Trilogie de la maison 1/3
Je me suis réveillée bien avant
les autres. Debout, en silence, j'ai enfilé mes bottes, mis un gilet par-dessus
ma veste de pyjama et je suis partie me promener aux alentours de la maison.
Ici, les chemins sont de terre, herbus ; je sens déjà la rosée s'immiscer
dans mes courtes bottes.
C'est l'aube, la lumière est
bleutée. Je respire l'air frais et je marche, contemplant la nature que je
surprends, encore en plein sommeil. Je distingue les arbres, noirs, immenses,
au-dessus de ma tête, et les champs qui s'enfoncent, au loin, dans l'obscurité.
Le chemin est tout droit. Je le suis des yeux jusqu'à le voir disparaître.
La nuit se retire peu à peu, les
oiseaux entament une mélodie joyeuse, entêtante, une ode à la vie… Je suis
vivante, je me sens exister au milieu de cet univers familier où je conduis mes
pas. Là-bas, une ferme : celle où nous allons chercher le lait, les oeufs.
Plus loin quelques maisons, des
prés immenses avec des vaches, de hauts buissons de mûriers. Le puits, danger
tout proche, et cette vieille machine agricole rouillée que j'ai toujours vue
ici, échouée, émergeant à peine des grandes herbes. Son siège est confortable
et de là, je domine un océan de verdure.
Le soleil diffuse bientôt une
couleur orangée, teintant tout ce qu'il touche de ses rayons encore pâles. Des
nappes de brume planent au ras du sol, donnant un air étrange au monde qui
m'entoure. Je bats des mains, émerveillée par ce fabuleux spectacle qui s'offre
à mes yeux d'enfant.
C'est l'été. Il va faire beau,
aujourd'hui. Bientôt j'ai faim, je rentre. Mes pieds sont froids, l'eau fait du
bruit dans mes bottes. Les autres seront sûrement levés, je pense au réconfort
d'un grand bol de chocolat chaud.
« Promenade » a été
publié précédemment sur Hautetfort (avec « Première fois » et « En
sueur ») dans « Trilogie du réveil ».
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