mercredi 5 septembre 2012

Chanteur de rock

Fier, je me sens fier, j’ai ma fierté pour moi ! Je suis bel homme, j’ai du talent, j’ai du succès auprès des femmes. Je lève à peine le petit doigt et elles sont déjà toutes à mes pieds. Je peux choisir, selon mon humeur, celle qui aura, le soir même, le privilège de partager ma chambre. Je les aime toutes ! Petites, grandes, minces, enveloppées, cheveux longs, cheveux courts, raides ou frisés. De tous les âges, de toutes les couleurs de peau, de toutes les nationalités…
Je suis un grand voyageur. C’est mon job, qui veut ça ! Enfin, je devrais plutôt dire ma passion. Je vis de ma passion ! Ce n’est pas donné à tout le monde de faire ce qu’on a dans les tripes depuis toujours ! J’ai connu les petits boulots mal payés, après mon abandon du lycée. Mes parents ne comprenaient rien à mon mode de vie, je n’étais pas conforme à l’avenir qu’ils m’avaient tracé, ils étaient toujours après moi, ils me suppliaient de reprendre mes études… "Va au moins jusqu’au bac" me disait ma mère, "Si tes projets n’aboutissent pas, tu auras quand même un petit bagage…
J’ai claqué la porte du jour au lendemain, emportant tout mon matos chez un pote puis dans un squat d’artistes. Là, au moins, j’avais ma place, j’étais reconnu pour ce que j’étais, pour ce que je faisais. Je n’ai jamais baissé les bras, j’ai toujours été prêt à tout pour m’en sortir. Je ne me suis pas trop mal débrouillé. Moi, et puis les autres !

Une fois le groupe formé, tout est allé très vite ! Nous étions enragés. Nous avons fait rapidement parler de nous : en termes positifs, très élogieux ! Le premier contrat signé, on a pu travailler dans des conditions optimales, quel pied ! L’album est sorti avec une promo d’enfer, les ventes ont explosé…

C’est à ce moment-là que j’ai revu mes parents. Ils m’avaient invité à partager le repas dominical pour fêter mon succès, mais dès l’apéritif, ils n’ont pu s’empêcher de me faire des critiques. Ma mère m’a mis en garde contre ce milieu pétri d’esbroufe, de relations superficielles, de poudre aux yeux. Mon père m’a recommandé la plus grande prudence envers un succès qui aurait son revers, un jour ou l’autre. Je devais me méfier, protéger mes arrières ; on me jetterait, moi et les autres, une fois un gros paquet de fric fait sur notre dos.

À aucun moment ils ne m’ont félicité, encouragé. Ils avaient reçu l’album, mais ils n’avaient même pas pris la peine de le sortir de l’emballage ! Je l’ai vu, posé sur le buffet du salon, au milieu des factures et de paperasses diverses. Je ne leur demandais pas grand-chose, pourtant : juste une petite reconnaissance pour leur fils unique, pour ce que j’étais arrivé à construire avec toute mon énergie ! Je suis resté calme jusqu’au dessert.

Je les ai quittés au moment du café, à la énième remarque de ma mère sur mes cheveux ébouriffés, mes yeux soulignés au khôl et mes amples vêtements noirs, mon père insinuant que j’étais en train de tourner pédé… Je me suis levé de table et d’un coup de bras, j’ai envoyé valdinguer le service à café de la grand-mère et le café avec, c’était du plus bel effet sur la nappe blanche. J’ai repris mon long manteau noir, mon châle, ma besace, mes mitaines, je suis sorti sans un mot. C’est une fois dehors que les larmes sont venues. Mes parents m’ont perdu, ce jour-là.

Ça fait dix ans maintenant que le premier album : "Revanche" est sorti dans les bacs. Aujourd’hui, ma carrière, c’est une affaire qui roule ; je me balade un peu partout dans le monde avec le groupe, nous sommes connus internationalement ! C’est dur, mais la scène nous nourrit, nous rend chaque soir un peu plus grands. Après chaque tournée, je m’accorde une période de repos. Quelques semaines pendant lesquelles j’oublie qui je suis. J’en profite pour faire tout à fait autre chose, pratiquer de nouveaux sports… Ou alors je ne fais rien. Je laisse retomber la pression, je me laisse vivre, à mon rythme.

Il y aura toujours un moment où j’aurai envie de me remettre au travail. Je ne cesse jamais complètement d’y penser, en vérité. Je note des idées, au fur et à mesure qu’elles me viennent ; j’ai toujours plein d’idées, je fourmille d’idées ! On est créateur ou on ne l’est pas, ce n’est pas donné à tout le monde, c’est sûr ! Moi, j’ai ça en moi depuis l’enfance, c’est comme ça. J’écris des textes, je compose des musiques… Je suis un artiste ! Après les vacances, j’invite le groupe chez moi, dans ma grande maison, à la campagne. On se fait une bonne bouffe, on se remet en phase, on se retrouve, on apprécie tant d’être ensemble ! On a toujours été soudés. C’est essentiel, pour exister. Et pour durer.

Dans la foulée, on va dans mon studio aménagé, on branche les instruments, on se lance dans de longues impros, on commence à travailler sur ce que l’un ou l’autre a composé… Ça dure tard dans la nuit, souvent jusqu’au matin ! Ils restent dormir sur place, c’est grand, chez moi, ils ont l’habitude, il y a assez de chambres pour tout le monde. On vit en communauté une grande partie de notre temps, c’est le métier qui veut ça, on ne peut pas faire autrement ! Dès le réveil, on s’y remet, nous voilà repartis sur de nouveaux projets, on est les meilleurs, on va encore cartonner !

En ce moment, on est au coeur de la tournée, on fait salle comble tous les soirs ; d’une ville à l’autre, nos concerts affichent complets. Je suis le chanteur et le leader du groupe de rock Goliath. On vient de sortir notre nouvel album, il cartonne déjà sur les radios avec le titre-phare : "Sois à la hauteur", on en a déjà pas mal vendu ! On tourne d’abord sur ce cher territoire hexagonal pour une vingtaine de concerts, puis on démarre les dates à l’étranger. En Europe, puis aux Etats-Unis. L’été prochain, il y aura tous ces festivals…

Je gagne ma vie avec des chansons rock, avec la musique rock. C’est notre quatrième album, ensemble. Nous sommes des musiciens, mais aussi des amis de longue date. Depuis l’époque du squat, depuis le début ! Je ne voulais pas jouer seul, il me fallait trouver des personnes qui adhèrent à mon univers, qui aient assez d’envergure, d’ambition, de passion, pour faire le chemin avec moi… Des gens prêts à tout pour réussir, courageux, perfectionnistes, qui fassent passer la musique avant tout le reste. L’alchimie a fonctionné entre nous quatre.

J’ai hésité à prendre une fille dans le groupe, mais c’était elle la meilleure, à la basse. Elle percute avec son jeu nerveux, sauvage, instinctif, mais parfaitement maîtrisé. Elle a toujours de bonnes idées, elle nous les propose avec douceur, calme et sérénité. C’est le pilier du groupe, elle nous maintient tous debout ; malgré son apparente fragilité, elle a un mental de fer. C’est une sacrée petite bonne femme !

Notre dernier album est très abouti, on a gardé notre style "rentre dedans" tout en évoluant vers quelque chose de plus mélodique. On a beaucoup travaillé le son en studio, on a ajouté des effets, des samples, des rythmes électroniques… Il y a aussi ces morceaux acoustiques où je joue de la guitare sèche et du piano. Mes textes sont toujours incisifs, engagés ; d’autres sont plus poétiques.

J’écris en français. La seule langue que je connaisse vraiment, et encore. J’en apprends tous les jours ! J’ai toujours des doutes, des questionnements sur le sens ou l’orthographe des mots, sur la façon de les employer. Les autres me trouvent un peu chiant, à toujours vouloir vérifier quelque chose dans le dictionnaire, quand on discute ensemble. J’en emporte toujours un dans mes bagages, un gros, le meilleur qui soit : mon ami le Robert !

Dans la mesure du possible, je préfère dormir dans un hôtel, pendant les tournées. Même seulement quelques heures. M'allonger dans un grand lit moelleux puis au réveil, prendre une bonne douche, dévorer un méga petit-déjeuner… Quand on a trop de kilomètres à faire entre deux salles, on roule de nuit, on dort dans le bus, plutôt mal, on arrive juste à temps pour l’installation du matériel, pour les balances… Les nuits sont courtes !

On est toujours sollicités, après les concerts, pour une soirée, ici ou là, en compagnie de fans surchauffés. Maintenant je décline les invitations, ou alors je ne reste pas longtemps, juste pour emballer une petite si ce n’est déjà fait, la ramener à l’hôtel, tirer un coup, ou deux, ou trois, m’endormir comme une masse… J’ai besoin d’un minimum de sommeil pour assurer le spectacle !

Je me dois d’être le meilleur, chaque soir, pour tous ceux, toutes celles qui viennent me voir. Il ne faut pas les décevoir ! Je me donne tout entier, le corps chargé d’adrénaline, chaque fois que je monte sur scène. Je décuple mon énergie par le chant, par la danse, totalement habité par la musique. Je suis en transe, je suis en sueur, je tremble, je convulse… On vient voir le groupe aussi pour ça : pour les jeux débridés de son chanteur, pour son show fantaisiste.

Alors la fille, après le concert, c’est comme avant, le bon pétard ou la petite ligne, le coup de pouce pour m’endormir plus vite. C’est la cerise sur le gâteau. Qu’elle n’aille pas s’imaginer qu’elle puisse me retenir, vivre avec moi une belle histoire d’amour, je ne veux pas de ça. Je profite de ce que la nature m’a donné, de ce que j’entretiens comme une belle mécanique : un corps vigoureux, harmonieusement musclé, jamais rassasié.

J’aime les femmes, toutes les femmes, une seule nuit. C’est ma devise. Elles savent à quoi s’attendre. Elles peuvent dire ce qu’elles veulent, après. Je n’ai rien à leur prouver. Je ne donne pas, je prends. Tiens, ce pourrait être un point de départ pour une chanson ?

Avant, c’était la grosse défonce, pendant les tournées ! Surtout les premiers temps, quand on jouait dans les petites salles, les cafés-concerts, les bars… Plus on avançait dans les dates et plus on consommait d’alcool et de drogues diverses. Enfin moi, plus encore que les autres. On débutait, on n’avait pas envie de décevoir, de faire le groupe qui snobe ses admirateurs… On faisait la fête jusqu’à l’aube, on en oubliait de dormir, il fallait bien tenir, et puis on aimait ça.

On se déplaçait en minibus avec tout notre matériel, on se relayait au volant… Je ne vous dis pas, parfois, dans quels états ! Sex and drugs and rock’n'roll, l’éternel refrain, en plein dedans. On était grisés par le succès qu’on rencontrait dans toutes ces villes de province, on avait un sentiment de puissance extrême, nous étions le seul, l’unique et le meilleur groupe de rock français du siècle !

On a fini sur les rotules, ne sachant plus qui nous étions, nous prenant la tête pour des histoires à deux balles. Épuisés, amaigris, les yeux exorbités, le teint cadavérique… Des morts-vivants en puissance, déphasés, décalqués comme les personnages de mes chansons. J’écrivais des textes hallucinés, sans queue ni tête, violents, suicidaires, désespérés.

Le deuxième album : "Fantômes" est empreint de toute cette confusion, de ce chaos mental dans lequel se trouvait, à ce moment-là, le groupe tout entier. Notre producteur tenait à ce que nous enregistrions rapidement de nouveaux titres pour asseoir notre célébrité naissante, pour donner à manger à nos fans, chaque jour plus nombreux.

Nous sommes donc retournés directement en studio après une tournée délirante, excessive, sans n’avoir pris aucun recul, ni décompressé. Nous étions tous à cran, les nerfs à vif. Et, en ce qui me concernait, j’étais devenu complètement dépendant de l’héro, des alcools forts, des amphétamines. Les autres tournaient principalement à la bière et au shit, avec quelques extras de temps en temps. Ils géraient ça plutôt bien. En tout cas mieux que moi.

Pendant l’enregistrement de "Fantômes", j’étais stoned du matin au soir, cachant mes cernes, mon teint blafard, derrière ma longue frange, mes lunettes noires… Les critiques considèrent pourtant que c’est l’album le plus inspiré. Mais ça, c’était avant la sortie du petit dernier, déjà encensé par la presse, diffusé sur toutes les radios, vendu à peu près partout dans le monde, téléchargeable sur Internet !

Il y a eu cette soirée de folie organisée par la maison de disques. Notre deuxième album marchait au-delà de leurs espérances, ils voulaient fêter ça ! Chargé à bloc, j’ai voulu rentrer seul, à pied. Mauvais délire ! Je me retrouvé à marcher de plus en plus vite, les trottoirs n’étaient pas assez larges pour moi, les immeubles de part et d’autres m’oppressaient alors je suis allé courir en plein milieu de la rue, j’étais devenu fou, je hurlais… Je me suis fait percuter de plein fouet par la première voiture venue. Traumatisme crânien, coma profond, fractures multiples…

Six mois d’hôpital et de sevrage forcé ont eu raison de mes excès. Je revenais de loin ! Mes parents sont venus me voir, mais je refusais de leur parler. Ils n’existaient plus, pour moi, je n’avais plus besoin d’eux. J’étais dans le schéma classique de la rock star shootée à mort, au destin tragique, alors cela les confortait dans leur idée que jouer de la musique, ça n’était pas un vrai métier.

À chacune de leur visite, ils me disaient d’abandonner, ils me conseillaient de chercher un travail plus sérieux, ils me proposaient de revenir vivre avec eux, le temps de ma convalescence… "Enfin, tu fais ce que tu veux" rajoutait ma mère, "Nous, on veut juste t’aider." J’ai fermé les yeux pour ne plus les voir, j’ai bouché mes oreilles pour ne plus entendre leurs mots blessants, accusateurs, sans amour véritable.

Dès que je me suis trouvé en état de le faire, j’ai demandé mon transfert dans une clinique privée, à l’étranger. Bye bye, les parents. À jamais. "Fantômes" s’était très bien vendu depuis mon accident : le malheur des autres, ça a toujours été très lucratif. Mon compte en banque me permettait de faire une remise au vert de luxe, de cela dépendait ma survie… Et j’ai toujours aimé la vie, même dans les périodes les plus sombres, les plus destructrices, finalement.

Après la rééducation, je me suis mis à faire du sport de façon régulière. J’ai retrouvé un équilibre par la pratique des arts martiaux, de l’équitation, de la plongée… Puis il a bien fallu rentrer, quitter mon île ! Les autres étaient inquiets quant à l’avenir du groupe ; je leur avais dit que je ne souhaitais pas encore me prononcer, que j’avais besoin de réfléchir, de tirer tout au clair. Je n’étais pas sûr de moi quant au fait de pouvoir reprendre la musique, sans drogues ni alcool.

Les médecins étaient catégoriques : si je remettais le nez dedans, j’y laisserais ma peau. Mon organisme avait pas mal morflé, ces dernières années. Je ne savais pas si mentalement, j’étais assez fort pour ça. Puis je me suis dit qu’il n’y avait pas de raison. J’y arriverais, coûte que coûte, pour donner tort à mes parents. La musique, avant tout. J’étais prêt à m’y remettre.

Un soir, quelques jours après mon retour en France, nous avons fait une grande bouffe avec le groupe pour fêter nos retrouvailles. Se trouvaient là aussi le manager, le producteur, un responsable de la maison de disques et quelques proches, amis intimes. Quand je suis arrivé dans la salle du restaurant, un peu à la bourre, la bassiste s’est précipitée vers moi et m’a serré longuement dans ses bras en murmurant : "Tu m’as manqué, David, tu m’as tellement manqué…"

Elle m’a embrassé sur les deux joues, avec force, plusieurs fois, elle s’est mise à pleurer. J’ai senti le goût du sel de ses larmes, sur mes lèvres. Je lui ai caressé le visage, tout en lui souriant, un peu gêné ; j’étais ému pour la première fois depuis tellement longtemps… Puis elle m’a dit en rigolant que j’étais le seul homme qu’elle connaisse à la faire pleurer de joie !

Elle m’a pris fermement par le bras pour m’engager à rejoindre les autres, retrouvant son aplomb habituel. Elle ne s’est jamais plus dévoilée comme ce soir-là. Elle est distante, secrète, discrète… Mais je la sens si proche de moi, quand son jeu de basse s’enroule autour de ma voix comme un long serpent, quand nous sommes en symbiose, presque en corps à corps ! À quoi bon vouloir autre chose ? Ça complique tout, l’amour, ça n’est pas nécessaire.

Elle aussi, elle se prend des amants d’un soir dans les chambres d’hôtel. Le sexe, c’est bien plus simple. Nous avons beaucoup discuté tous ensemble, ce soir-là ; il y avait des enjeux importants avec Goliath, des choses à négocier, renégocier… J’étais impatient de me remettre à chanter, de rejouer tous ces morceaux avec les autres, de me remettre sur les rails !

Nous avons travaillé une année complète pour accoucher de : "Coma Dépassé", le troisième album. Mes textes étaient influencés par ce que j’avais vécu, avant et surtout après l’accident ; ils évoquaient mes angoisses face à la mort, mon nouvel appétit de vivre, ces petits riens que j’éprouvais intensément, depuis que j’étais clean.

Nous avons refait des concerts, dans des grandes salles, des stades, des gros festivals… Nous étions mus par une saine énergie, plus constructive. Nous avons vu notre public s’élargir, des foules entières reprendre avec nous, tous ces mots qui m’appartenaient, mis ensemble pour qu’ils sonnent bien. Le chanteur de Goliath avait retrouvé toute sa superbe, sa fougue, son charisme !

Je n’ai jamais plus  tiré sur le moindre joint, ni touché à un seul verre d’alcool, ou à autre chose. Je pratique le sport de façon intensive, même en tournée. Je m’arrange toujours pour aller faire un tour dans une salle de sport, je vais à la piscine ; si j’ai plus de temps devant moi je vais monter dans un club équestre, je fais du parapente, je m’essaie au ski nautique… Tout dépend de la région où l’on se trouve. Le sport est garant de mon équilibre. Il me faut un dérivatif, d’un genre ou d’un autre. Mais attention : jamais de course à pieds !

Mon corps est joliment sculpté, modelé, athlétique. Mon visage enjôleur, aux contours harmonieux, mon regard malicieux, plaisent aux femmes. J’ai des lèvres pulpeuses, qu’on aime embrasser. En ce moment j’ai les cheveux très courts, presque ras ; cela fait ressortir mes yeux clairs, vert émeraude, plein d’éclats. Je m’habille toujours en noir, mais je n’ai plus le look "corbeau" de mes débuts dans la musique.

Je prends soin de ma voix, toujours plus puissante, posée, sûre d’elle. Je suis reconnu pour mon honnêteté, mon intégrité. J'ai gardé mes idées anarchistes, mon indépendance d’esprit, mon franc-parler, quitte à choquer les journalistes. Dans les émissions de radio ou de télé, on craque pour mon humour caustique, pince-sans-rire, cynique. Bien réveillé, j’ai de la répartie !

Hier soir, on m’a interviewé pour une radio locale ; la journaliste ne savait plus par quel bout m’attraper, je la prenais au dépourvu, lui renvoyant la balle, détournant ses questions… Elles étaient connes et puériles, ses questions, elles transpiraient l’amateurisme ! La jeune dame avait-elle seulement écouté les quatre albums au moins une fois ? Avait-elle un avis à donner ? Aimait-elle la musique rock ?

Puis, la trouvant jolie, je me suis montré plus docile, je lui ai répondu en allant dans le sens de ce qu’elle voulait m’entendre dire. À la fin de l’entretien, je l’ai invitée à dîner puis, après, à venir boire un thé dans ma chambre d’hôtel. Elle y a passé la nuit. Je me suis surpassé avec elle, une vraie bombe, elle pourra le dire à l’antenne si elle veut ! Non seulement le chanteur de Goliath est une bête de scène, mais en plus il baise comme un dieu…

Allez, fini de divaguer. Elle ne connaissait même pas le titre du dernier album, la petite garce ! Je me suis fait un plaisir de combler son ignorance. Il s’appelle : "Ma fierté". Celle que j’ai pour moi, celle qui m’a fait, tel que je suis, celle qui me rend fort. Ne me l’enlevez pas. C’est la seule chose dont j’ai besoin vraiment, le seul bien qu’il me reste.


Photographies : Fabrice Gilbert de Frustration, Arnaud Rebotini de Black Strobe

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