Lundi
24 juin 2013
Mehdi
arrive sans ses affaires de classe et complètement à l’ouest. Il dérange tout
le monde, est agressif avec ses camarades, ne veut/peut pas travailler… Je
l’envoie chez ma collègue Hélène avec des lignes. Mamadou prend aussitôt le
relais avec ses bavardages, son insolence : il va directement chez ma
collègue Graziella, lui aussi avec des lignes.
Simbara,
dont c’est le dernier jour d’école, en remet une couche en réclamant la liste
du matériel pour la rentrée. J’ai beau lui dire que la maîtresse de CM2, nouvellement
nommée, ne l’a pas encore donnée, il insiste lourdement. Mody demande à changer
de place ; il m’a promis vendredi, ainsi qu’à son père, qu’il
travaillerait mieux en étant derrière, qu’il y sera plus tranquille. Je
l’autorise à « déménager ».
La
leçon de vocabulaire a pour thème le sport, les disciplines, le matériel. Comme
d’habitude, je constate la pauvreté du lexique. J’engage les élèves à faire des
recherches sur le dictionnaire ; ceux qui trouvent donnent la réponse aux
autres, moi j’écris au tableau, puis je vérifie que le travail est fait sur les
cahiers…
Ça
se dégrade dès le début de l’après-midi (suite et fin de « La sorcière du
placard aux balais » de Pierre Gripari) malgré ma volonté d’être dans un rythme
plus « cool » et de travailler dans une ambiance détendue (il n’y a
plus l’enjeu du livret).
J’adopte une attitude facilitatrice pour démarrer, sans stress, les divisions à deux chiffres au diviseur, avant d’enchaîner, en sciences, sur l’importance du sommeil pour la croissance et les apprentissages… C’est le délire total avec l’apparition d’un cafard, sorti du cartable de l’un(e) ou de l’autre ; personne n’écoute, ça ne sert à rien de s’acharner, je laisse tomber.
J’adopte une attitude facilitatrice pour démarrer, sans stress, les divisions à deux chiffres au diviseur, avant d’enchaîner, en sciences, sur l’importance du sommeil pour la croissance et les apprentissages… C’est le délire total avec l’apparition d’un cafard, sorti du cartable de l’un(e) ou de l’autre ; personne n’écoute, ça ne sert à rien de s’acharner, je laisse tomber.
Mardi
25 juin 2013
Finalement
Maïssa ne part pas en vacances tout de suite ; a priori Schaïneze, Sibel
et Sila ne reviendront plus. Simbara n’est plus là et c’est le dernier jour de
classe pour Mohamed-Amine, pour Mehdi aussi.
Ce
matin, lecture à haute voix de « Hassan le cordier », un autre conte
des 1001 nuits ; je sens bien que ça ne les passionne pas. En orthographe,
j’annonce : « Voici comment on travaille en CM2 » et je propose
quatre exercices de révision à faire dans le calme, en autonomie. « Si
vous ne comprenez pas, vous levez le doigt, et je viens vous voir pour vous
expliquer. Mais vous devez absolument travailler dans le silence, en CM2 ça
sera comme ça. »
Quand
Mamadou revient de sa punition chez mon collègue Pascal (suite à son insolence
coutumière), il est surpris par l’ambiance sérieuse et travailleuse qui s’est
installée et n’ose pas de nouvelles provocations. Malheureusement ça ne dure
pas. Après une récréation un peu trop longue, retour en classe dans la
confusion et le chaos.
Les
choses ne s’arrangent pas l’après-midi. Il y a ceux et celles qui s’accrochent
et qui me suivent, qui ne demandent qu’à travailler. Il y a ceux et celles qui
font tout pour provoquer le désordre, qui sont violents, grossiers, en roue
libre, ingérables.
Jeudi
27 juin 2013
Treize
élèves sont présents le matin, Mody et Souhaïb reviennent l’après-midi, c’est
l’école à la carte ! La journée se passe correctement, on continue à
travailler, à avancer dans le programme (en maths) ou à faire des révisions (en
français).
La
lecture offerte de « Blanche-Neige » (version des frères Grimm) a
beaucoup de succès. Les élèves suivent pas à pas l’avancée du conte, pointent
les ressemblances ou les différences avec la version qu’ils connaissent :
celle du dessin animé de Walt Disney.
Je
donne encore des devoirs pour le lendemain. Nous ferons un goûter l’après-midi,
je compte sur eux pour apporter des boissons, des bonbons, des gâteaux (pas de
chips).
Vendredi
28 juin 2013
Le
matin treize élèves sont là, il y en a quinze l’après-midi (Mody a encore eu
une panne de réveil, Yunus-Emre avait mal à la jambe). J’ai des scrupules à les
faire travailler, mais après tout je suis payée pour enseigner, non ?
En
conjugaison ce sont des exercices de révision, en géométrie ce sont des figures
« esthétiques » à construire en utilisant le compas. Naïma et
Rebecca, qui d’habitude renâclent à faire le moindre effort, se mettent
ensemble pour travailler, reproduisent avec soin « le carré dans le
cercle » et « la pervenche » puis s’appliquent à les colorier
(j’autorise « exceptionnellement » les feutres). Elles sont très
fières du résultat et je suis agréablement surprise.
Quand
je donne du travail aux élèves, ils râlent ; quand je les autorise à ne
pas travailler (en leur proposant une palette d’activités : coloriages,
mots croisés, jeux sur l’ordinateur, jeux de société…), ils s’énervent vite,
s’ennuient, ne savent pas s’occuper et ça dégénère. Il faut recadrer,
recentrer, menacer, en permanence.
L’heure
du goûter arrive, il y a de quoi boire et manger, Macouta a fait des crêpes
maison ! Pendant la récréation j’ai tout préparé, disposé les boissons et
les victuailles sur des tables que j’ai déplacées vers le tableau. Je serai
debout pour « diriger les opérations », les élèves seront assis,
seul(e)s ceux ou celles que j’aurai désigné(e)s auront l’autorisation de se
lever pour servir ce qu’ils/elles ont apporté.
Les
choses doivent rester conviviales mais si je ne verrouille pas assez, si je ne
reste pas sur mes gardes, si je ne montre pas mon autorité, je ne suis jamais à
l’abri d’un débordement. On monte sur les tables, on se met à crier, on
renverse la boisson, on joue avec la nourriture…
Le
goûter se passe bien dans l’ensemble, tout le monde a bien bu bien mangé,
ils/elles ont même un peu chanté et dansé… À 16 heures et quelques, tout est
rangé, les cartables sont prêts, je ne donne pas de devoirs (alors que j’avais
prévu de le faire), j’invite les élèves à descendre jouer dans la cour, pour
que le « trop plein d’énergie » soit évacué à l’extérieur plutôt que
dans la classe.
Un accident survient à la dernière minute, pourtant j’ai été vigilante, je surveillais la cour : Yunus-Emre tombe et se fait mal au bras alors qu’il jouait au foot, je le soigne et préviens sa mère par sécurité, c’est la grande sœur qui va venir le chercher… C’est l’heure de la sortie, je souhaite de bonnes vacances aux élèves qui ne reviendront pas lundi. C’est un état de fait, l’école est finie, une loi tacite s’impose ici, en marge des dates officielles, légales, nationales, réglementaires…
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