Lundi
10 juin 2013
Que
de temps perdu afin d’obtenir le calme, avant de pouvoir commencer une nouvelle
activité ! Je répète les mêmes choses à longueur de journée, je pousse au
travail des enfants qui n’en ont pas envie… Pour certain(e)s, j’ai envie de
laisser tomber, cesser de m’acharner alors qu’ils n’en ont rien à faire. Mais
je retourne toujours vers eux/elles, je ne peux pas ne pas faire mon métier.
Je
vais voir la directrice avec Mamadou, insupportable en classe, qui passe son
temps à me répondre et à me tutoyer à la moindre remarque de ma part. Il a le
culot de dire à la directrice que c’est moi qui lui manque de respect !
C’est le monde à l’envers !
Mardi
11 juin 2013
Nous
travaillons le matin, je collecte l’argent pour la loterie et pour les cartes
de jeux : la kermesse a lieu l’après-midi. Mehdi est encore absent, il
arrive à 13 heures 20 en me donnant comme excuse : « Elle ne m’a pas
réveillé. » « Elle », c’est sa mère, une femme complètement à la masse qui, quand par bonheur emmène ses trois enfants le matin à l’école (il
y a un plus jeune frère en élémentaire, une petite sœur en maternelle, il y a
aussi un frère aîné au collège), est le plus souvent en tenue négligée (pyjama,
pas coiffée, clope aux lèvres…). Mehdi a un billet de 50 € à la main pour payer
la kermesse, je préviens la directrice, elle lui vend deux cartes de jeux à 5 €
(une pour lui, une pour son frère) et met l’argent restant dans une enveloppe,
qui sera restitué plus tard à ses parents.
Je
prends en charge le chamboule-tout avec Assa et Moussa comme « assistants ».
Ce sont les deux seuls enfants de la classe qui n’ont pas acheté de carte, ça
m’ennuie de leur en donner une gratuitement alors que tous les autres ont payé.
Ils me rendent bien service, ramassent les boîtes qui tombent, les replacent
sur la table, vont rechercher les balles, les distribuent aux joueurs… Comme
ils m’ont bien aidée et que d’autres enfants veulent les remplacer, je leur donne
finalement une carte, c’est normal qu’ils s’amusent eux aussi.
La
directrice met de l’ambiance avec la musique et son micro sans fil, elle passe
de stand en stand et fait des commentaires ; je danse, les enfants
sourient, le temps passe vite, c’est un bel après-midi !
Jeudi
13 juin 2013
Je
continue mes séances d’EPS dans la cour, certain(e)s sont toujours aussi peu dégourdi(e)s
et ne sont pas encore au clair avec les consignes de déplacements : ils/elles
confondent pieds joints avec cloche-pied, ils/elles ne savent plus ce que sont
des pas chassés… Je parviens à les faire courir six minutes en endurance (et
encore, pas tous/toutes) après trois mois d’entraînement hebdomadaire.
L’évaluation
départementale de sciences comporte, pour la fiche « mélanges et
solutions », une séance de manipulation où il faut dissoudre du sucre dans
de l’eau. Chaque élève a, sur sa table, un gobelet en plastique transparent (je
les ai achetés avec l’argent de la coopérative) et un sachet de sucre en
poudre (fournis par mes soins). Des cuillères en métal (provenant de la
cantine) circulent pour « touiller ».
Ce
n’est qu’une petite expérience, mais elle provoque l’hilarité générale, surtout
quand, pour vérifier que le sucre s’est bien dissous dans l’eau, qu’il n’a pas
« disparu » comme certain(e)s le pensent, les enfants boivent l’eau
du gobelet et constatent qu’elle a un goût sucré. J’anticipe les débordements,
je maîtrise les agitations, nous passons aux questions du livret, nous y
répondons ensemble.
Vendredi
14 juin 2013
Le
matin, comme prévu, nous retournons à la bibliothèque pour visiter l’exposition
consacrée à l’opéra et trouver les réponses au quizz. Les enfants sont
intéressés, cherchent les informations, me sollicitent pour que je les aide. Je
repars satisfaite, en remerciant les deux bibliothécaires pour leur initiative
et leur disponibilité.
Le
début d’après-midi est très houleux ; comme je ne peux commencer la
géométrie dans le bruit et que « la musique adoucit les mœurs », je
leur passe le grand air de « La Norma » avec la cantatrice Montserrat
Caballe. Cela leur plaît beaucoup, ils se reposent, ils se calment.
C’est
tout de même fatigant de lire et de comprendre une fiche de construction
géométrique, surtout quand il n’y a plus de modèle à disposition… Il y a ceux
et celles qui font des efforts, qui se lancent quand même, qui
réussissent ; je les encourage et je les félicite ; il y a ceux et
celles qui attendent que « je leur mâche le travail » en leur
montrant le modèle, sur ma fiche de préparation ou au tableau ; il y a
ceux et celles qui sont toujours malhabiles avec le compas, qu’il faut aider,
suivre pas à pas…
En
fin de journée, je réalise devant les élèves intéressés l’expérience consistant
à « récupérer » du sucre dissous dans l’eau, en faisant chauffer le
tout dans une casserole sur un petit gaz de camping (apportés par mes soins).
Je fais attention à ce que le sucre ne se transforme pas en caramel, les
enfants goûtent ce qui reste au fond après l’évaporation de l’eau, constatent
que c’est sucré, que le sucre est bien là… C’était important pour moi de le
faire, d’aller au bout des choses.
Avant
de quitter la classe, Mamadou, qui s’est fait remonter les bretelles par ses
parents suite à son passage, lundi, dans le bureau de la directrice, me
demande : « Ça a été, aujourd’hui,
maîtresse ? » C’est-à-dire son comportement... Je lui réponds
que oui, qu’il a fait des efforts, qu’il s’est mieux tenu, qu’il a été plus
correct avec moi… J’attends qu’il continue à bien se comporter la semaine
prochaine !
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