jeudi 24 novembre 2011

Daniel Darc à la Comédie de Picardie, 10 novembre 2011

Aller à Amiens pour un concert de Daniel Darc ? Trois jours après la parution de "La taille de mon âme", son septième album personnel, acheté le 8 novembre, ne l'ayant pas trouvé le 7 ? Retrouver les émotions éprouvées au Palace, où je m'étais rendue avec Yas, le 7 février de cette année ?
Oui, pourquoi pas, je le fais. Je réserve ma place (10€) par téléphone ainsi qu'une chambre d'hôtel, en centre-ville, à deux pas du théâtre de la Comédie de Picardie. Je ne vais pas refaire la route la nuit dans l'autre sens, je dors sur place et le lendemain j'en profiterai pour visiter Amiens. J'ai entendu parler des hortillonnages et il y a aussi l'imposante cathédrale gothique, le beffroi, la tour Perret…
Le 7 novembre au soir, je découvre avec grand intérêt les nouvelles chansons (et variations) de Daniel Darc sur Deezer. Les pubs sont vraiment pénibles, j'en fais abstraction… L'album a été réalisé par le talentueux Laurent Marimbert, ça je le savais depuis février.
Le 8 en sortant du travail, je fonce chez Cultura et là, ô miracle, il y en a tout un rayonnage ! J'achète en double "La taille de mon âme" car j'en offre un à Yas, que je vois le lendemain.
Les compositions musicales, brillantes, lumineuses, minimales ou plus orchestrées, mettent extrêmement bien en valeur la voix de Daniel Darc, renforcent l'émotion des textes. L'humour est là, la légèreté aussi, même si elle n'est souvent qu'apparente.
On sent un amour fort de la vie, la difficulté de vieillir, la douleur de voir partir les proches… La foi vient donner un éclairage spirituel juste et poignant. L'amour tout court pointe aussi son nez, avec des évocations tout en douceur, ou plus sombres.
Voilà douze chansons magnifiques, plus quatre variations courtes, sous forme d'impromptus : borborygmes, poèmes, textes spontanés, fonds sonores… Juste après le délicat "Ira" qui ouvre l'album, le mélodieux "C'est moi le printemps", titre sorti en avant-première, sonne à l'oreille, répand une fraîcheur nouvelle.
"La taille de mon âme", parlé/chanté sur un air de valse triste, avec des dialogues extraits des "Enfants du Paradis", touche en plein coeur. "C'était mieux avant" passe à la vitesse supérieure avec son côté "film d'action" mettant en scène le super héros Daniel Darc, qui s'aventure hors des trottoirs avec moult jeux de mots, affronte la vie et ses dangers, le temps qui passe. Puis c'est "Ana", ses échos, ses répétitions, sa séduction, le violoncelle qui prend aux tripes…
"My baby left me", très gainsbourgien (période "Bonnie and Clyde"), aborde la mort d'une amoureuse partie trop tôt, partie avant, trop vite… "Seul sous la lune" dégage de l'optimisme, il y a cet amour tout proche, les sentiments naissants. "Vers l'infini", piano et voix, nous renvoie à notre propre vieillesse à travers celle d'un homme, cloué dans son fauteuil, qui voit sa vie s'enfuir.
"Quelqu'un qui n'a pas besoin de moi" penche vers les amours désespérées, avec guitares style Animals et trompette du Far West. "Les filles aiment les tatouages" (qui partent au lavage) est gentiment moqueur, "Les vœux de bonne année" (d'année en année sont moins longs à rédiger) une balade presque insouciante, quoique lucide.
Après "Variations 4" et sa prière admirable : "Faites-la sonner, faites-la sonner sur les hauteurs…", voici pour clore cet album magistral, un non moins magistral "Sois sanctifié", en piano voix. L'état de recueillement est immédiat, que l'on soit croyant ou pas, les questions universelles : quelle place méritons-nous, avons-nous le droit au pardon, quoiqu'on ait fait ?
Jeudi 10 novembre, après m'être installée à l'hôtel et avoir bu un apéro (très bon muscat) au Square Café, je me dirige vers la Comédie de Picardie, théâtre de 350 places, où attendent déjà de nombreuses personnes.
Je récupère mon billet à l'accueil et je me mets dans la file : les portes ne sont pas encore ouvertes. J'aimerais bien avoir un fauteuil au premier rang, je voudrais faire quelques photos, pour illustrer mes propos. Ouf ! Mission accomplie.
Le concert de Daniel Darc a lieu dans le cadre du festival des musiques actuelles "Picardie Mouv" (du 3 au 12 novembre 2011), avec une programmation variée dans différentes salles de spectacle de la région.
Zef est une fille de Picardie, d'Amiens, même. Elle ouvre la soirée avec son cabaret rock électronique, façon diva déjantée, accompagnée de Toskano (basse) et Diaz (batterie, percussions, cajon).
C'est barré, bien mis en scène, je me régale. Le deuxième album de Zef, "La vilaine", est justement sorti le 8 novembre. Le précédent (2006) se nomme "On est plusieurs à l'intérieur".
La folie n'est pas loin, nous guettant dans des titres comme "Allez les macchabées" ou "Oubliée du Bon Dieu". "Ave ma vie" est de circonstance en cette veille de commémoration de l'Armistice, c'est une très belle chanson sur les soldats morts au front, pendant la première guerre mondiale.
Arrive enfin celui que nous attendons tous avec impatience, accompagné des deux mêmes musiciens qu'à Paris, trio gagnant : Kalim B. aux claviers et à la flûte traversière, Jean-François Assy au violoncelle, occasionnellement à la guitare. La salle s'est remplie, de l'orchestre au balcon.
Tout d'abord, des chansons des deux albums précédents, "Crèvecoeur" et "Amours Suprêmes". Citons en vrac : "La pluie qui tombe", "Inutile et hors d'usage", "Je me souviens, je me rappelle", "J'irai au Paradis", "L.U.V" (avec Kalim B. au chant), "Un an et un jour", "Serais-je perdu"… Et bien d'autres encore.
"C'est moi le printemps" apporte sa touche de gaieté et de bonne humeur. Daniel Darc, qui a eu 52 ans le 20 mai dernier, paraît serein, moins écorché. Heureux, en somme.
Le set continue avec une majorité de nouvelles chansons : "Seul sous la lune", "Vers l'infini", "C'était mieux avant", le renversant "Sois sanctifié". "Il y a des moments" se trouve sur l'album "Nijinsky", la reprise de Taxi Girl "Chercher le garçon" est d'un bel effet en acoustique.
En rappel, "Jamais Jamais" (Rien qui ne reste, rien qui ne demeure, péril peut-être en la demeure…) et "La taille de mon âme", que Daniel Darc interprète presque sans se tromper (il nous prévient avant qu'il va essayer de la faire correctement).
Le spectacle se clôt sur une "standing ovation", nous espérons un deuxième rappel mais il ne vient pas, les lumières se rallument, le public est souriant, satisfait. Bruno vient me dire bonsoir, il est avec un ami, nous échangeons nos impressions puis ils repartent en voiture. Eux aussi ont fait du chemin pour venir !
Moi je suis à cinq minutes à pied de mon hôtel. "Quatre ou cinq fois je soupire, ça pourrait être pire… Seul sous la lune…"
Des concerts de Daniel Darc sont programmés en cette fin 2011 : le 3 décembre à la Batterie de Guyancourt (78), les 6 et 7 décembre au Collège des Bernardins à Paris.
Une tournée en province se prépare dès février 2012. Pour Paris ce sera le 5 avril au Trianon, 80 boulevard de Rochechouart. C'est un lieu apparemment superbe, au passé artistique prestigieux, construit en 1894, restauré en 2009, réouvert en 2010…
Site officiel de Daniel Darc (il faudrait une bonne mise à jour !) :
Myspace (idem !) :
Nouveau site officiel, bien actualisé :

Compte rendu du concert du 7 février 2011 au Palace :
Discographie de Daniel Darc (sans Taxi Girl) :
- "Sous influence divine", 1987
- "Parce que" avec Bill Pritchard, 1988
- "Nijinsky", 1994
- "18/12" avec 19 torsions, 1998
- "Crèvecœur" composé et réalisé par Frédéric Lo, 2004
- "Amours suprêmes" composé et réalisé par Frédéric Lo, 2008
- "La taille de mon âme" composé et réalisé par Laurent Marimbert, 2011
Et : "Le Meilleur de Daniel Darc", 2003

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