Et hop ! Alors que les fidèles lecteurs se précipitent sur le numéro 65 du magazine Sur la même Longueur d'Ondes, "le détonateur musical" relooké et toujours gratuit, le numéro 66 (parution en décembre) est déjà en préparation !
Ma contribution au 65 fut généreuse : sept chroniques en tout, dont deux, malheureusement, n'ont pas été publiées dans la version papier du magazine et ne sont pas encore en ligne sur le net.
Elles seront donc proposées ici "en exclusivité" (pour le moment), il s'agit d'artistes de bonne renommée :
-Mathieu Boogaerts : "Mathieu Boogaerts"
-Treponem Pal : "Survival Sounds"
Les autres chroniques sont les suivantes :
-Manuchka : "Manuchka"
-Merakhaazan : "Récital électronique"
-Céline Ollivier : "La femme à l'éventail"
-Papaya Cake : "Le bison blanc"
-Pillow Pilots : "The draft EP"
Alors bonne lecture et bonne écoute !
BRUITAGE
(1000 CARACTÈRES MAXI)
MATHIEU
BOOGAERTS
"Mathieu
Boogaerts"
(Tôt
ou tard)
Quelles
raisons peuvent motiver cet artiste, connu et reconnu, à sortir un album
éponyme, alors qu’il en a cinq autres à son actif ? Nous pourrions
répondre qu’il fait là un retour aux sources, qu’il se recentre sur lui-même,
qu’il se réaffirme en tant que "Mathieu Boogaerts", chanteur et
musicien, auteur et compositeur… Certes, son album précédent "I love you"
date de 2008 (chronique dans le numéro 47 de Longueur d’Ondes), mais il n’a pas
chômé ces quatre dernières années, donnant de nombreux concerts, notamment à la
Java (Paris) où il a mis sur pied un nouveau répertoire. Les douze titres de ce
nouvel album sont issus de la scène, des échanges avec le public, au fil des
représentations. "I love you" mettait en avant la batterie, ici la
guitare est à son avantage ("Je sais", "On dirait qu’ça pleut",
"Une berceuse"), tandis que le piano se fait reggae ("Avant que
je m’ennuie") ou rumba ("Minuit"). Les femmes sont à l’honneur ("Sylvia",
"Paloma"), le non-sens aussi ("Petit a petit b").
MAXIS (400 CARACTÈRES MAXI)
MANUCHKA
"Manuchka"
(Autoproduit)
Deux ans après "Cure de prunes" (Longueur d’Ondes numéro 57) nous retrouvons Emmanuel Emo (Havrais devenu Parisien), ses chansons pop rock, sa voix singulière, ses belles compositions électriques et/ou acoustiques. Sur les sept titres, nous aimons beaucoup l’évocation des manifs étudiantes dans "La fièvre", la poésie touchante envers les ouvriers dans "À ceux qui sont de nuit".
BRUITAGE (1000 CARACTÈRES MAXI)
MERAKHAAZAN
"Récital électronique"
(Imago Records & Production)
L’album (le deuxième de ce musicien visionnaire) surprendra sans doute l’auditeur. Lequel, s’il est ouvert d’esprit, se laissera rapidement entraîner dans un univers riche en surprises, en trouvailles sonores acoustiques et électroniques. Le Niçois Jean-Christophe Bournine joue de la contrebasse, manie l’archet, pince les cordes, connecte l’instrument aux machines, échantillonne et fait tourner en boucle, mélange, superpose, triture, déforme, sature, amplifie… Sa conception du récital s’en trouve élargie à l’extrême, d’une pratique classique aux créations les plus contemporaines. Utilisant les cordes préparées (comme John Cage) autant que les ordinateurs, Merakhaazan crée une diversité musicale époustouflante, flirtant avec la danse ("Ouverture" puis "Tango"), la musique de film ("Ombres", "Soundtrack"), l’électro-rock ("Tirez deux pianos avec des ailes de plomb", "Vengeance"), l’Orient ("Danse masquée des animaux étranges", "Incantations"). "Neige" clôt le tout avec grâce et douceur.
BRUITAGE (1000 CARACTÈRES MAXI)
CÉLINE OLLIVIER
"La femme à l’éventail"
(F2F Music / L’Autre Distribution)
Le premier LP de la jeune auteure, compositrice et interprète montreuilloise (après un 4 et un 6 titres : "Comme on a dit" puis "Les gens de passage") est un coup de maître ! Voilà de beaux portraits de femmes, des femmes amoureuses : celle-ci choisit la rupture plutôt qu’une vie à trois ("Mes adieux"), cette autre préfère les rendez-vous trop courts et les baisers volés ("Jardin du Luxembourg"), celle-là ne trouve que les larmes pour exprimer ses émotions ("Les mots justes")… "La femme à l’éventail" a inspiré des générations de peintres, de Goya à Picasso, de Renoir à Matisse, Gauguin, Modigliani, Manet, Berthe Morisot… Le thème repris ici interpelle le modèle, décrit sa relation à l’artiste. Il y a des références à la chanson française : "Au Flore" est dédié à Jane (Birkin), l’âme de Léo Ferré plane sur "Baby Doll"… Étrange et troublant, "Le miroir" fait un clin d’œil à France Gall. L’orchestration ciselée, les chœurs harmonieux, donnent une profondeur à cet album très réussi.
PAPAYA
CAKE
"Le
bison blanc"
(Patch
Work Production / Socadisc)
Fin 2009, le duo
avignonnais au trip hop revigorant avait enchanté nos sens grâce aux quatre
titres de "Time's Paraguay" (Longueur d’Ondes numéro 55). S’ensuit
une longue tournée en 2010, qui se conclura début 2011 par l’enregistrement de "Time's
Paraguay Remixed". Illys (au chant) et Bast (à la musique et aux
programmations) reviennent aujourd’hui avec un véritable album, aux douze
titres admirablement composés, aux mélodies tout à la fois vibrantes,
envoûtantes, ouvragées. Après l’introduction instrumentale de "Some Air",
les pistes s’enchaînent et changent de style, d’ambiance, d’orchestration,
proposant à l’auditeur différentes facettes du trip hop (né dans les 90’s à
Bristol en Angleterre, avec des artistes tels que Portishead, Massive Attack,
Tricky…). "Anticyclope" a des accents hispaniques, "Alprazolam"
des sonorités d’Inde, "Pringle On The Field" tend vers le dub… Le
tout est frais, joyeux, prenant, dansant !
MAXIS (400 CARACTÈRES MAXI)
PILLOW PILOTS
"The Draft EP"
(Autoproduit)
Le duo nantais, créé en 2010, est formé du batteur de Gong Gong JC Baudouin et du chanteur guitariste JF Lecoq, du groupe Margo. Ces "pilotes de l’oreiller" proposent des lives échevelés où le public se livre à une bataille de polochons, toutes plumes dehors ! Les quatre titres de l’EP régénèrent le rock grâce à une dose d’électro bien trempée. Le cocktail est pêchu, hyper vitaminé !
BRUITAGE
(1000 CARACTÈRES MAXI)
TREPONEM
PAL
"Survival
Sounds"
(Juste
Une Trace / Socadisc)
D’emblée
l’on reconnaît le son lourd, profond, puissant ; la voix ample,
colossale ; les martèlements, les salves électriques. Le groupe français de
rock industriel par excellence, à la renommée internationale et aux vingt-cinq
ans d’existence, reprend du service (l’album précédent "Weird Machine"
est sorti en 2008) avec toujours autant d’énergie, de convictions. Treponem Pal
s’inscrit dans la lignée des groupes comme Godflesh, Ministry ou The Young Gods
qui, au milieu des 80’s, optèrent pour une musique extrême, radicale,
mélangeant metal et hardcore, utilisant les sons produits par des machines,
propageant un univers froid, brutal, apocalyptique. "Survival Sounds",
sixième album du groupe, est plus que jamais fait de ce bois-là. Le chanteur
Marco Neves et ses quatre acolytes (dont Didier B. aux samples) n’ont pas fini
d’étonner. Le bluesy "Runaway Far Away" ou la lancinante "Drunk
Waltz" en sont de bons exemples.
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