samedi 1 mai 2010

Copine d'avant


Il y a un peu plus d'un an, l'idée m'était venue de m'inscrire sur le site internet "Copains d'avant". J'avais envie de retrouver des personnes dont j'avais perdu la trace, j'avais envie qu'on me retrouve, peut-être aussi. C'est une façon simple de communiquer, d'échanger quelques nouvelles, se souvenir du temps passé. Je voulais moi aussi ma fiche sur "Copains d'avant", c'était décidé.
Je m'y suis mise un soir, ce n'était pas très compliqué ! J'ai choisi une photo pour m'identifier : un autoportrait devant l'ordinateur, avec le chat sur les genoux. J'ai saisi mon parcours scolaire, j'ai indiqué ma profession actuelle, ma date de naissance, mon lieu de résidence… Rien d'autre de personnel, le strict nécessaire.
Au moment de mon inscription, je venais de remettre en forme deux textes où j'évoquais des souvenirs de jeunesse, mes vingt ans, mes premières années de fac, ma vie d'étudiante, mes soirées champenoises… J'avais en projet de les publier sur mon blog en y ajoutant des photos. J'ai toujours aimé "témoigner", rassembler des souvenirs.

Le premier texte s'appelait "Le secret de Patrice" et dans le second, "Impasse du Levant", je décrivais l'appartement que j'avais partagé avec deux autres filles, pendant mes études à Reims. Maryline et moi étions en deuxième année de DEUG, Nathalie en terminale. J'aimais la qualité de nos échanges, nos discussions, nos confidences. Nous avions partagé de bons moments, ça pouvait être chouette, la vie à trois.
Je me demandais ce qu'elles devenaient, toutes les deux. Depuis tout ce temps ! Peut-être les retrouverais-je sur "Copains d'avant" ? Je pensais aussi à Véronique, à Valérie, à Isabelle, fréquentées à la même époque.
Après le DEUG, nos études avaient pris des chemins différents, Maryline et moi n'allions pas dans la même fac à la rentrée… Finie, la cohabitation ! Nous avons tout de même continué à nous voir, nous retrouvant parfois dans le même train pour Paris le matin, sortant le week-end avec des amis communs, passant l'une chez l'autre... Jusqu'à ce que nos vies s'éloignent vraiment.

C'est venu progressivement, au début on ne se rend pas compte… La dernière fois où nous nous sommes vues avec Maryline, c'était en juillet 1990. Je m'en souviens car ce jour-là, je les avais photographiées elle et sa fille, tout bébé. J'avais inscrit la date au dos de la photo, avant de la glisser dans la pochette plastique d'un gros album, au milieu d'autres portraits.
Et voilà que je la retrouvais, Maryline, sur "Copains d'avant" ! J'étais très émue ! Sur sa fiche il y avait cette photo d'elle, avec vingt ans de plus, une belle femme, mère de trois enfants. Sa fille aînée avait dix-neuf ans ! Dans son regard j'ai reconnu cette part de rêverie, dans son sourire il y avait toujours ce léger accent fait de douceur et de tristesse.

Maryline avait beaucoup compté pour moi, je regrettais souvent de n'être plus son amie. Nous nous étions connues en première année de DEUG et nous avions été très proches, déjà parce que nous révisions ensemble, cela créé des liens, aussi et surtout parce que nous nous construisions l'une au contact de l'autre, nous nous révélions, explorant notre passé à la lumière de nos nouvelles connaissances en psychologie, analysant nos relations avec les autres, cherchant des réponses…
J'ai envoyé un mail à Maryline. Je lui disais ma joie de l'avoir retrouvée, je lui donnais quelques nouvelles, je l'engageais à me répondre, ce qu'elle a fait dans la foulée. Je me suis empressée de lire ce qu'elle m'avait écrit ! Au fil des mois nous avons échangé de longs courriers, reprenant les confidences, nous décrivant telles que nous étions devenues, de jeunes femmes à femmes mûres…

Maryline était restée en contact avec Nathalie, elle lui avait même rendu visite récemment, dans le Sud de la France, à un moment où elle avait besoin "de faire le point, de parler avec une personne qui la connaissait bien…" Voilà où nous avait conduit la vie, voilà où nous en étions l'une et l'autre, avec tout ce temps qu'il nous restait encore.
Nous avions toujours des affinités, des sujets sur lesquels échanger, à quarante-cinq ans nous ne manquions ni de curiosité ni d'ouverture. Quel plaisir d'être à nouveau en contact avec elle, ne fût-ce que par la correspondance électronique ! À aucun moment nous n'avions émis le souhait de nous revoir, "en chair et en os".

Maryline aimait lire, voir des films, aller au concert, au théâtre, donner ses impressions, surfer sur le Net, écrire des poésies. Elle prenait toujours des photos, en partageait sur sa fiche : ses trois enfants, elle et ses enfants, ses chats, son jardin, des paysages de mer ou de montagne au gré de ses vacances, des portraits d'ami(e)s… Je lui ai donné l'adresse de mon blog.
Au mois de septembre, Maryline m'a souhaité mon anniversaire le jour J, j'ai été très touchée. Je lui ai rendu la pareille, au mois de novembre. Sa date de naissance, je l'avais conservée dans mes vieux papiers. Sympas, ces petits courriers par "Copains d'avant" ! Nous avons échangé des mails à Noël, nous nous sommes souhaité une bonne et heureuse année 2010…
Dernièrement, Maryline m'a écrit via MySpace, pour me recommander un groupe de rock français. Cliquant sur le lien, j'écoute quelques titres, mais je n'accroche pas. Je lui réponds tout de même, je suis tellement contente d'avoir un signe d'elle !

Je la remercie pour ce groupe qu'elle m'a fait découvrir, même si je n'apprécie pas. Je lui dis que comme elle, j'aime toujours écouter de la musique, je lui cite mes groupes préférés du moment : Elista, Broken Box, Eiffel. Je fais quelques commentaires, je lui donne les liens vers MySpace, je lui souhaite une bonne écoute, son avis m'est précieux ! Je lui demande comment elle va, je lui dis à bientôt…

A-t-elle reçu mon message ? J'attends toujours de ses nouvelles.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire