L'événement était de taille, avec Yas nous avions nos places depuis début novembre, nous serions là, quoi qu'il arrive !
Nous nous disions qu'un album était sûrement en projet, que nous aurions la primeur de nouvelles chansons au cours de la soirée. Frédéric Lo serait-il le réalisateur, comme pour les deux précédents, "Crèvecoeur" et "Amours Suprêmes" ?
J'apprends plus tard, lors de l'interview de Daniel Darc par Pascale Clark sur France Inter (2 février 2011), qu'il y a bien un nouvel album en prévision (oh que ça m'a fait plaisir), se faisant cette fois-ci avec Laurent Marimbert (auteur, compositeur, réalisateur). Lequel était présent le 7 février, mais dans les coulisses, ne venant sur scène accompagner Daniel qu'au moment des rappels (aux claviers et aux machines) sur deux inédits saisissants (trois inédits en tout), qui figureront sur le disque à venir.
La salle parisienne du Palace, après sa période grandiose à la fin des années soixante-dix, début quatre-vingt, avait fini par fermer. Son entrée avait été murée, sa façade se trouvait dans un sale état, son enseigne faisait triste figure. Les briques de béton grises, bombées à la peinture, n'offraient apparemment plus aucune perspective. Merci aux Belges qui l'ont fait renaître de ses cendres, en 2008. L'histoire du Palace est sur Wikipédia :
Pour jeter un coup d'œil à la programmation (assez éclectique) :
Il y eut, dans ces murs, il y a bien longtemps (11 décembre 1979), un concert devenu légende, celui de Taxi Girl, avec Daniel Darc au chant. Les Parisiens jouaient en première partie du groupe new-yorkais Talking Heads et… Est-il besoin ici de détailler les faits ? Avec un moteur de recherche, on accède aisément à une biographie du groupe Taxi Girl.
Là, un texte de Francis Dordor :
Encore et toujours Wikipédia :
Mes photos du Palace en 2006 puis en 2009.
Lundi 7 février 2011 : "Il sera une fois..."
Nous entrons à l'intérieur du Palace le cœur battant, très émues. L'air de rien, le lieu est mythique, et nous ne venons pas voir Liane Foly (fort heureusement). La salle de spectacle est magnifiquement décorée, nous sommes bien placées. Le chanteur Christophe fait une entrée remarquée en tant que spectateur.
Nous n'étions pas au courant d'une première partie, nous découvrons un quatuor de choc composé d'un danseur et chanteur aux cheveux longs, vêtu d'un long kilt, de deux musiciens de jazz (trompette et piano) aux airs de zombies punk, d'un DJ aux lunettes rondes, coiffé d'un chapeau melon.
Habillés en vert, ils présentent un spectacle singulier empreint de poésie, mêlant jazz, hip hop, electro, music hall, burlesque, arts forains, danse contemporaine. Cela en déconcerte plus d'un, nous sommes soufflées par tant d'audace. Il s'agit des Diables Verts, de la compagnie de danse Pietragalla, dans un extrait de "La Nuit des Jeunes Gens", dédié au poète Louis Aragon.
Pour en savoir plus :
Puis vient l'heure tant attendue : les rideaux s'ouvrent sur un Daniel Darc de sombre vêtu, empoignant le micro avec cette attitude tout à la fois dure et fragile, sa voix écorchée parfois hésitante, ses textes superbes, intenses, sur le fil. Deux musiciens l'accompagnent sur scène : Kalim B au piano et Jeff Assy au violoncelle. Ils furent tous les trois, début janvier, en résidence à Lille, à la Péniche, où ils ont donné deux concerts.
Le répertoire est principalement axé sur les chansons des deux derniers albums : revisitées en version acoustique, elles n'en ont que plus de force, troublantes, à fleur de peau. Daniel se penche, Daniel se balance, Daniel chante, Daniel scande, Daniel souffle, Daniel souffre, Daniel prie, Daniel s'essaie aux rythmes avec la bouche, Daniel joue de l'harmonica… Nous sommes suspendues à ses mots, à son corps qui oscille, à la transe du piano, à la plainte du violoncelle…
Nous avons droit à des reprises, le standard jazz "My Funny Valentine", la chanson de Gainsbourg "Dépression au-dessus du jardin", une version incroyable du tube de Taxi Girl "Chercher le garçon". Nous reconnaissons "Pitchipoi Hotel" sur l'album "Nijinsky", nous tendons l'oreille : cette chanson-là semble nouvelle, oui, "C'était mieux avant".
Aux rappels, Daniel Darc revient avec sa bible pour réciter le Psaume 23 : "Le seigneur est mon berger, je ne manque de rien, sur les prés d'herbe fraîche il me fait reposer…", puis il appelle Laurent Marimbert pour jouer deux autres inédits, le jazz poétique de "Sous la lune" et le sidérant "La taille de mon âme".
Merci à Laurent Marimbert, contacté sur MySpace, de m'avoir communiqué les titres de ces trois chansons écrites avec Daniel.
Voici ce que m'a écrit Yas au sujet du concert :
"J'ai apprécié l'intimité qui régnait dans la salle, ce corps tordu de part en part, cet être écorché vif qui surmonte depuis de nombreuses années la douleur et qui apprécie de se donner tel qu'il est : un homme qui se dénude, chante, talk avec ses tripes, nous fait voyager dans son monde. Il nous a fait vibrer, oui l'harmo, c'était vraiment super, une envolée lyrique en quelque sorte, c'est ce que j'ai ressenti."
Pour finir, j'ai envie de dire que l'interview de Pascale Clark donnait à fond dans les clichés, elle revenait, et revenait encore sur les mêmes sujets, des trucs vieux de trente ans… Daniel Darc a été gentil, il s'est prêté au jeu, on sentait bien qu'il aurait eu envie de parler d'autre chose, car finalement ses propos étaient très positifs, pleins d'humour, il s'animait quand le sujet semblait intéressant…
Il a son vécu, il a son passé, il a ses faiblesses, il a sa façon de parler, mais lui au moins il a le mérite d'être debout, créatif, entouré de personnes qui croient en son talent d'auteur, de musicien. Alors, le réduire à ce gamin rebelle des années quatre-vingt… Il a cinquante ans, aujourd'hui, Daniel Darc ! Pascale, réveille-toi ! Elle n'était pas bien préparée, son interview, pas approfondie, sans empathie. La plus à côté de la plaque, ce matin-là, c'était elle.
Sur You Tube, Beluga1968 a mis sept vidéos du concert, de bonne qualité.
Des photos de la soirée :
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