des "work in progress".
http://valierexperience.free.fr

L’on peut se procurer le disque en envoyant un chèque bancaire de 12 € à Patrick Chevalier, dit Valier, au 30 rue Branda 29200 Brest. "Cavalier seul" est disponible chez les disquaires brestois.
Retrouvez la dernière interview de Valier pour le magazine Sept Jours à Brest :
Et, la précédente, au sujet de son deuxième album "Le paradis perdu" :
Patrick Chevalier est aussi sculpteur :
http://lagalerie29.fr/chevalier-patrick-sculptures/

Ce texte, au sujet de "Cavalier seul", a été écrit par un ami de Valier :
La sincérité écrivait Roger Martin du Gard, est une chose subtile, difficile, la récompense d’un effort prolongé de probité et de dignité envers soi-même. Le dernier album de Valier est un album sincère. Sur ce disque artisanal, écrit, produit, joué, chanté et réalisé par un seul homme, fors la harpe d’Anne Auffret sur trois compositions, les morceaux s’enchainent, proposant des esthétiques variées, inattendues, avec des influences et des racines revendiquées – plusieurs reprises - naviguant d’un monde l’autre pour finir par n’en faire qu’un, ennobli des traces d’un passé qui dure. Il faudrait faire la généalogie de chaque morceau, trouver les liens secrets qui expliquent leur succession pour exprimer à quel point ce disque est passionnant, à rebours de toute attente. Le morceau qui clôt l’album, "Ariadna" est emblématique de cette ambition : il constitue la quintessence de la discographie de l’artiste, en un saisissant tour de force. De la rue de Vern à Rennes, lieu d’une enfance où tout a commencé, à l’île d’Ouessant et ses cormorans, encore  préservée d’une modernité galopante, Valier résume une vie, en une dizaine de lignes frappées du sceau de la grâce. De la belle harpe d’Anne Auffret s’égrènent alors une à une, les notes idoines pour accompagner la poussière d’or, l'or du temps, que laisse échapper de sa belle voix grave, inimitable, et à destination des âmes perdues un artiste aujourd’hui ignoré, délibérément écarté d’un espace public saturé de pitres. "Cavalier seul", oui, avec la force et la pugnacité du Jean Robic de la pochette, en plein effort dans un col. Au loin, au bout de la montée, l’admiration et le respect de ceux qui auront suivi toute l’étape.
Philippe Beurel

Les chroniques suivantes ont été écrites pour le magazine Sur la même Longueur d'Ondes :

LO #41 (automne 2007)
VALIER
"Valier"
La Blanche Production
Seul à la guitare et à l'harmonica, ce Rennais devenu Brestois, pas né de la dernière tempête, nous crache quinze chansons rageuses, rugueuses, fougueuses et ravageuses. Chez lui, le blues s'écrit "blouse", du verbe blouser : "induire en erreur, abuser". Il nous l'assène à toute vitesse, à grands coups d'accords brutaux, de riffs sauvages, de textes incendiaires. Son imparable voix grave n'en finit pas de nous poursuivre, de nous hanter, de nous posséder, de nous consumer. Tout est intense, tout est urgence, tout est extrême. Loin des modes et des enjeux, l'homme, excentrique et solitaire, s'expose à vif, fait du rentre-dedans. On se sent bousculé, culbuté, terrassé ; on n'en sort pas indemne. On reste "sur le cul" et on en redemande : ça fait du bien, c'est salutaire. Pour mieux cerner le personnage, on lira, sur son site, "Ses combats", suite d'interviews finement menées, lucides, acides et désarmantes.

LO#43 (février 2008)
VALIER
"Valier chante l’amour"
C'est le titre du deuxième album du Breton Patrick Chevalier, arrangé et mixé par Fred Gransard, de Bikini Machine. Moins de guitares, plus de claviers que sur le premier, mais toujours cette voix grave, envoûtante, ténébreuse. L'artiste propose dix chansons singulières, aux textes tendres, désinvoltes, doux-amers. Il recherche un label.

LO #64 (été 2012)
VALIER
"Le paradis perdu"
Autoproduit
Le premier album éponyme de cet artiste brestois (par ailleurs sculpteur) est paru en 2007, nous l’avions chroniqué de façon enthousiaste, succombant à sa poésie sauvage, sa voix grave, sa guitare dans l’urgence. "Le paradis perdu" a été composé en 2008, il aura fallu attendre quatre ans avant sa sortie officielle. Valier change de registre pour notre plus grand plaisir, met en valeur sa voix particulière sur des chansons plus intimistes, plus posées, plus sereines. "Les femmes et l’alcool" du premier album est reprise ici en version acoustique. Plus loin, le blues de "Luxembourg", sa nostalgie, ses regrets : "Je prends  ma tête dans mes mains, dans ce jardin, assis sur le bord du bassin, pendant ce temps les enfants font voguer des bateaux, sur l’eau. " Il y a "Les roses fanées ", et sa troublante complainte, "Rêver encore", et ses  chœurs délicats… Le tout est produit et arrangé par Fred Gransard, de Bikini Machine.

Cet EP vinyle (3 titres) de Valier est en vente sur http://valierexperience.free.fr au prix de 7 €.

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