vendredi 1 juillet 2011

Longueur d'Ondes #60

Écrire trois fois le mot "violoncelle" dans une chronique de 950 caractères, c'est au moins une de trop, je me suis relue pourtant mais ça ne m'a pas sauté aux yeux…

Je m'en suis aperçue en feuilletant le numéro 60 du magazine Sur la même Longueur d'Ondes (été 2011) alors comme je suis bonne élève, je propose ici la version remaniée de la chronique de "Debut" d'Alice in Neverland, avec un "violoncelle" en moins.

Dans l'ordre, à lire ci-dessous :

-ALICE IN NEVERLAND "Debut"

-KID LOCO "Confessions of a Belladonna Eater"

-PHIL DEVAÏL "La note est salée"

-TO CATCH A CRAB "To catch a crab"

-VIDEO LOVE "Mon ange"

http://www.longueurdondes.com

Chronique BRUITAGE LO #60

ALICE IN NEVERLAND

"Debut"

(Autoproduit)

http://www.myspace.com/aliceinneverlandmusic

Cet album fantasmagorique s'ouvre sur un "Prelude" instrumental élégant et distingué. "Clair Obscur" après sa belle intro à la guitare prend des accents médiévaux, dans "Au bout du fil" la délicatesse du duo piano/violoncelle donne des frissons… Alice in Neverland, c'est l'univers de Vincent, jeune guitariste autodidacte, qui a décidé de donner corps à ses rêveries, à ses histoires extraordinaires, en mêlant les Aventures d'Alice au pays des merveilles (Wonderland) à celles de Peter Pan dans son pays de nulle part (Neverland). Au fil des douze plages intimistes, l'auditeur débride son imaginaire, se souvient des contes de son enfance avec nostalgie, se laisse envahir par cette musique enchanteresse, tout en finesse. S'y posent ici ou là des touches électroniques, des percussions ensorcelantes, le chant doux et caressant de Vincent. L'accompagnent dans cette épopée Laura au piano et Jérémie au violoncelle.

Chronique BRUITAGE LO #60

KID LOCO

"Confessions of a Belladonna Eater"

(F.L.O.R / Green United Music / Pias France)

http://www.kidloco.com

Sûrement en référence aux Confessions d'un Anglais mangeur d'opium de Thomas de Quincey (1785-1859), ce nouvel album studio (le quatrième si l'on ne compte ni mixes ni compilations ni autres réalisations) déploie ses volutes psychédéliques sur treize compositions de choix. La belladone, plante hallucinogène, signifie aussi, d'une certaine façon, "belle dame" et peut conduire à l'addiction… Dès la première écoute, nous tombons sous le charme rétro de l'accordéon, vite remplacé par des claviers enlevés, des sons électroniques, des tempos dansants, très latinos. Il y a les Beatles ici (la trompette de "The attention spy of a butterfly"), un peu de Beck là ("I'm a hero"), les influences incontournables du Velvet Underground ("The morning after"), l'apport de Tim Keegan ("Friends of mine"), la reprise légère et désinvolte de "The passenger" d'Iggy Pop… Notre grand Kid Loco national signe là une œuvre séduisante et jubilatoire.

Chronique BRUITAGE LO #60

PHIL DEVAÏL

"La note est salée"

(Tonton La Prod)

http://www.myspace.com/phildevaud

Nous aimons d'emblée le blues de "Mon âme me laisse", le chant scandé, les phrases qui roulent, s'enroulent et tournent en boucle. Il y a du banjo, les rythmes ensorcelants du kayembe (percussion en roseau), une basse afro beat, des chœurs spirituels… "Où est la machine" est une fable poétique, au thème bien plus grave qu'il n'y paraît. Le refrain doublé, chanté ad libitum, prend peu à peu son sens. "Où est la machine à peser les balances ? Je l'ai donnée aux fées…" Le livret du CD onze titres propose les paroles, il faut s'y attarder. L'artiste à la coiffe d'Indien, pas né de la dernière pluie, vient d'Angers et d'ailleurs, influencé par le blues du Mississipi, les chœurs gospel, la transe des danses africaines, le punk rock d'Angleterre, le hip hop, les chansons à textes et bien d'autres choses encore. Oui, "La note est salée" dans ce monde qui défaille, Phil Devaïl fait ce constat avec des mots forts et lucides.

Chronique BRUITAGE LO #60

TO CATCH A CRAB

"To catch a crab"

(Whosbrain Records)

http://www.myspace.com/tocatchacrab

Le duo strasbourgeois peut surprendre par la diversité de sa musique (trip-hop habité, textes parlés sur fond sonore évolutif, paroles en italien avec bugle planant, rock saturé, jazz lancinant, pop éclatante, expérimentations bruitistes…) mais ne peut en aucun cas laisser indifférent. Christine Clément et Pascal Gully développent un style fait de bric et de broc, aux multiples influences, alternances, nuances, contrastes. Attraper un crabe, ce n'est pas si facile, il faudra du temps pour s'approprier l'ensemble du disque, on ramera un peu… On sera finalement content d'une si belle prise ouvrant la porte sur des territoires musicaux loin du formatage "commercial", plus étranges peut-être, mais intéressants. "Folk" est un titre fleuve de plus de sept minutes : s'y succèdent un solo échevelé de batterie, le souffle jazz du bugle, une voix féminine aux accents d'ailleurs, sur des rythmes accélérant jusqu'à la transe.


Chronique BRUITAGE LO #60

VIDEO LOVE

"Mon ange"

(Lentonia Records)

http://www.myspace.com/wearevideolove

Elmapi compose, écrit les textes, chante, joue des claviers et des machines. Matterlink, vidéaste (par ailleurs réalisateur de cinéma) intervient en concert avec sa collection d'images animées et samplées. De ce film d'amour, nous n'en aurons pour le moment que la bande son, à chacun d'imaginer son propre scénario. Pour la scène, sachez que Video Love se produit habituellement (pour le moment) aux Etats-Unis. Les neuf titres de "Mon ange" sont comme autant de séquences cinématographiques, des rythmes glaçants du "Bruit des machines" jusqu'aux synthés entêtants de "Wild driver". Les sons électroniques, métalliques, tranchants, incisifs, sont adoucis par la voix d'Elmapi et ses phrasés poétiques, donnant aux compositions un esprit léger, chanson, pop. Nous écoutions récemment Charles de Goal, Martin Dupont, Kas Product, Poésie Noire : Video Love assure bien la continuité avec une démarche exigeante et déterminée.

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