mercredi 2 octobre 2013

Journal de bord : semaine 4


Lundi 17 juin 2013

Il y a cinq absents ce matin, pourtant ce n’est pas encore les vacances et je ne rends les livrets qu’à la fin de la semaine ! Le ciel est noir, très menaçant ; l’orage ne tarde pas à éclater, empêchant les élèves de se concentrer pendant la lecture à haute voix du conte des 1001 nuits « Ali Cogia ».

En maths, j’ai préparé une évaluation sur la technique de la division (à un chiffre au diviseur), il y a cinq opérations à poser, je ne peux pas les aider puisque c’est une évaluation, je veux voir où ils en sont, je les laisse se débrouiller… Plus tard, en corrigeant les cahiers, je m’aperçois que les résultats sont meilleurs que je ne le pensais. Le principe a été compris dans l’ensemble, je suis relativement satisfaite.

La leçon de vocabulaire porte sur le thème des aliments et des repas, je suis une fois de plus obligée de donner les réponses à ceux qui ne savent pas, j’écris les solutions au tableau… Je me dis qu’au moins ils auront appris quelque chose.

Mehdi et Schaïneze reviennent l’après-midi, l’un avec l’excuse, comme à l’accoutumée, d’une « panne de réveil », l’autre parce qu’elle avait « mal à la tête ». Beyza reste absente, Elif aussi. Safeer n’est pas là non plus. Les enfants sont debout en permanence, ils ont toujours une bonne raison pour se lever, pour se déplacer dans la classe ; il est très difficile de travailler correctement.

Je suis fatiguée, je n’ai plus envie de « me battre ». J’attends, stoïque, assise au bureau, qu’ils se calment pour pouvoir continuer. Heureusement, il y en a tout de même toujours un ou une pour dire aux autres : « La maîtresse, elle attend ! » et la classe dans son ensemble finit par retrouver un regain d’attention pour la suite des activités.

En expression écrite, je propose une fois de plus d’inventer une poésie, il s’agit aujourd’hui de compléter les vers d’un texte avec ses idées personnelles. La poésie originale s’appelle « L’enfant précoce » de René-Guy Cadou, je la donnerai aux élèves le lendemain, pour qu’ils puissent comparer avec leurs propres écrits.

Mardi 18 juin 2013

La chaleur sera moite, orageuse, durant toute cette journée. Il y a la pression des enfants qui rechignent à travailler, qui râlent, qui se plaignent, qui me font des reproches… La matinée est consacrée à des évaluations pour compléter le livret ; l’après-midi est infernale, il fait trop chaud dans la classe malgré les effets de courant d’air obtenus en ouvrant la porte et les fenêtres.

Nous allons en salle informatique : un demi-groupe aura l’autorisation de jouer « librement » sur les ordinateurs pendant que l’autre travaillera avec moi en histoire sur des documents traitant de la Renaissance (l’influence des artistes Italiens ; Léonard de Vinci, sa machine volante, la Joconde ; le mécénat du roi François 1er ; la maîtrise de la perspective dans la peinture ; la construction de châteaux ornementés, utilisés comme lieu de résidence et non plus comme moyen de défense…). Puis j’intervertis les demi-groupes.

D’une façon générale, aujourd’hui, ça ne capte pas, ça perturbe en permanence, ça s’insulte, ça se tape, ça dépasse les limites, ça perd la boule. Il y a des journées comme celles-ci qui ont de quoi me dégoûter de l’enseignement. Heureusement, ça ne dure pas.

Jeudi 20 juin 2013

Calme relatif et ambiance de travail à peu près « normale » ce matin, pour la grammaire et la conjugaison. En EPS, je suis contente de voir les deux tiers des élèves courir les six minutes demandées pour avoir A dans le livret. Souhaïb me dit, tout joyeux : « Ah maîtresse c’était bien de courir comme ça, je me sens bien ! »

L’écoute est attentive pendant la lecture offerte : « La sorcière du placard aux balais » de Pierre Gripari. Il faut dire que je mets le ton, que je change de voix pour les dialogues… Cette activité quotidienne est toujours appréciée et demandée par les enfants, cela me fait plaisir.

Puis c’est l’évaluation ultime en problèmes, car il n’y a aucune note sur les livrets sur les trois trimestres. Avant la distribution des cahiers, nous lisons les problèmes ensemble sur le livre, je m’assure que tout le monde a compris les procédures. J’écris une « trame » pour les calculs et pour les phrases des réponses, il n’y a plus qu’à recopier et à compléter. Certain(e)s pigent très vite et rendent rapidement leur travail, d’autres ont plus de mal, ou ne veulent pas se donner la peine… Je ne peux pas les aider plus.

En géographie, je veux terminer la leçon sur les départements et les régions de France. C’est le grand bide, en fin de journée  la classe disjoncte complètement ; Mehdi, Mody et Moussa sont carrément à côté de la plaque, rien à faire pour les « raisonner ».

Vendredi 21 juin 2013

Mehdi est absent, Mody est toujours aussi agité, Moussa est motivé pour travailler. Pour certains élèves, c’est la dernière journée de classe ; après la remise du livret, ce soir à partir de 16 heures 30, ils ne reviendront pas. J’ai toujours du mal à comprendre qu’on puisse partir en vacances « avant les vacances » mais c’est comme ça ici, il faut s’y faire. Dans cette même commune, à l’école du centre-ville, je sais que les livrets ne seront rendus que le 28 juin et que la majorité des enfants sera présente jusqu’à la fin, soit le 5 juillet… On ne vit pas dans le même monde, ça a de quoi surprendre, donner à réfléchir.

En début d’après-midi, un spectacle surprise a lieu dans la cour de l’école avec tous les élèves, en l’honneur de la directrice qui prend sa retraite. Sketches, danses, chants, dont ce touchant « Adieu madame la directrice » connu par toute l’école… Les filles de ma classe font une petite chorégraphie, qu’elles ont répétée ce matin dans la cour de récréation. À la fin du spectacle et après un petit discours de la directrice, des enfants pleurent à chaudes larmes, c’est très émouvant.

La journée est longue, je pars de l’école à 19 heures 30, j’ai vu pratiquement tous les parents (dix-huit sur vingt et un) pour la remise des livrets. Les élèves passent tous en CM2, les jeux étaient faits depuis longtemps, mais j’ai ménagé le suspense au maximum… On prend de bonnes résolutions pour l’an prochain : il faudra travailler sérieusement et régulièrement pour préparer la 6e !

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