mercredi 31 mars 2010

Images de neige

Vacances aux Rousses, Jura, février 2010






















Lien vers les photos de mes vacances aux Rousses de février 2009 :

mercredi 24 mars 2010

Le tremplin

La construction du tremplin de ski freestyle, Les Rousses, Jura, février 2010


21 février 2010

21 février 2010

21 février 2010

21 février 2010

22 février 2010

22 février 2010

23 février 2010

23 février 2010

24 février 2010

24 février 2010

24 février 2010

24 février 2010

25 février 2010

25 février 2010

25 février 2010

25 février 2010

25 février 2010

25 février 2010

Lien vers les photos de mes vacances aux Rousses de février 2009 :

samedi 13 mars 2010

Jardin d'hiver


Trilogie hivernale : 3/3

Il fait froid, ce matin ! Quand va-t-elle se décider à ouvrir ? Le jour ne tardera pas à se lever et ses volets restent désespérément fermés… Pourvu qu'il ne lui soit rien arrivé, rien de grave, en tout cas ! J'espère qu'elle est chez elle, bien au chaud. Comme j'ai envie d'avoir chaud, moi aussi !

Hier soir, elle sortait. D'abord, elle avait pris un bain, s'était séchée, coiffée, puis avait essayé différentes tenues avant d'en choisir une qui lui convenait. Elle avait finalement opté pour une petite robe chasuble vert sapin, un pull jaune vif à col roulé, des collants rayés jaune, noir et vert, des chaussures noires à grosses semelles, les couleurs étant parfaitement assorties.

J'ai tout vu, de mon poste d'observation préféré ! Ensuite, elle a vérifié que rien ne manquait dans son sac à main, elle a enfilé son long manteau gris, enroulé son écharpe (verte) autour du cou, posé délicatement son bonnet (jaune) sur son épaisse chevelure brune, s'est saisie de ses gants en cuir (noir), de ses clés de maison et de voiture… C'était l'heure du départ ! Où allait-elle, vêtue comme ça ? Je ne sais pas.

Moi aussi, je sortais. Mais je n'ai pas eu besoin de tous ces préparatifs, contrairement à elle, avant de mettre le nez dehors ! Toute la nuit, j'ai fait la noce, comme à mon habitude. Je n'ai pas eu le temps de m'ennuyer ! Je ne m'ennuie jamais, au cours de mes virées nocturnes ! Il y a toujours des surprises, des imprévus qui donnent du piment à l'affaire ! J'ai retrouvé des camarades, fait quelques nouvelles connaissances… La fête est finie et maintenant, je trouve le temps long. Tous les accès à la maison sont clos, rien à faire, impossible de voir quoique ce soit à l'intérieur.

Est-elle seulement rentrée ? Ce n'est pas sûr. Il lui arrive parfois de me faire patienter jusqu'au soir ! Je pourrais quitter ma cachette, sous les arbres, au fond du jardin, faire le tour de la maison, aller voir si sa voiture est garée à l'endroit habituel, côté rue… Je n'en ai pas le courage, pas pour le moment. Je vais attendre encore un peu, elle ne devrait plus tarder ! Quel jour sommes-nous, au fait ? Est-ce qu'elle travaille, aujourd'hui ?

Ah ! Qu'il me serait doux d'entendre le couinement du battant de la grande fenêtre, le grincement des volets sur leurs gonds, leur claquement discret sur le mur, le tintement métallique des attaches qui les fixent… Ce serait bon signe ! C'est que j'ai l'ouïe fine ! Elle serait là, tout irait bien pour moi.

Il fait froid, vraiment très froid. Il a gelé, cette nuit. Les arbres sont enduits d'une pellicule de glace, on dirait du verre ; les rares plantes qui subsistent dans le jardin sont figées comme des statues, toutes couvertes de givre. C'est beau ! Quant à la pelouse, elle est raide, hérissée, parsemée de cristaux blancs. Ça me procure des sensations étranges quand je marche dessus : ça crisse, ça craque, je m'enfonce… Les flaques d'eau sont devenues de vraies patinoires !

Le jour ne se lève pas vraiment ; le ciel reste sombre, compact, gris, presque marron. L'air est chargé d'humidité, il y plane quelque chose d'inaccoutumé, qui ne ressemble pas à de la pluie. Il y a du vent, soudain, de longues rafales particulièrement glaciales. Les branches s'agitent au-dessus de moi, dans les haies, aux alentours… Ça se met à tomber, ça crépite, ça grésille, ça fourmille ! Une myriade de petites étoiles dansent sous mes yeux avant de toucher le sol…

Oui, c'est cela : il neige ! Que c'est joli, ces flocons qui descendent du ciel, ça me donne envie de les attraper, tous, un par un. Ils grossissent, s'épaississent, se multiplient… Certains sont vraiment énormes ! Oh ! En voici un dans mon œil ! Petit coquin, va ! De là où je suis, avec tout ce qui tombe, je vois à peine la maison. Oui, mais je garde les oreilles en alerte, au cas où…

Pour le moment, je m'absorbe dans la contemplation de ce ballet léger, délicat, virevoltant. Une fois posées au sol, les paillettes sont rejointes par d'autres, puis par d'autres encore ; l'herbe disparaît, petit à petit, tout devient blanc autour de moi, plus lumineux. Partout ça brille, ça étincelle, ça scintille. La couche, déjà épaisse, recouvre le jardin, adoucit ses courbes, gomme son relief, lui donne une dimension magique. C'est tout à la fois poudreux, moelleux, élastique. Les plantes en pots sont enfouies sous la neige, on ne voit plus que des monticules, ici ou là… Quel spectacle magnifique ! J'en oublie d'avoir froid, je suis bien, à l'abri. Les arbres au-dessus de moi, des sapins bien touffus, me protègent.

La nuit précédente, j'ai eu un gros coup de fatigue. Pour une fois, je n'ai pas eu du tout envie de sortir, j'ai préféré dormir. Et quand je dors, moi, c'est du sérieux ! Il fallait que je récupère de mes dernières soirées, très mouvementées. J'avais fait fort ! Je suis dans les excès, c'est ma nature, je n'y peux rien. Mon sommeil a été long, profond, sans rêves, jusqu'au jour. Et là, j'ai eu faim, très faim. Mon ventre faisait des gargouillis, la tête me tournait, je ne tenais plus !

Elle, elle dormait encore, je la regardais. Elle s'agitait dans son sommeil, se tournait, se retournait, vers la droite, vers la gauche, bougeait ses jambes, ses bras, la tête… Elle n'avait pas l'air de vouloir se réveiller. Si elle se voyait, quand elle dort ! En plus elle ronfle, et elle parle ! Un vrai festival !

Hier matin, après avoir été d'une patience exemplaire, j'ai pris une grande décision. J'étais à bout, à force d'attendre ! M'approchant tout près d'elle, je l'ai appelée. Tout bas d'abord, plus fort ensuite. J'ai effleuré ses joues, son menton, ses lèvres, son nez, son front, ses cheveux, tout en continuant à l'appeler… "Réveille-toi, maintenant, il est l'heure, ça a assez duré !"

Elle a fini par émerger, a ouvert ses grands yeux verts tout étonnés, elle m'a souri, m'a dit bonjour et plein de petites choses gentilles… Elle a bâillé, s'est étirée, ses cheveux bruns tout ébouriffés. Elle a tiré les draps, s'est assise sur le bord du lit, a posé les pieds dans ses chaussons fourrés, a attrapé sa robe de chambre, s'en est vêtue, a noué énergiquement la ceinture… Ouf, elle était levée ! Elle s'est dirigée vers la cuisine, je l'ai suivie d'un pas décidé. J'étais aux anges !

Le matin, à son réveil, ses premières attentions sont toujours pour moi. J'en éprouve une certaine fierté, surtout quand l'Autre est là. L'Autre, je ne l'aime pas. C'est réciproque, je crois. Heureusement, il ne vit pas ici en permanence, il vient principalement le samedi et le dimanche. C'est bien suffisant.

Lorsqu'il vient chez elle, qu'il dort avec elle, évidemment, il y a concurrence ; je ne suis plus son centre d'intérêt principal, je dois me contenter de la deuxième place… Parfois, elle m'ignore totalement, elle ne s'occupe plus du tout de moi. Je disparais de son univers, je ne suis plus rien pour elle, seul l'Autre compte. Comme c'est vexant, désagréable !

Alors, quand ça m'énerve, quand ça m'horripile, quand ça m'exaspère, je trouve toujours quelque chose à faire pour attirer leur attention : une grosse bêtise, de préférence ! Quelle maladresse ! La cruche remplie d'eau a atterri sur le carrelage, elle s'est brisée, il faut tout ramasser, sans se couper, et éponger. C'est écœurant, je vomis sous leur nez, alors qu'ils sont en train de manger, en produisant moult bruits et râles, jusqu'à la bile. Je suis malade, à en crever, il faut vite me soigner ! Malédiction ! J'ai abîmé ce beau livre auquel elle tenait tant, c'est l'Autre qui lui avait offert, des pages sont déchirées, d'autres sont tachées… Comme c'est méchant, désespérant !

Je tire une grande satisfaction quand le ton monte entre eux, qu'ils se disputent à cause de moi. L'Autre m'accuse, devient grossier, me traite de tous les noms. Il lève la main sur moi mais ne va pas jusqu'à me battre, non, il s'arrête à temps. Elle prend ma défense, trouve des excuses à mon comportement pour le moins intolérable, elle dit que ça n'arrivera plus, qu'elle va tout faire pour que je m'améliore… Il crie, prétend que je suis irrécupérable, lui dit des mots méchants, alors elle gémit, se met à pleurer à chaudes larmes… D'un coup il se calme, lui parle plus doucement, il la prend dans ses bras, la console, elle l'embrasse, se colle à lui… Ils échangent des excuses, la tempête est finie.

Évidemment, après ces péripéties, elle me punit. Elle me gronde, elle me chasse, elle m'isole, elle me prive de mon repas… Je m'en vais, tête basse, et ne reviens, l'air hautain, triomphant, que lorsque l'Autre a vidé les lieux. Elle m'accueille, bras ouverts, sourire aux lèvres ; elle m'embrasse, me parle en chuchotant, encore pleine d'inquiétude et de remords. Elle tente de m'expliquer que ça n'est pas bien ce que je fais, elle me fait promettre de ne plus jamais recommencer. Elle dit qu'elle m'aime !

Je l'accompagne à la cuisine, où elle me sert une double ration. Elle me caresse sous le menton avant de me laisser tranquille pour manger. Elle me regarde, admirative. J'en redemande, elle me ressert, elle me flatte, me félicite pour mon bon appétit. Elle me taquine gentiment, elle plaisante, elle est contente. "C'est que tu avais faim, toi !"

En parlant de double ration… La faim me tenaille, mon ventre réclame sa pitance ! Je salive à l'idée d'un repas bien reconstituant, croquant, savoureux… Que se passe-t-il ? Pourquoi n'ouvre-t-elle pas ? Je ne vais quand même pas passer la journée là ! Surtout qu'il continue à neiger ! Vais-je devoir jeûner jusqu'à ce soir ? Le tapis blanc s'est encore épaissi, les flocons se sont accrochés partout, alourdissant les branches, les rameaux, les buissons. La nature croule sous la neige, il règne un calme étrange. Tout paraît assourdi, assoupi, endormi.

Le jardin est méconnaissable, il est devenu autre chose. Tout est transformé, tout est gigantesque, on est dans un autre monde… Un rêve, un conte de fées, un décor de dessin animé. Ce sera un terrain de jeux fantastique à explorer ! Mais je jouerai après, quand j'aurai mangé. Brrr ! Je grelotte, je frissonne, je n'arrive plus à me réchauffer. Mon abri n'en est plus vraiment un, il va falloir que j'en trouve un autre si je ne veux pas me changer en bonhomme de neige&nbsp! Où pourrais-je donc aller ?

Mais ce n'est pas sa voix que j'entends là, sa voix qui crie mon nom ? Oui, c'est elle qui m'appelle, du haut des marches, je n'y croyais plus ! Allez, je la laisse patienter quelques instants avant d'affronter toute cette neige, avant de me montrer, avant de la rejoindre !

Courage, j'y vais ! Le chemin semble long jusqu'à elle ! Je m'enfonce, je trébuche, je retrouve mon équilibre, j'avance à petits pas prudents. J'accélère, je cours presque maintenant, soulevant un nuage poudreux autour de moi. J'y suis enfin, je me jette dans ses bras…

Comme il est bon de sentir la chaleur de ses mains sur moi ! Son souffle parfumé, avec cette drôle de fumée qui lui sort de la bouche, ses gratouillis dans mon cou du bout de ses ongles, ses baisers généreux, ses mots plein de tendresse… C'est elle que j'aime, c'est ma maîtresse, il n'y a qu'elle qui compte pour moi… et pour mon estomac.

samedi 6 mars 2010