samedi 14 février 2015

Longueur d'Ondes #74

Le numéro d'hiver 2015 du désormais trimestriel Sur la même Longueur d'Ondes est paru, on peut le feuilleter en suivant ce lien.

Mes six dernières chroniques écrites pour le magazine et/ou son site Internet sont présentées ici, selon l'ordre chronologique de la date de sortie des albums.

-NADA ROOTS : "A.K.A. Nada Roots", Autoproduit
-VINCENT VINCENT : "Abat-jour", Autoproduit
-BENJAMIN FINCHER : "Kamishibai", Pacinist / Modulor
-IBRAHIM MAALOUF & OXMO PUCCINO : "Au pays d’Alice…", IDOL / Digital
-MANU GALURE : "Que de la pluie", Bacchanales Productions
-ROBI : "La cavale", AT(h)OME

BRUITAGE (1000 caractères)
Sortie le 1er octobre 2014
NADA ROOTS
"A.K.A. Nada Roots"
Autoproduit
L’album "Superstar" (2008) et ses onze chansons ayant pour héros un jeune Réunionnais parti vivre en métropole, a donné lieu à une tournée de trois ans en France, en Italie, en Belgique, à la Réunion… Une pause s’imposait, mais peu à peu de nouvelles compositions ont vu le jour. En voici neuf réunies ici, écrites et interprétées par Daniel Gigant, A.K.A. (As Known As) Nada Roots. Si "Henri" (un gars gravement porté sur l’alcool) est dans le pur jus du reggae, "Zamal" (paroles et musique de Frédéric Joron) trempe dans celui du maloya (musique traditionnelle réunionnaise) rythmé par le kayamb (deux panneaux en tiges de fleurs de canne à sucre à l’intérieur desquels s’agitent de petites graines) et son chant en créole. "L’amer" (1 et 2) est dans le même esprit, "Epreuves et sentiments" un hommage au Général Alcazar (Patrick Chenière) mort fin 2013. Emeline Potonié apporte sa féminité et ses claviers sur deux titres, il y a de l’âpreté dans "Jeunesse formidable", de la poésie dans "Pluie".

MAXIS (400 caractères)
Sortie le 14 octobre 2014
VINCENT VINCENT 
"Abat-jour"
Autoproduit
Vincent diffuse ses œuvres atypiques, comme bon lui semble, au fil des ans. Souvenez-vous de "Demi-deuil", "Stéréotypie", "Solol". Sa démarche est très personnelle, nourrie d’expériences, de pérégrinations en France ou ailleurs. "Abat-jour", démo réalisée en solo à Besançon, est dans le style "chanson élégiaco-surréaliste". L’on se doit d’écouter "Like" puis d’enchaîner sur les cinq autres titres.

BRUITAGE (1000 caractères)
Sortie le 20 octobre 2014
BENJAMIN FINCHER
"Kamishibai"
Pacinist / Modulor
En introduction, des voix masculines et féminines chantent "We always run", leur écho est comme suspendu. Une nappe de synthé aérienne, un clavier sautillant, puis le rythme s’installe, soutenu par de plus gros sons. Les voix répètent la même phrase en boucle, le rythme s’emballe puis décroit, laissant place au jeu aiguisé des violons, jusqu’à la conclusion. C’est court mais efficace. "Go outside" garde le rythme, met les voix en valeur, celle qui chante en solo et les chœurs, légers et harmonieux. La course s’accélère, dans un tourbillon de sons électroniques joyeux et facétieux, s’affole, s’assagit… Les onze compositions du Niçois Benjamin Fincher sont ciselées à la perfection, autant vocales, symphoniques, électroniques, pop, post-rock…, et jouent sur les émotions. Chacune propose une perspective inédite, crée la surprise à la façon du théâtre en papier japonais, dont les images se superposent au fur et à mesure de l’avancée du conte. Ce "Kamishibai" musical est un pur chef d’œuvre.

BRUITAGE (1000 caractères)
Sortie le 4 novembre 2014
IBRAHIM MAALOUF & OXMO PUCCINO
"Au pays d’Alice…"
IDOL / Digital
Ces deux-là se connaissent bien, s’apprécient, se complètent, travaillent ensemble… L’on se souvient dans "Diagnostic" d’Ibrahim Maalouf, de ce joyau qu’est "Douce", alliant grâce et sensibilité, la trompette orientale accompagnant la voix singulière d’Oxmo Puccino sur un texte tout en nuances. "Au pays d’Alice…" constitue un projet de grande ampleur, très ambitieux, à la hauteur, et même plus, du roman de Lewis Carroll dont il s’inspire, allant jusqu’à en respecter les douze chapitres. Après une introduction d’une beauté à couper le souffle, avec chorale d’enfants et orchestre classique, voici les aventures d’Alice, revues et magnifiées par des textes foisonnant de détails et d’idées. Tout l’univers fantasmagorique est là, le Lapin Blanc, la chute d’Alice, les situations absurdes qui en découlent, les personnages abracadabrants, les non-sens et les jeux de mots, jusqu’au procès final. Deux interludes ajoutent encore à la densité dramatique et féerique de cette création exceptionnelle.

BRUITAGE (1000 caractères)
Sortie le 10 novembre 2014
MANU GALURE
"Que de la pluie"
Bacchanales Productions
"Maman", qui ouvre l’album du Toulousain, est l’autoportrait, non pas d’une mère, mais de celui de l’un de ses rejetons, petit monstre aux pouvoirs destructeurs qui à chaque nouvelle bêtise se fait cruellement punir par ses parents… "Et quand je ne suis pas sage, maman, fait bouillir de l’eau et met mes pieds dedans." Il y a un peu de l’univers fantastique de Thomas Fersen, la fantaisie bohème de Jacques Higelin, le music-hall onirique de Charles Trenet. "Boum", avec la voix samplée du chanteur disparu, est un hommage explicite, très réussi. Le conte des "Trois petits cochons" est joliment remis au goût du jour, la poésie est fine et tendre dans "Flamant rose", le rythme se fait bossa sur "Je serais perdu", avec son chouette refrain : "Je serais perdu si tu ne me trouvais pas… comme il faut." "Je vais me refaire" est dans la même veine, mais en plus trash… Bacchanales Productions édite aussi les albums de Gilles Roucaute et Nicolas Bacchus, les livres de Marie Surgers ou Claude Astier.

BRUITAGE (1000 caractères)
Sortie le 26 janvier 2015
ROBI
"La cavale"
AT(h)OME
Son premier album, "L’hiver et la joie", lui a permis d’obtenir le Prix du jury Georges Moustaki, début 2014. Sa prestation charismatique avait alors beaucoup impressionné. Le projet du deuxième album s’est concrétisé, il était attendu, il est à la hauteur des espérances. Si les compositions réservent une place de choix à la basse percutante et aux froides sonorités électroniques, ce qui forge l’identité de ROBI, il y aussi des titres plus intimistes, comme "Être là" (avec tout de même une intro aux basses bien appuyées) ou ce "Chaos" au trip hop saisissant. Le chant de Chloé est envoûtant, mélodique, théâtral, sublimant des textes aiguisés, au tranchant net. Il y a la lenteur grave de "L’éternité", les tressautements répétitifs de "Devenir fou", la danse 80’s de "Nuit de fête", la pop énergique d’"À cet endroit", la sensualité  lancinante de "Je m’appelle "… L’album tient en haleine jusqu’à une "Cavale" hypnotique, cette montée en puissance, cette ambiance western, justement suggérée.

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