Le projet d'album de cet artiste avance mais n'a pas encore vu le jour, est-ce une raison pour dire "qu'il n'a pas d'actu musicale" ? Tomislav donne des concerts dans toute la France, participe à des ateliers d'écriture auprès des scolaires ou des détenus, travaille d'arrache-pied sur l'enregistrement de ses nouvelles chansons…
Alors, comme l'actu n'est pas "discographique", parlons de ses concerts. De celui-là en particulier, à Paris, le 19 mai dernier. J'ai eu l'accord de la rédac de Longueur d'Ondes pour faire un compte rendu à destination du site Internet du magazine. C'était en ligne deux jours après, avec quelques-uns de mes clichés et ceux de la photographe Marylène Eytier.
Tomislav à la Scène du Canal, Espace Jemmapes, Paris, jeudi 19 mai 2011
La dernière fois, nous avions vu le jeune musicien francilien sur la petite scène parisienne du Sentier des Halles. Nous avions été touchés par sa gentillesse, ses chansons mélodieuses, les émotions qui se dégagent de tout son corps en action.
Car Tomislav chante, joue de la guitare, de l'harmonica, de la batterie avec un pied pour la grosse caisse, l'autre pour le charleston, il déclanche des rythmes, il sample sa guitare… Un engagement total. Pas une performance, plutôt sa façon de concevoir la musique : il aime être seul à bord.
Nous retrouvons Tomislav (son vrai prénom, d'origine croate) au cours de son deuxième concert printanier à la Scène du Canal (le premier était le 28 avril), 116 quai de Jemmapes. C'est sa dernière date sur Paris avant l'été, suivra une tournée estivale en province.
Nous prenons le temps de discuter avec l'artiste et sa manageuse Chrystèle. Le projet d'album est bien avancé, il se nomme "Comme une balle". C'est aussi le titre d'une chanson que nous découvrirons en concert, un peu plus tard.
Récemment, Tomislav a rencontré Stéphane Mellino, ex-guitariste des Négresses Vertes. Le courant a passé entre eux, ils travaillent ensemble sur le disque… Pas de date annoncée pour la sortie, Tomislav ne veut pas faire les choses à la va-vite, il préfère se donner les meilleures conditions possibles, le temps jouera très certainement en sa faveur. Il a d'ailleurs une belle chanson qui s'appelle "Le temps est à la fête".
Chrystèle et Tomislav proposent aux programmateurs des formules "classiques" de concert comme ce soir, mais aussi des alternatives conviviales : les apéro concert ou les apéro soupe (en hiver) d'inspiration croate (spécialités culinaires de la Croatie), où tout le monde met la main à la pâte pour préparer l'événement.
Il y a aussi la possibilité du festival "Oh ! jardin", sous forme de pique-nique ou de goûter. Peuvent y prendre part les enfants… Dans les deux cas, il y a une "vraie" rencontre avec l'artiste, une meilleure écoute de la part du public, des échanges avant et après le concert.
Prenons quelques lignes pour parler de l'invité de Tomislav en première partie, Piero Moioli. En solo guitare chant, sa prestation sera donc très différente de son album "Dans les squares en été" (disponible depuis octobre 2010 chez Casa Nostra) très orchestré, ciselé au niveau des sons, des arrangements, des ambiances.
Piero nous parle des conditions d'enregistrement agréables dans un beau moulin, du travail avec le producteur, l'ingé son, les musiciens… Puis nous retournons plus de quinze ans en arrière, lorsqu'il était le chanteur guitariste du groupe de ska Skaferlatine, créé à Metz dans les années 90. D'ailleurs, c'est toujours dans cette ville que Piero vit aujourd'hui, en Lorraine.
Nous nous remémorons une chaude soirée à la Cigale Musclée d'Épernay où Skaferlatine avait joué avec Skarface en tête d'affiche (le 26 juin 1993 pour être vraiment précis).
Après le P'ti Jézu dans les années 2000, projet personnel à dominante chanson française, Piero Moioli signe maintenant de son propre nom des compositions stylées, aux teintes chaleureuses, avec des résonances africaines, jamaïcaines, latines, italiennes, rock steady, électro…
Il livrera la majorité des titres de son album à une salle attentive. Nous nous laissons bercer par les textes impressionnistes, les mélodies intimistes, les rythmiques chaloupées. À signaler sa reprise étonnante de "It's a man's man's world" de James Brown.
Après un court entracte nous retrouvons Tomislav, en pleine forme physique et vocale, avec un mordant que nous ne lui connaissions pas. Le son a changé, il est plus âpre, plus "rentre-dedans" (en référence au CD six titres de folk songs délicates "J'y vais, j'en reviens", 2007). Tomislav a beaucoup travaillé, il a cherché, expérimenté différentes façons de jouer, jusqu'à trouver ce qui lui correspond vraiment. Son univers s'est affirmé, c'est plus direct, plus incisif… Nous en sommes d'autant plus transportés.
Son répertoire est centré sur les chansons de l'album à venir. Nous découvrons "Tourner les talons", "Comme une balle", "Où vont les hommes", "J'voulais pas", "Fille de ce pays". "Y'a pas mort d'homme" est un texte écrit par un détenu de Fleury-Mérogis : Tomislav intervient en prison sur des ateliers d'écriture.
En ultime rappel, le musicien revient, triomphant, jouer une chanson traditionnelle croate, "Tebi majko misti lete" (ce qui signifie "Mes pensées s'envolent vers toi"). Une bien jolie façon de quitter le public, ravi par le spectacle.
En sortant du concert, nous pouvons nous procurer pour quelques euros l'EP six titres fait maison de Tomislav. Nous attendons le LP (il viendra en son temps) qui nous réservera, à n'en pas douter, d'excellentes surprises.
Association 1001 Facettes, Chrystèle Lascombes (management, promo, tournée) :
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