dimanche 31 janvier 2016

Les fourmis de la Cigale (11)

Appel à témoignages


La Cigale Musclée, ça vous dit quelque chose ?

Vous avez participé à la vie de ce café-musiques marno-sparnacien entre 1989 et 1996, côté cigale, côté musculation, ou les deux ?

Vous avez été membre du bureau de l’association et/ou du Conseil d’Administration, vous étiez un acteur local sur la ville d’Épernay au cours de cette période (Club de Prévention, Maison pour Tous, Télé Centre Bernon, Comité du quartier Bernon, Salmanazar, Palais des Fêtes, Comep, élu municipal, salarié municipal…) ?

Vous avez travaillé au ministère de la Culture et vous étiez partie prenante dans le programme Café-Musiques, ou bien à la DRAC Champagne-Ardenne ou à l’ORCCA (Office Régional Culturel de Champagne-Ardenne) ou alors dans une autre structure impliquée dans ce projet ?

Vous avez été bénévole à la Cigale Musclée ou salarié, vous avez fait partie du (gentil) Service d’Ordre, vous voulez témoigner de votre expérience, de ce qu’il vous en reste, plus de vingt ans après ?

Vous avez fréquenté la salle de musculation, vous êtes venu une fois seulement à un concert, vous veniez régulièrement aux concerts, vous êtes allé aux éditions Festival Rock (cinq en tout) organisées au Palais des Fêtes ou au Comep, et/ou aux Semaine Jazz (deux éditions, l’une en 1993, l’autre en 1994), vous avez assisté aux manifestations  pluriculturelles de BRASIER (tous les deux ans : 1991, 1993, 1995) déployées dans toute la ville, vous avez sillonné Épernay lors de son énorme Fête de la Musique, le 21 juin 1995 ?

Vous étiez responsable d’un bar, d’une salle de concert, d’une radio libre, d’une association sportive ou culturelle dans l’une des villes voisines (Magenta, Ay, Reims, Châlons-sur-Marne, Vitry-le-François, Troyes, Château-Thierry, Saint-Quentin…) et vous avez été en contact avec l’équipe de la Cigale Musclée ?

Vous avez écrit sur la Cigale Musclée en tant que journaliste, peut-être une chanson, un poème, un rap, une fiction à son sujet, vous avez conservé des fanzines, des programmes, des affiches, des flyers, des billets de concert ? Vous avez acheté (moi j’en ai deux) des pin’s ?

Vous étiez photographe professionnel ou amateur, vous possédez toujours des clichés pris dans le cadre des activités de la Cigale Musclée, vous les avez numérisés ou vous allez le faire ?

En tant que musicien, vous avez joué à la Cigale Musclée ou dans le cadre d’une manifestation se déroulant hors de ses murs (Festival Rock, Semaine Jazz, BRASIER, Fête de la Musique…) et vous en avez, à n’en pas douter, d’excellents souvenirs que vous auriez envie de partager ?

Besoin de vidéos pour vous rafraîchir les idées ?

Sourire Kabyle
Épernay : La Cigale Musclée, 21 novembre 1992 - Extraits du concert
Christian Vander Trio
Épernay : La Cigale Musclée, 26 mars 1993 - The Coaster (Extrait)
https://www.youtube.com/watch?v=xdijLl_jS6A

Ou bien de son "pur jus" (de raisin) ?

Giorgio et les Pom Pom
Rock sparnacien : Rock FM, Les sardines à l'huile, La guerre de cent ans, J'ai pas l'temps, Amour frigide, Billy Joe, Mets pas, Alcoolos (poivrots, picoleux..., alcoolos, poivrots,..), Voleur
https://myspace.com/giorgioetlespompom/music/songs

Nihil
Épernay : Vignerons Champenois (Oooooh...Je vous embulle !)
https://www.youtube.com/watch?v=32aQ-pmSsFA

Tant qu'on y est (tango niais) :

Nihil
Épernay : Douaniers (...Gardien de la grande porte, ne sens-tu pas cette odeur forte?)
https://www.youtube.com/watch?v=2qEhomvg1eE

Nihil
Épernay : Chez Charles-Henri (...Ah qu'est-ce qu'on rit chez Charles-Henri... Ah Ah Ah Ah Ah !)
https://www.youtube.com/watch?v=rvCmtxDBU8U


Quelques pistes de réflexion :

Les mots qui vous viennent pour décrire la Cigale Musclée :

Votre meilleur souvenir de la Cigale Musclée :

Les points forts de la Cigale Musclée :

Les points faibles de la Cigale Musclée :

Ce qu’il vous en reste, vingt ans et plus après :

Une anecdote au sujet de la Cigale Musclée :

Vos liens concernant la Cigale Musclée sur le Web :

Vous pouvez adresser vos messages à :


Vos témoignages seront publiés prochainement.

Merci d’avance pour votre contribution !

Illustrations Semaine Jazz et Festival Rock, 1993 : Laurent Cortes

La Cigale Musclée (1989/1996) : parlons-en encore, toujours plus !

Lien vers ma série d’articles

samedi 23 janvier 2016

Un roman d'amour


12 janvier 2016
Par quoi commencer ? Écrire un roman d’amour, est-ce raconter une histoire d’amour ? L’idée serait de faire évoluer les personnages dans des lieux où je suis allée lors de mes voyages. Un roman photo, un roman fleuve, un roman autobiographique, un roman de gare, un roman d’amour.

Il aurait pour cadre les trains, les gares, l’arrivée, le départ, le cheminement dans la ville, la visite des quartiers historiques, des lieux typiques, des musées, des monuments religieux. Je décrirais l’hôtel, aussi, sa situation dans la ville, la chambre, son décor, sa vue, son lit.

13 janvier 2016
Envisager un échange de lettres, entre deux personnes. Un homme et une femme, vivant loin l’un de l’autre, de par leurs conditions respectives (ils sont peut-être mariés, chacun de leur côté), qui se retrouvent dans de belles villes, le temps d’une escapade chèrement acquise, une pause amoureuse, sentimentale et touristique.

Ils prendraient des photos, chacun avec son appareil (ou son smartphone, puisque c’est dans l’air du temps). Ils se les échangeraient, plus tard, en les commentant, en évoquant les souvenirs de leurs moments à deux, dans les rues d’Amsterdam, de Bruges ou de Bruxelles, de Londres, Barcelone, Berlin, Bucarest, Vérone, Venise ou bien Paris. Pourquoi pas Lille, Lyon, Marseille, Bordeaux, Dijon, Troyes, Reims, Colmar, Clermont-Ferrand, Chalon-sur-Saône, Annecy, Poitiers, Angers, Nantes, Rennes, Vannes, Brest, Saint-Malo, Le Havre… ?

J’aurais toutes mes photos, pour m’inspirer. J’en ai tellement pris, durant toutes ces années ! Je persiste à en prendre, encore et toujours. Pour qui, pourquoi ? Pour me les repasser en diaporama, par exemple, quand je rentre chez moi. Pour en sélectionner, puis pour les partager, en les publiant sur mon blog. J’imprime sur ma rétine toutes ces belles images, je suis encore un peu là-bas, j’en fais profiter les autres…

Alors quoi ? On suivrait le couple tout au long de son existence, ici, là-bas, dans de grandes villes européennes, dans des pays plus lointains. Au début, la correspondance serait sous forme de courrier postal, de photos glissées avec des annotations, puis elle évoluerait, au fil du temps et des moyens technologiques. Les amoureux séparés se parleraient de temps en temps au téléphone, ils s’enverraient des fax, puis des mails…

Ils se rencontreraient, durant des décennies, quatre fois par an, à chaque saison si possible, dans un endroit choisi par l’un ou par l’autre, selon leurs envies, leurs disponibilités. Les années passeraient, sans jamais se ressembler. Un printemps à Marseille, un été à Venise, un automne à Berlin, un hiver à Bruges…

La mort de leurs conjoints, à quelques mois d’intervalle, les réunirait pour le restant de leur vie. Ils se donneraient exclusivement l’un à l’autre, savourant totalement leur union, se donnant du bon temps, à plein temps. Toujours ensemble, jamais plus séparés.

Ils en avaient eu, de sacrés moments de bonheur, tous les deux, au cours des dix dernières années ! Voyageant moins, moins loin, moins longtemps, privilégiant la vie commune dans la villa en bord de mer qu’ils avaient achetée. Chaque nouveau jour passait tel un enchantement. Ils avaient atteint un bel âge, en plutôt bonne santé ! Ils étaient comblés.

Pour leur dernier voyage, ils avaient choisi d’aller à Amsterdam. Ils n’étaient pas éternels, l’un ou l’autre pouvait décliner du jour au lendemain, ou même s’éteindre brutalement… Le temps était compté. Ils partiraient ensemble, en bonne forme, mentale et physique. Ils ne pourraient supporter de voir l’autre faiblir, ils s’aimaient trop pour ça.

Ils ne seraient séparés ni par la maladie, ni par la mort de l’un ou de l’autre, ils n’envisageaient pas l’hôpital, encore moins la maison de retraite. Ils étaient restés beaux, chacun à leur façon. Ils étaient beaux l’un pour l’autre, l’un dans les yeux de l’autre. Ils prenaient soin d’eux, ils continuaient à se plaire, comme à leurs vingt ans. Ils étaient amoureux, se connaissant si bien, faisant encore l’amour.

Les voilà, tous les deux, bien mis, élégants, quittant leur hôtel de la Raadhuisstraat en se tenant par le bras, suivant à petits pas le trottoir jusqu’à l’angle avec Herengracht. Ils entrent dans le petit café, descendent les quelques marches, s’avancent vers le comptoir pour consulter le menu.

Ils veulent se faire à nouveau ce plaisir : fumer, ici, ensemble. Rêver, philosopher, se souvenir, se séduire, s’étonner encore, aller au plus profond de l’âme de l’autre, communier, ne faire qu’un.

17 janvier 2016
Non, ils n’iront pas gambader à travers les rues pavées en longeant les canaux après avoir fumé chacun leur joint d’herbe, ce n’est plus de leur âge. Ils resteront là, dans cette petite salle en sous-sol confortablement aménagée, agréablement éclairée, à l’ambiance cosmopolite, au va et vient incessant. Il se lèvera et en rachètera deux autres, elle commandera deux thés au lait.

L’on achète au comptoir, l’on repart ou l’on s’installe, seul, en couple, entre amis, l’on goûte le produit, l’on tousse bruyamment si c’est de l’herbe, l’on a les yeux qui s’éclairent, qui se dilatent, ou qui se vitrifient, selon… La musique est douce et paisible, légèrement rythmée, parfaitement adaptée. Sur le grand écran muet, s’époumonent les personnages du Muppet Show, sous-titrés en néerlandais.

Ils en ont tant et tant, roulé de joints ensemble, elle pour lui, lui pour elle, ils pourraient encore le faire les yeux fermés ! Maintenant ils ont de l’arthrite, à quoi bon malmener leurs doigts ? Ils sont riches, ils ont bien plus d’argent sur leur compte qu’ils ne pourront jamais en dépenser. Alors, vive le luxe du joint tout fait !

Ils sont tous les deux assis sur la même banquette, faisant face à la salle et au bar, l’un tout près de l’autre, tirant lentement sur leur joint, s’échangeant des paroles qu’eux seuls entendent. Quand l’endroit se remplit, que les gens veulent s’asseoir, ils acceptent volontiers des voisins de table, en vis-à-vis. Ils engagent la conversation, en anglais, avec ces personnes de passage venues du monde entier, s’adonnant, sans complexes, à des plaisirs récréatifs parfaitement licites.

Le vieux couple quittera le café à la nuit tombée, saluant amicalement le personnel, le remerciant vivement pour son accueil. Il ajustera sa casquette, elle nouera son foulard, il montera en premier les quelques marches vers la sortie et retiendra la porte pour elle. Dehors, tout se sera allumé : les enseignes, les vitrines, les lampadaires, les décorations de Noël, les fenêtres des maisons, les phares des vélos, des trams, des bateaux.

Il y a des voitures qui circulent et quelques scooters, beaucoup de piétons, c’est une grande artère, très passagère. Ils profiteront du spectacle des lumières et des bruits de la ville, en faisant à leur rythme le chemin en sens inverse, jusqu’à leur hôtel, où ils dîneront aux chandelles.

Que feront-ils demain ? Demain sera un autre jour ! Ils doivent réserver une croisière nocturne pour découvrir les œuvres lumineuses du Light Festival, ils veulent revisiter le musée Van Gogh, revoir la maison de Rembrandt, retourner fumer dans ce même café, qu’ils ont trouvé si sympathique…

D’abord un bon repas réparateur, en tête à tête, dans un cadre raffiné, une toilette complète et minutieuse une fois dans leur suite, la lecture dans leur grand lit, l’un blotti contre l’autre, chaleur intime, désir des corps.

23 janvier 2016
Ils lâcheront lui son livre, elle sa tablette, ils s’enlaceront, s’embrasseront, s’étreindront avec force, feront l’amour longuement, s’endormiront soudés l’un à l’autre, pleinement satisfaits de cette journée d’hiver. L’une de leurs dernières, en couple, sur cette Terre. Avant de concrétiser leur décision commune, mûrement réfléchie. La semaine prochaine, ils mourront ensemble.

mercredi 20 janvier 2016

Les habits du dimanche


Ce soir-là, il s’était particulièrement bien habillé. Jean noir de marque, pull moutarde chiné, veste grise à fines rayures, chaussures de sport en cuir… Il voulait paraître à son avantage, il voulait être beau, il voulait séduire. En fin d’après-midi, en quittant son travail, il était allé chez le coiffeur et en était sorti métamorphosé. Un homme neuf, un autre homme.

Rentré chez lui, il s’était longuement douché, évitant de mouiller ses cheveux, légèrement hérissés, fixés avec du gel. Il avait tenu à ce que sa nuque soit passée à la tondeuse, les tempes, aussi. Il trouvait le changement parfaitement réussi.

Après la douche, une fois essuyé, il s’était copieusement arrosé de son eau de toilette du moment : « Les habits du dimanche », aux fragrances épicées, excitantes. En sous-vêtements devant le lavabo, il s’était rasé pour la deuxième fois de la journée : il voulait être impeccable, nickel, irréprochable.

S’observant dans le miroir de la salle de bains, son visage débarrassé de la mousse et tonifié à petits coups d’after-shave, il s’était trouvé beau, avec ses cheveux brun foncé, bien coupés, légèrement ondulés, avec son teint d’homme méditerranéen, pour rester dans le socialement correct, autrement dit sa jolie gueule d’Arabe, pour parler sans détours.

Des détours, il n’en avait pas pris avec Abdel, rencontré le week-end précédent dans un bar branché du Marais. Ils avaient commencé par discuter au comptoir, s’échangeant des regards qui en disaient bien plus qu’un long discours. Après plusieurs mojitos bien dosés, ils s’étaient retrouvés sur le trottoir, sans intention de se quitter.

Il avait proposé à Abdel de poursuivre la soirée chez lui. Son scooter était garé là, tout près, et il avait deux casques. Abdel, lui, était venu à pied, de République. « Je suis libre comme l’air, emmène-moi au Paradis ! » lui avait-il glissé à l’oreille, avant de monter à l’arrière du scooter et de passer ses bras forts et musclés autour de sa taille.

Ces prémices annonçaient une nuit d’amour haute en couleur, en sensations fortes ! Ils s’étaient donnés l’un à l’autre, sans retenue, le courant passant extraordinairement bien entre eux. C’était à la fois tendre et sauvage, la complicité était venue instantanément, une vive étincelle, un feu d’artifice du 14 juillet. Alors, Slimane avec Abdel ? Pourquoi pas ?

Abdel était parti au petit matin, ni l’un ni l’autre n’avait dormi ! Il devait passer à son domicile (une chambre sous les toits, petite mais bien aménagée) pour se doucher et se changer, endosser sa tenue de travail : un costume sombre et bien coupé, une chemise blanche sortant de chez le teinturier, une cravate impeccablement nouée, des chaussures bien cirées, à la semelle épaisse, souples et confortables.

Abdel était vigile dans la galerie commerciale de la Porte de Bagnolet et prenait son poste, ce samedi-là, à huit heures trente précises. On ne tolérait aucun retard. Il avait beau avoir fait de hautes et brillantes études en sciences économiques et sociales, il n’avait pas encore trouvé un emploi correspondant à ses compétences, avait-il confié à Slimane. Il enrageait.

« Je suis né en France, de parents français, d’un milieu modeste mais cultivé, ouvert sur le monde. Je suis allé à l’école publique, laïque et républicaine, dans la petite ville de province où nous habitions, mes parents, ma sœur et moi. J’ai toujours été un bon élève, au collège, au lycée, à la fac. J’ai été apprécié pour mon sérieux pendant mes stages en entreprise, on disait que je faisais du bon boulot. Mais maintenant, pour trouver un vrai job…

Je suis Français, je veux vivre et travailler en France, mais j’ai le tort de m’appeler Abdel Diakate et d’avoir la peau noire. On s’en fout que j’ai bac + 6, la seule chose qui se monnaye c’est ma carrure athlétique, mes quinze ans de judo et autres arts martiaux !

Je me donne encore un an pour trouver un poste en rapport avec mon niveau d’études, à Paris ou en province, en tout cas dans une grande ville… Sinon, peut-être que l’on voudra d’un nègre diplômé quelque part en Afrique, sur un continent ou sur un autre… Je vais bien finir par trouver une boîte moins dans les préjugés, le racisme, l’intolérance. Ça doit bien exister, non ? »

Slimane avait écouté avec émotion la tirade de son nouvel ami, il comprenait. Pour lui non plus les choses n’avaient pas toujours été faciles. Né dans le quartier des Bosquets, à Montfermeil, de parents algériens fraîchement débarqués de leur village, il avait passé une enfance relativement paisible entre l’école, le centre de loisirs, le stade de foot, la forêt de Bondy.

Il était l’aîné de la famille, viendraient bientôt deux sœurs, deux frères, une autre sœur. Son père et sa mère avaient appris le français de façon tout à fait correcte, mais ils parlaient et lisaient l’arabe à la maison. Ils pratiquaient l’Islam, c’étaient de bons musulmans, ils avaient transmis à leurs enfants la tolérance, l’amour du prochain, le respect des autres, les valeurs humaines.

Slimane avait commencé à souffrir au cours de son année de 4e, lorsqu’il avait pris conscience de son attirance pour les garçons, de son envie irrépressible d’aller vers ceux qui lui plaisaient, quitte à se prendre une veste ou pire, un poing dans la gueule, voire un lynchage en règle au retour du collège.

Après la 3e, il avait quitté la banlieue parisienne pour une école de formation aux métiers de la boulangerie-pâtisserie, loin de chez lui, de sa famille. Il aimait ça, il était doué, il avait obtenu avec succès tous ses diplômes et commencé à travailler dans de grandes villes du Sud. Il avait pu y mener une vie sexuelle et amoureuse plutôt épanouie, selon sa convenance.

Une opportunité avait fait monter Slimane à Paris il y a six mois, pour superviser l’ouverture de deux salons de thé spécialisés dans les séries télévisées, deux lieux centraux, bien situés, facilement accessibles en métro. Avec le job il avait eu aussi l’appartement, un 60 m2  dans le nouveau quartier du 13e arrondissement, des commerces à proximité et une vue imprenable sur la Seine, un sacré confort personnel.

Slimane Ben Bachir, 27 ans, coordinateur de l’ambitieux projet « Patty Séries », s’apprêtait à sortir pour revoir Abdel Diakate, rencontré la semaine dernière. Au-delà de leur entente physique, ils avaient des affinités, à n’en pas douter. Abdel lui avait parlé d’un café sympa, rue de Charonne, il l’attendrait là, pour vingt et une heures. 

Slimane démarra son scooter et confiant, souriant, se dirigea vers le quai de Bercy en direction de Bastille. Il avait hâte de revoir son amant. Il faisait étonnamment doux, en cette presque mi-novembre. Un temps à s’asseoir en terrasse, à boire des cocktails, à s’amuser, à profiter de la vie.

En hommage aux victimes innocentes des attentats du vendredi 13 novembre 2015 au Stade de France, à Paris rues Bichat et Alibert, rue de la Fontaine au Roi, rue de Charonne, boulevard Voltaire, au Bataclan.

Mes pensées vont aussi vers les personnes qui sont mortes récemment à Bruxelles (22 mars 2016) et à Nice (14 juillet 2016) seulement pour avoir eu le tort de se trouver là, au mauvais moment.

dimanche 17 janvier 2016

Erik Truffaz Quartet à la Caravelle de Meaux


C'est avec une joie immense que je me dirigeais vers la salle de concert de l'Espace Caravelle, ce vendredi 8 janvier 2016. Erik Truffaz Quartet, mon premier concert de l'année !

J'arrive tôt pour être bien placée, tout en bas, sur le premier fauteuil, en face de la scène. Les gradins sont pleins (le concert affiche complet) quand ça démarre, avec "Kudu" et "Fat City".

Le trompettiste salue son public, l'informe que le concert est enregistré pour une prochaine émission sur France Musique, que "Kudu" (composé en Afrique du Sud) et "Fat City" sont des titres de son nouvel album, "Doni Doni" (il sortira le 15 janvier 2016).

On enchaîne avec "Pacheco", "The Dawn", Szerelem"..., on est subjugué par le jeu subtil et foisonnant d'Arthur Hnatek (par ailleurs batteur de Tigran Hamasyan, rien que ça) qui a remplacé Marc Erbetta. Benoît Corboz se déchaîne aux claviers, du grand art comme toujours, Marcello Giuliani promène ses doigts avec dextérité sur sa basse mélodique et raffinée.

Erik Truffaz est zen, concentré, inspiré. Son jeu invite à la sérénité, à la méditation, au voyage. J'oublie le temps, tout à la musique, savourant les solos, balançant la tête, applaudissant, tapant des mains quand le trompettiste (il utilise aussi son bugle) engage le public à le faire.

Plus tard, il y aura "Seydou" (?),"Doni Doni" (petit à petit, en bambara, au Mali).., un rappel avec deux titres plus anciens, "Les gens du voyage" et "Lost in Bogota", sur l'album "In Between" (2010, déjà !).

Le saxophoniste Guillaume Perret est dans la salle et dès que les lumières se rallument, il fonce vers les loges, je me dis qu'une rencontre entre les musiciens est certainement prévue... J'en aurai la confirmation par une photo sur le Facebook d'Erik Truffaz, rassemblant le trompettiste, le saxophoniste, le bassiste et le batteur.

L'émission de France Musique enregistrée à Meaux peut s'écouter ici.

"Tout" au sujet d'Erik Truffaz sur ce blog, ici-même.

Puisque l'on est à parler jazz, signalons la sortie de deux disques que j'apprécie particulièrement, il s'agit de celui d'Anna Farrow (chant, composition, écriture des textes), "Days & Moods" (sortie le 15 janvier 2016) et celui du jeune saxophoniste Baptiste Herbin, en quintette et avec des invités de marque, "Interférences" (sortie le 22 janvier 2016).

"Days & Moods"
Denova Music /Ropeadope
La voix, sensible, expressive, rappelant celle de Beth Gibbons ou d'Alison Goldfrapp, me plaît d'emblée,  ainsi que le côté trip hop émanant de certains titres. C'est tout à la fois léger ou plus grave, joyeux ou plus mélancolique, selon le temps qu'il fait, les endroits, les humeurs... et les jours.
En concert le 28 janvier 2016 au Cri du Port à Marseille, au Sunside (Paris) le 4 février.

Baptiste Herbin
"Interférences"
Just Looking Productions / Harmonia Mundi
Un jeune qui en veut, au jeu de saxophone alto enlevé et luxuriant, des compositions aux rythmes afro, subtiles et raffinées. On se laisse porter d'un bout à l'autre des quatorze plages, jusqu'à ce fameux "Ask me now" (Thelonius Monk) en solo et ces "Interférences" pour conclure en beauté.
En concert les 19 et 20 février 2016 au Sunside (60 rue des Lombards, 75001).

Erik Truffaz Quartet à la Caravelle de Meaux
8 janvier 2016
(Erik Truffaz, Benoît Corboz, Marcello Giuliani, Arthur Hnatek)
Cliquer sur la première photo pour le diaporama.























mercredi 13 janvier 2016

Noël aux Pays-Bas, fin d'année en Belgique


Amsterdam, Haarlem, Bruges, Bruxelles, 25 au 30 décembre 2015


Voilà, j’y étais. Le 25 décembre 2015, à onze heures du matin, je déposais mes bagages à mon hôtel, très facile à trouver à partir de la gare, puis je partais en balade en remontant Warmoesstraat, destination le petit café où j’aime bien aller quand j’arrive à Amsterdam. Place De Dam, Koninklijk Paleis, Raadhuisstraat, Singel, Herengracht…

Après, j’avais décidé d’aller à la Synagogue Portugaise, en suivant Singel et son marché aux fleurs, en traversant l’Amstel et ses superbes points de vue. Je m’étais renseignée : elle accueillait le public en ce jour de Noël et le musée de l’histoire juive, tout proche, aussi. Je savais largement comment passer mon vendredi après-midi.

J’apprends nombre de choses sur la religion juive au cours de mes visites grâce à l’audioguide, compris dans le prix du billet. Ainsi, dans cette synagogue, il n’y a pas une once d’électricité, seules les grandes fenêtres apportent de la lumière et un peu de chaleur ; on s’éclaire grâce aux bougies suspendues aux grands lustres, aux cierges dans les chandeliers.

Quand je sors du musée, il fait déjà presque nuit. J’en sais un peu plus encore sur l’extermination des Juifs quand les Nazis occupaient les Pays-Bas, j’apprends l’existence du camp de regroupement et de transit de Westerbork avec tous ses baraquements et ses quais parfaitement aménagés direction la mort, et de l’ancien théâtre Hollandsche Schouwburg où l’on a parqué les gens dans des conditions abominables. C’est maintenant un mémorial, je m’y rendrai le surlendemain.

Pas question d’aller tout de suite à l’hôtel, je m’offre une petite pause dans un café pris au hasard, avant d’aller sur Rembrandt Plein où il y a trop de monde pour moi, trop de chalets de Noël. Je continue sur Herengracht où je vois les premières sculptures lumineuses du Light Festival, l’une des autres raisons pour lesquelles je suis venue à Amsterdam, en plein hiver. J’en verrai plus le lendemain soir, je suivrai le parcours nocturne, m’enthousiasmant, ici et là, sur la beauté des œuvres de lumière.

Je marche tout au long de Haarlemerstraat, je regarde les vitrines artistiquement décorées, les façades aux céramiques ouvragées, je prends un canal « parallèle » que je connais déjà, Brouwersgracht, pour retourner vers le centre. Je ferai un tour dans le Quartier Chinois et dans le Quartier Rouge, à deux pas de mon hôtel, avant de monter dans ma chambre.

Ce fut une belle journée de Noël, très réussie, telle que je la voulais, ailleurs que seule chez moi, ailleurs qu’en famille. Et aux Pays-Bas, comme le Lendemain de Noël est aussi un jour férié, j’apprécierai le calme, le charme et la douceur de vivre d’Haarlem, où je me rendrai en train, à peine une demi-heure depuis Centraal Station.

J’aime prendre le train, j’aime voyager en train, arriver dans une gare, y prendre mes repères, découvrir une ville à partir de sa gare. Je serai de nouveau comblée en prenant le train pour Bruges, depuis Bruxelles, en marchant dans la gare jusqu’à la sortie, avec les mêmes émotions qu’en arrivant à Venise, l’été dernier.

Bruges, 28 décembre 2015, dix degrés au-dessus de zéro, soleil doré, vaporeux, rasant tout au long du jour, c’est sublime, forcément ! Minnewater, le Béguinage, les quatre moulins à vent, le Café Vlissinghe, la Place Jan van Eyck, le Beffroi, le Markt, ses calèches, ses baraques à frites, l’Église Notre-Dame, l’Hôpital Saint-Jean, le Quai du Rosaire, cet air de printemps…

Bruxelles, 29 décembre 2015, direction Place du Jeu-de-Balle, où je compte m’offrir un petit-déjeuner dans l’un ou l’autre de ses cafés typiques. Ce sera Chez Aline, au franc parler bruxellois, mélangeant le français et le flamand, avec tartines beurrées et fromage, deux cafés noirs. La célèbre Place du Jeu-de-Balle, quartier des puces et des antiquaires, à ciel ouvert, les objets posés par terre : Tintin y  achète une maquette de bateau, dans « Le Secret de la Licorne », tandis que les Dupont-Dupond tentent d’y arrêter des pickpockets.

Je me dirige vers le Palais de Justice, qu’on ne peut pas louper, vu sa taille très imposante et sa situation en hauteur. Je m’octroierai une visite libre, et gratuite, après le passage d’un portique sécurisé comme dans les aéroports. J’évoluerai dans les longs couloirs et les grands escaliers, je parcourrai des salles immenses, entreverrai les tribunaux, dans des senteurs de bois ciré et de vieilles pierres.

Je descends vers le Palais Royal, la Place des Musées, je prends des photos, je fais du tourisme. Prise par mon élan, je traverse le Parc de Bruxelles jusqu’à la Rue des Lois, je décide de la remonter jusqu’au Parc du Cinquantenaire et sa célèbre porte. Une bonne trotte ! 

Je traverserai le quartier européen, je verrai qu’à côté du Pavillon Horta se trouve la Grande Mosquée, je prendrai cette même Rue des Lois en sens inverse, jusqu’au café 1900 À la Mort Subite, où je m’offrirai une Kriek à la pression accompagnée de dés de fromage jeune… Une pause appréciée et bien méritée !

Il faut tout de même que j’aille sur la Grand-Place, que je me balade dans le centre historique ! Je passe par les Galeries Saint-Hubert, et là… J’en prends plein la vue, une fois de plus ! Tous ces joyaux architecturaux réunis ici-même ! Les festivités se préparent, pour le 31. Bien avant la Place de la Bourse, le Boulevard Anspach est fermé à tous véhicules à moteur, réservé aux piétons, aux cyclistes, aux animations de rue, jusque bien après la Place de Brouckère.

Le lendemain, j’irai à Jette, par le tram 51, pour visiter la maison où René Magritte a vécu, avec sa femme Georgette, de 1930 à 1954, rue Esseghem, 135. C’est très impressionnant de voir leur salon, leur chambre, la « salle à manger-atelier », la petite cuisine, la salle de bains, le Studio Dongo au fond du jardin, pour les « travaux imbéciles » (projets de publicités) et les réunions entre surréalistes…

Maintenant je vais vous raconter une histoire belge. La chambre où je loge, à l’hôtel, est très bien, rien à dire, le personnel d’accueil est courtois, sympathique. Là où ça pèche, c’est pour les chaînes reçues par satellite. Je n’ai pas la télé chez moi, mais quand je voyage, j’aime la regarder dans ma chambre d’hôtel, zappant d’un programme local à l’autre, prenant connaissance des informations, vite fait, sur BFM ou autre. Je n’ai ni smartphone, ni PC, ni tablette. Quand je pars, j’en profite pour me déconnecter d’Internet.

Eh bien là, des chaînes en allemand, en italien, quelques-unes en français, aucune en néerlandais, ni aucun programme belge. Ça alors ! Je manipule la télécommande pour trouver une solution, mais sans succès. Je regarde des redifs sur LCP, la chaîne parlementaire. Le lendemain, je demande au monsieur, à l’accueil,  si c’est « normal » de ne pas avoir les chaînes belges. Il me répond qu’effectivement il y a un problème de raccordement, que le patron doit voir ça.

Je sentais bien qu’il se passait quelque chose à Bruxelles, j’entendais tout de même beaucoup les sirènes de police, je voyais des militaires un peu partout, des pompiers, des agents de sécurité… Mais bon, je restais détendue, pas vraiment inquiète.

Le 30 décembre après-midi, la fête continuait de s’installer, dans le centre-ville, quand j’y suis passée, avant d’aller récupérer mes bagages à l’hôtel puis de marcher vers la gare Bruxelles-Midi pour prendre mon Thalys. Je n’ai été contrôlée ni au départ, ni à l’arrivée, Gare du Nord.

C’est en rentrant chez moi et en écoutant la radio que j’ai appris que toutes les manifestations du 31 décembre à Bruxelles avaient été annulées à cause des menaces d’attentats terroristes planant sur la ville, du niveau d’alerte très élevé.

J’eus ainsi rapidement des nouvelles fraîches de la Belgique à mon retour en France.

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dimanche 10 janvier 2016

Fin d'année en Belgique


Belgique, 28 au 30 décembre 2015

(1) Bruges, 28 décembre 2015
(2) Bruxelles, 29 décembre 2015
(3) Bruxelles, 30 décembre 2015
(4) Jette (maison de René Magritte), 30 décembre 2015
(5) Bruxelles, 30 décembre 2015

Cliquer sur la première photo pour le diaporama.

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